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Délibération 17791214(06)



Nature Délibération en séance plénière
Code de la délibération 17791214(06)
CODE de la session 17791125
Date 14/12/1779
Cote de la source C 7604
Folio 145-149
Espace occupé 3,6

Texte :

Monseigneur l'évêque de Montpellier a dit ensuite : Que les Etats furent informés l'année derniere des difficultés qui se présentoient dans la fondation commune à la derniere écluse du canal de Narbonne, près la riviere d'Aude, & à l'épanchoir qui devoit être construit à la tête du canal d'atterrissement de l'étang de Capestang, attendu que les dernieres sondes faites dans cet emplacement avoient appris que le terrein ferme étoit à plus de vingt pieds au-dessous du niveau des eaux de l’Aude.
Que vu cette grande profondeur, les Etats délibérerent, sur le rapport du sieur Garipuy, que l'emplacement de l'écluse & de l'épanchoir seroit dégravoyé au moyen d'un ponton appartenant à la Province.
Que dès que le vent fut favorable, on fit passer cette machine par mer de Sette à la Nouvelle, d'où elle remonta par la robine jusques dans la riviere d'Aude, au-dessus de l'écluse de Moussoulens : qu'il fallut ensuite lui faire traverser le terrein qui sépare la riviere d'Aude de l'épanchoir & de l'écluse, sur environ cent toises de longueur ; ce qui fut exécuté en la faisant glisser sur des plateaux, & en la conduisant avec des capestans & des moufles : Qu'on avoit achevé auparavant de creuser dans les fondations un espace d'une grandeur & d'une profondeur suffisante pour mettre ce ponton à flot, & pour lui permettre de manœuvrer.
Que ces dispositions ayant été achevées au mois de décembre, on fit travailler le ponton tout de suite au dégravoyement de l'espace que les fondements & les bâtardeaux d'enceinte devoient occuper : Que ce travail commençoit dès le point du jour, & étoit continué jusqu'à la nuit sans interruption, au moyen d'un nombre double d'ouvriers qui se relevoient de quatre en quatre heures ; & comme malgré cette précaution, un seul ponton n'auroit pas suffi pour achever toutes les fouilles dans le cours de l'année, on prit le parti dès le mois de mai de faire travailler jour & nuit sans aucune interruption.
Que les déblais provenant de ces recreusements étoient de deux espèces, les uns en terre, qu'on portoit tout de suite sur le franc-bord du côté du levant de la retenue du canal pour la rehausser, tandis que les déblais de gravier étoient déposés aussi près qu'il étoit possible pour être employés dans la suite au giron avec lequel les fondements devoient être faits.
Qu'on commença ces déblais par la partie supérieure de l'écluse, où ils ont été portés à vingt-trois pieds de profondeur au-dessous du niveau de l'Aude, & jusqu'à ce que l'on a été arrêté par un rocher très-dur qui occupe tout le sol de la fondation, & qui se releve même un peu, en se rapprochant de la riviere.
Que lorsqu'on eut déblayé la partie qui répond à l'écluse, on s'empressa de la couvrir d'une couche de giron, ou de beton, composé de chaux, de sable, de pozolane, de gravier & de cailloux : Que ce massif, qui occupoit l'emplacement de l'écluse & celui des bâtardeaux, fut élevé par assises réglées à environ six pieds de hauteur : Qu'on établit sur ses bords les bâtardeaux d'enceinte qui furent faits ; savoir, ceux des deux bouts en giron, comme plus propres à se lier avec les maçonneries qu'il faudroit dans la suite construire à leur place, & les deux latéraux en glaise & en mousse de mer, soutenue par des pilots & des pieux, dont une partie servoit à porter les échaffaudages : Qu'on prit les précautions nécessaires pour arcbouter ces bâtardeaux, & pour les rendre étanches, après quoi on épuisa tout l’espace qu'ils renfermoient, & on commença le 26 juillet de bâtir l'écluse à la main.
Que le ponton n'avoit jamais discontinué de travailler au dégravoyement de la partie inférieure à l'écluse, où l'épanchoir d'atterrissement & le bassin qui en fait partie devoient être construits : que quoique ces dégravoyements aient été poussés avec toute la vigueur possible, ils n'ont été achevés que le 24 septembre ; mais que par l'attention qu'on avoit eu de couler le giron dans la fondation à fur & à mesure que le rocher avoit été mis à découvert, le gironnage fut entierement achevé le 10 octobre : Qu'alors ses bords se relevoient au-dessus du niveau des plus hautes eaux, afin de servir de bâtardeau.
Que la saison étoit déjà avancée, & les pluies fréquentes suspendoient les travaux, soit en écartant les ouvriers, soit en retardant la prise du giron. Que celui qui formoit le bâtardeau n'ayant pas beaucoup d'épaisseur, le poids des eaux extérieures y fit diverses ouvertures, ce qui obligea de le redoubler par un courroi de glaise mêlée de mousse de mer. Que le bâtardeau construit de cette maniere n'eut pas besoin d'étançonnement, & que les eaux contenues dans l'espace qu'il renfermoit furent épuisées vers la fin d'octobre.
Que le massif de giron étant pour-lors à découvert, on s'apperçut que les pluies d'orage survenues depuis la mi-septembre y avoient entraîné beaucoup de limon, dont une partie s'étoit mêlée avec le giron : Qu'on enleva tout ce qui étoit défectueux ; on y substitua une bonne maçonnerie bâtie en gros libages ; & dès que le massif intérieur eut été dressé sur toute son étendue, on éleva les murs d'enceinte jusqu'au niveau des eaux de l'Aude, afin de n'avoir plus aucune filtration à craindre.
