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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16480406(01)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16480406(01)
CODE de la session 16480213
Date 06/04/1648
Cote de la source C 7099
Folio 48r-49v
Espace occupé 3

Locuteur

Titre Monsieur de Breteuil
Nom Le Tonnelier
Prénom Louis
Fonction Intendant


Texte :

Messieurs,
C'est avec douleur, je l'advoue, que je parois dans ceste assemblée pour la troisiesme fois, ne pouvant pas me dispenser de vous f(air)e cognoistre combien Leurs Majestés et Son Altesse Royalle ont esté surpris d'avoir aprins ce quy s'est passé a la delibera(ti)on quy a esté prise parmy vous de ne rien accorder de toutes les demandes que je vous ay portées de leur part.
Je veux croire, Messieurs, que la foiblesse de mon genie et le peu de vigueur de mes parolles a vous faire entendre leurs pretentions en ont plustost esté la cause qu'aucun autre manquement de v(ost)re part, puisque vous avés cy devant tesmoigné tant de fidelité et de constance au bien et au service du Roy que je me croirois coulpable de penser autrement.
Je n'estimois pas que, parlant devant tant de personnes zellées et aff(ection)ées a l'estat, il eust esté besoin de beaucoup de parolles et de persuasions po(ur) vous porter a v(ost)re debvoir, pensant bien que c'estoit assez de vous rep(rese)nter nuement et avec verité les glorieuses necessités de la France et les estroittes obliga(ti)ons que vous avés de la maintenir dans les grandz avantages qu'elle a remportés par dessus ses ennemis.
Vous les scavés assés, Messieurs, puisque vous en estes les tesmoingz fidelles et que vous avés tousjours eu plus de part a la gloire de la nation et aux triomphes du Roy par l'assistance de vos personnes et de vos biens qu'aucuns au(tr)es de ce royaume.
Mais aussy quels regretz ne vois je pas sur vos visages et combien conservés vous au dedans de douleurs que vous voudriés exprimer, considerans qu'encores que vous vous soyés oubliés envers v(ost)re prince qu'il revient toutesfois a vous pour vous faire cognoistre qu'en vous recognoissant par le don que vous luy faites, sa bonté et son amour pour ceste province n'en seront aucunement alterés.
Vous ne doubtés pas Messieurs, jusques a quel poinct se peult porter l'indigna(ti)on d'un grand prince et combien il est dangereux de ne la pas esviter, puisqu'ayant dans sa main toute la puissance il faict ou nos biens ou nos maux par la mesure de nos actions et suivant les regles de sa justice.
Avés vous jusques icy tellement senty les malheurs de la guerre que vous soyés exposés aux extremités et aux miseres auxquelles sont reduictz la pluspart des autres peuples de ce royaume, quy ne sont pas sy puissans que vous ? Ou sont les incurssions des ennemis dedans vos terres, combien de millions a il fallu employer pour acquerir et conserver les rempartz et les bornes d'entre l'Espagne et ceste province ?
N'estes vous pas en plain repos dans vos maisons, ne jouissez vous pas paisiblement de vos biens, vos privilleges ne subsistent ils pas en leur entier, ceste assemblée celebre remplie dans tous ses rangz de tant de personnes d'eminente qualité, de vertu et de merite ne vous donne elle pas des marques sensibles du bonheur quy vous reste ? Et cependant combien partout ailleurs voyons nous de villes desertes, de campagnes incultes, de familles perdues et ruynées par les levées extraordinaires et les imposi(ti)ons frequentes qu'elles sont obligées de supporter sans que Sa Majesté leur en demande la permission.
Jouissés paisiblement des prerogatives que vous avés au dessus des au(tr)es sujectz du royaume, soyés certains de la bonté de Leurs Majestés envers vous, et appuyés vous fortement sur l'honneur que vous avés d'estre gouvernés par le plus puissant et le plus genereux de tous les princes et quy vous cherist comme ses enfans, faictes refflexion sur les avantages que vous recepvrés par l'entremise et par les soins de Mons(ieu)r le comte d'Aubijoux envers Leurs Majestés et Son A. R.
Mais pour cella n'oubliés pas vostre debvoir, bien au contraire servés vous de ces puissants motifz pour vous porter a accorder tout ce que Sa Ma(jes)té vous demande, puisque ce sera tousjours bien moins que ce que vous pourriés et beaucoup au dessoubz des avantages que vous en recepriés.
Sa Majesté, Messieurs, pour vous obliger a luy donner plus promptem(en)t le secours de vos deniers dont elle a besoing pour continuer la guerre qu'elle soustient en tous les endroitz du monde a reduit le million de livres que nous vous avions demandé de sa part la premiere fois a la somme de six cens mil livres payable dans le courant de la p(rese)nte année, ceste somme est très modique eu esgard aux advantages que vous en recepvrés puisque l'on vous accorde dès maintenant ce que vous avés desiré touchant la revoca(ti)on des offices de conterolleurs des notaires quy ont causé beaucoup de domage au general et au part(iculi)er de ceste province, nous avons en main, Messieurs, l'arrest tel que vous le pouvés souhaiter et avec asseurance aussy que vous aurés la satisfaction toute entiere pour la revoca(ti)on du traitté des recepveurs des tailles de ceste province, laquelle revoca(ti)on est seullement sursise pour quelque temps.
Nous vous demandons encore la somme de cent cinquante mil livres contenue dans la lettre de Sa Majesté dont vous avés ouy la lecture, ceste somme, Messieurs, est pour la subsistence des gens de guerre, lesquelz a vostre descharge ont vescu dans les provinces voisines aus despens de Sa Ma(jes)té avec l'attente de v(ost)re secours, ceste prerogative, Messieurs, doibt vous obliger a vo(us) surmonter vous mesme et faire tous vos effortz pour accorder sans remise les deux sommes que l'on vous demande, sans quoy Sa Majesté seroit forcée de faire vivre les troupes dans ce pays, et c'est ce que vous debvez eviter en faisant tout vostre possible pour la secourir, vous asseurant que la province trouvera dans l'utilité publique une satisfaction particuliere en ce quy la regarde pour la conserva(ti)on de ses droictz et de ses privilleges, et sy en prenant ce chemin vous me faictes l'honneur de vous servir de moy pour expliquer vos intentions, j'esleveray volontiers mes mains avec les vostres pour obtenir ce que vous desirerés, a quoy j'estime qu'il n'y a point de moyen plus certain, et que c'est en un mot le meilleur conseil que je vous puisse donner de suivre fixement les ordres de Sa Majesté, s'y attacher fermement sans varier ny a droicte ny a gauche, comme ceste colonne quy accompaigna autresfois le peuple de Dieu pour estre, sellon la pensée de S(ain)t Clement alexandrin par laquelle nous finissons, une belle lumiere quy accompaigne seurement et agreablement ceux quy la suivent, mais quy se trouve en flame et devient feu bruslant a ceux quy s'escartent de l'obeissance.