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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16480228(02)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16480228(02)
CODE de la session 16480213
Date 28/02/1648
Cote de la source C 7099
Folio 19r-20r
Espace occupé 2,3

Locuteur

Titre Monsieur de Breteuil
Nom Le Tonnelier
Prénom Louis
Fonction Intendant


Texte :

A suitte de quoy Monsieur de Breteuil a dict :
Messieurs, vous avés assés cogneu par le discours que je fis lors de l'ouverture de ceste celebre assemblée que le Roy, se trouvant dans la necessité de continuer la guerre pour vous donner la paix, estoit forcé de revenir a vous comme a la plus belle et a la plus puissante de ses provinces et de laquelle en tant de differentes occa(si)ons Sa Ma(jes)té a receu des marques veritables d'amour et de fidelité, pour vous en demander la continua(ti)on en la secourant de vos deniers pour le soustien de la gloire de ceste Couronne et pour la maintenir dans les progrès et advantages qu'elle a acquis sur ses ennemis par la force de ses armes.
C'est pourquoy je ne m'arresteray pas davantage pour vous en dire les raisons ny pour vous le persuader, il vault mieux passer des parolles aux effectz et vous dire en peu de motz que le Roy, estant obligé d'entretenir tant d'armées par mer et par terre, dedans et dehors le royaume, il a aussy besoing de sommes immenses pour fournir a toutes ces deppences, et particulierement pour faire subsister les troupes dans la Cataloigne pendant l'hyver, ce qui ne pouvant se faire sans le secours de ceste province, vous estes obligés d'y contribuer, d'autant plus que Sa Ma(jes)té seroit constraincte de les faire sejourner chés vous comme les plus proches, ce quy porteroit grand prejudice a tout ce pays et beaucoup de desola(ti)on parmy les peuples, pour a quoy remedier il est necessaire que vous donniés un million de livres, qu'il vous demande payable au courant de ceste année.
L'advantage qu'aura le Roy de ce secours sera, ce me semble, beaucoup au dessoubz de celuy que recepvra ceste province par l'exemption des logemens fixes des gens de guerre, dont les desordres ont fourny sy souvant matiere a vos plaintes.
Ne jouyssés vous pas dès a presant de ce bonheur, puisqu'il est veritable qu'en pas un endroict de la province il n'y a pas eu ceste année aucun logement fixe de gens de guerre ?
C'est une grace que Sa Ma(jes)té vous a donnée par advance pour tesmoigner combien elle cherist ceste province et comme elle pense a son soulagement.
Aucune autre des provinces de ce royaume n'en est exempte et ceste prerogative que vous avés au dessus d'elles leur donne envye, et c'est ce quy vous doibt porter a vous surmonter vous mesmes et faire au della de vos propres forces, vos actions passées vous y convient et la necessité p(rese)nte de la guerre vous y force. Croyés vous, Messieurs, que, sans l'honneur et l'avantage que ceste province reçoit d'avoir le plus grand prince de la terre pour gouverneur, que l'on n'exigeast pas de vous une plus grande somme que celle qui vous est demandée ?
Vous debvés a la bonté de Son Altesse Royalle vostre soulagement et elle travaille sans cesse pour diminuer vos maux et pour vous rendre les plus heureux du royaume, ce prince vous regarde desormais comme ses enfants et a pour vous les bontés d'un pere, donnez luy donc ceste satisfaction que soubz l'honeur de sa conduitte le Roy reçoive le secours que nous vous demandons de sa part.
Pour vous en faciliter les moyens il a arresté et accordé, a la priere de Mess(ieu)rs les depputés de v(ost)re province, le libre transport de vos bledz, affin que ceste que ceste grace que l'on a desirée partout tellement vous puisse facillement fournir les sommes que vous luy accorderés.
Il ne me reste, Messieurs, sinon de vous dire que nous sommes chargés de la part du Roy de vous demander l'enregistrement dans ceste assemblée de l'edict du mois de janvier mil six cens quarante huict par lequel Sa M(ajes)té, cherchant les moyens les plus prompts et les moins a la foulle de son peuple pour retirer du secours dans la necessité des affaires de la guerre, veult affranchir et anoblir dans ceste province des terres et les descharger de toutes tailles et imposi(ti)ons tant ordinaires qu'extraordinaires jusques a la somme de cent cinquante mil livres par an, qui sera distraitte du million cinquante mil livres de taille ordinaire quy s'impose annuellement en ceste province pour Sa Ma(jes)té en vertu de l'edict faict a Beziers l'année 1632, et que par les commissaires quy seront par vous nommés il soit procedé a la vente et aliena(ti)on au plus offrant et dernier encherisseur de lad. somme de cent cinquante mil livres sur le pied et aux condi(ti)ons exprimées par led. edict.
Tellement, Messieurs, que vous voyez que Sa Ma(jes)té cherche tous les moyens possibles pour vostre soulagement et pour n'estre pas obligé d'exiger de vous de plus grandes sommes, il ayme mieux aliener son fondz, et j'espere bien, Messieurs, que vous nous accorderez l'une et l'autre de nos demandes, de quoy Leurs Majestés recepvront satisfaction, Son Altesse Royalle vous en scaura bon gré et la province jouyra du bonheur et du repos que je luy souhaitte.