Que les fondements de l'écluse & de l'épanchoir ont ensemble huit cents toises de surface, sans compter deux toises d'empâtement sur tout le pourtour, qui donnent trois cents toises quarrées de plus ; que les ouvrages supérieurs ont toujours été continués depuis que la fondation est faite ; que maintenant l'éperon bas de l'écluse & le carrellement du bassin sont finis, les bajoyers sont élevés d'environ six pieds au-dessus du carrellement, les premieres assises de l'éperon de défense sont posées, les murs d'enceinte de l'épanchoir & du bassin qui en fait partie sont élevés jusqu'au niveau des eaux de l'Aude, la moitié du carrellement de ce bassin est faite, on a posé les seuils extérieurs de trois ouvertures les plus basses de l'épanchoir, & la maçonnerie a été élevée de chaque côté à deux pieds de hauteur ; que la saison des gelées obligera bientôt de suspendre les maçonneries, mais qu'on en profitera pour presser les approvisionnements des matériaux de toute espece, sans quoi il seroit impossible d'achever l'écluse & l'épanchoir dans le cours de l'année prochaine.
Qu'indépendamment de ces ouvrages de maçonnerie, on a encore travaillé à prolonger l'ouverture du canal au-delà de Salleles, d'après le bail qui en a été passé le 6 juin dernier, sur le devis du sieur Garipuy ; mais comme ce travail étoit subordonné au précédent, on ne s'en est occupé qu'autant qu'il ne retardoit pas celui de la maçonnerie, & le canal n'a été creusé que sur une longueur d'environ trois cents toises.
Qu'aucun des travaux dont on vient de rendre compte n'étant arrêté à des repaires fixes, il n'a pas été possible d'en faire encore le toisé définitif ; que le toisé provisionnel de ce qui a été fait cette année se porte à la somme de cent soixante-deux mille livres, laquelle a été payée aux entrepreneurs, & que les travaux à faire l'année prochaine sont évalués à celle de cent trente mille livres, ce qui a excédé cette année de quarante-deux mille livres la somme de cent vingt mille livres destinée annuellement auxdits travaux par la délibération du 28 décembre 1776, & excédera, si les Etats l'approuvent, de dix mille livres le même fonds de l'année prochaine.
Que MM. les Commissaires ont cru devoir faire observer à cet égard aux Etats que dans des ouvrages de la nature de ceux dont il s'agit, il n'est pas possible de s'arrêter au seul emploi des fonds qui leur ont été destinés ; & qu'il seroit même dangereux de le faire, parce qu'on est forcé d'en perfectionner sans délai certaines parties, dont le retardement seroit très-préjudiciable.
Que cette circonstance se présente précisément pour les travaux à continuer tout de suite, attendu que pour mettre hors de tout danger la maçonnerie de la derniere écluse du canal & celle de l'épanchoir d'atterrissement dont on vient de finir les fondements, il est essentiel d'achever toute la maçonnerie qui reste à faire dans le cours de l'année prochaine : Que cet ouvrage étant encore très-considérable, comme on peut en juger par la somme à laquelle il a été évalué, il ne peut être fini dans le terme ci-dessus qu'autant qu'il sera continué sans interruption ; & que les entrepreneurs actuels ayant porté la maçonnerie à la hauteur prescrite par leurs obligations, il convient de deux choses l'une, ou qu'on les engage à continuer sur le prix de leur bail actuel, ou bien d'ordonner qu'il sera fait avant la fin des Etats une nouvelle adjudication de tous les ouvrages de maçonnerie & de charpente qui restent à faire pour achever l'écluse & l'épanchoir du Gaillousty, sous la condition expresse, dans l'un & dans l'autre cas, qu'ils seront achevés avant le premier novembre 1780.
Sur quoi les Etats, en approuvant tout ce qui a été fait pendant le cours de l'année, suivant le rapport de Monseigneur l'évêque de Montpellier, aux travaux du canal de Narbonne, & ceux qui doivent être exécutés pour perfectionner pendant l'année prochaine l'écluse & l'épanchoir du Gaillousty & l'emploi qui doit y être fait de la somme de cent trente mille livres, ont donné pouvoir à MM. les Commissaires des travaux-publics de procéder à l'adjudication desdits ouvrages en la forme ordinaire & à la moins-dite, le plutôt qu'il sera possible après la séparation des Etats, pour qu'ils puissent être achevés avant la fin de lad. année.

Economie 17791214(06)
Cours d'eau et voies navigables
Approb. des travaux du canal de Narbonne & de l'écluse et épanchoir de Gaillousty ; travaux pour 1780 évalués à 130 000 l. (10 000 de plus que le fonds de 120 000 décidé le 28/12/1776) ; pouvoir donné aux commiss. des trav. pub. pour les nouvelles adjud. Action des Etats

Travaux publics et communications

Société 17791214(06)
Conditions de travail
Lors du creusement de l'écluse de Gaillousty, le travail commence dès le point du jour & continue jusqu'à la nuit sans interruption, au moyen d'un nombre double d'ouvriers qui se relèvent de 4 en 4 heures ; plus tard, ce sera jour & nuit sans interruption Action des Etats

Société, santé, assistance