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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16510731(03)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16510731(03)
CODE de la session 16510731
Date 31/07/1651
Cote de la source C 7106
Folio 069r-074r
Espace occupé 10

Locuteur

Titre np
Nom Sève, de
Prénom Alexandre
Fonction Conseiller d'Etat


Texte :

Ledit sieur de Seve a dit :
Messieurs,
Si nous entreprenons de parler aprez le grave discours que vous venez d'entendre, ce n'est que pour satisfaire a nostre devoir et non pour solliciter le vostre. C'est assez que la voix du souverain se soit expliquée et qu'elle ayt emprunté l'organe de celluy qui le repr(ese)nte dans cette province avec tant d'ornemant de naissance et de vertu. Commant pourroit il arriver que cette voix ne fut point efficace si le souverain est l'image de Dieu, de qui toutte la puissance reside en la parolle ? De quelle sorte de bons subjetz consantiroient ilz de resister a la voix d'un bon Roy ?
Qui est ce qui en rejeteroit le poidz, poidz qui ne peut jamais avoir de pezanteur, estant assiz dans un cœur affectionné, son vray lieu naturel, ny plus ny moins que les deux bas elemans ne font point santir la leur quand ilz ont rancontré leur lict et leur centre.
C'est pourquoy ce saint prophete, qui avoit plustost esté esclairé de la lumiere de la grace que de celle du jour, ne peut suporter qu'on oze appeler la parolle de Dieu un poidz et un fardeau, quoy qu'a mesme temps il la compare au feu le plus vif et le plus efficasse, mais le plus leger de tous les corps de la nature.
Et quand celle que nous avons a vous porter de la part du Roy auroit quelque chose de pezant et de rude, nous nous promettrions tousjours qu'elle recevroit de vostre affection inviolable a son service ce que l'amour de Dieu opere dans une ame qui se soumet a ses vollontez et a ses commandemans les plus difficiles, et c'est, au dire du docteur de la grace, d'en randre le poidz leger et tel qu'au lieu de fouler celluy qui le porte par sa pesanteur il luy serve comme des aisles pour le souslever et le soutenir.
Mais il n'y peut avoir rien de facheux ny de desagreable dans la charge qui nous est commise, puisqu'elle n'est ramplie que de l'amour de Leurs Majestez envers vous, de leur soin pour le repos de vostre province et de la recherche convenable pour les moyens de la paix.
Or, Messieurs, j'aurois besoin de vous pouvoir repr(ese)nter le visage de Leurs Majestés pour vous bien exprimer les sentimans de satisfaction et de tandresse avec lesquels elles nous ont commandé de vous assurer de leur bienveillance.
Il est vray que comme nostre jeune monarque, eslevé dans la pratique de touttes les vertus royalles sur le fondz d'une heureuse naissance et par les soins d'une belle educa(ti)on, a banni la dissimula(ti)on, cette fauce vertu des foibles ou des mauvais princes, qui ne croyent pas que leur courage ny leur authoritté puissent suffisamment affermir leur couronne.
Et que, comme d'un autre costé la pieté de nostre auguste regente, joincte a cette masle generosité qui se fait tant admirer dans touttes ses actions, n'est pas moins ennemye de ce lasche instrumant de foiblesse et d'artifice, il suffit de vous raporter leurs parolles pour vous descouvrir leur cœur, et c'est vous donner advantageusemant la gloire d'avoir merité leur bienveillance que de vous dire qu'avec cette grace et cette franchise qui ne les abandonne jamais elles ont voulu que nous vous en portassions les asseurances de leur part et que nous vous randissions tesmoignage de leur estime.
Et en verité, Messieurs, par quel moyens Leurs Majestez pourroient elles perdre la memoire et vous le merite de vostre fidelité, quand cette juste Royne n'a rien plus a cœur que de faire connoistre au Roy ses vrais serviteurs et qu'elle ne luy scait rien cacher de ce qui peut exciter un jour ses biensfaictz et sa reconnoissance vers ceux qui s'en sont randus dignes ?
Voz assistances qui, au retour de chaque année, se signalent par quelque nouvel effect de vostre devoir et de vostre zele, leur parlent trop souvant en vostre faveur.
Et ce beau calme dans lequel vous vous estes maintenus avec une fermeté inesbranlable, cepandant que le malheur du temps avoit excité de si estranges et si dangereux mouvemans dans les principalles villes de noz provinces, ramplit d'autant plus entieremant leur souvenir que leur bonté n'y veut point laisser de place pour le tumulte et pour la debauche des au(tr)es.
Nous vous avons veu accourir pour esteindre le feu de voz voisins, sans estre capables d'aucun trouble que de celluy que voz soings vous donnoient pour appaiser le leur, vous avez voulu leur faire part a v(ost)re tranquilité sans en prandre a leur agita(ti)on, vous n'avez pas estimé que vostre conduitte fit assez pour la dignité d'un si illustre corps si elle ne servoit de reigle dans les autres provinces, ny que vostre repos fut parfait s'il ne leur estoit commun.
Leurs Majestez sont bien persuadées que vous conserverez tousjours cheremant pour vous mesme ce que vous avez voulu si agreablemant respandre sur les autres, et que, si au milieu des flotz d'une mer agitée de touttes partz vous avez pu, comme le fleuve Alfée, vous empescher d'en contracter l'amertume, maintenant que cet orage a cessé sur voz voisins, vous continuerez avec mesme soin de veiller qu'il n'esclate sur voz testes et qu'il ne vienne troubler la douceur dont vostre province a heureusemant joui jusques a presant. Le Roy y desire interposer son authoritté, il y veut mettre la main, assisté de celle de S. A. R., il y a destiné noz entremises. Vous pouvez vous asseurer, Messieurs, que ce sera sans que voz immunitez y souffrent aucune atteinte, et que, n'aymant rien plus en ses subjectz que la liberté, il tiendra la balance entre les deux.
Mais, apprès tout le gré de Leurs Majestez et la satisfaction de voz consciances, dont nous ne pretandons pas de diminuer le prix, que vous reviendra il de vous estre garenti de l'embrazemant de ce feu qui brusloit voz voisins, et quelle utillité retirera l'Estat des peines et des veilles de nostre prevoyante Reyne pour l'esteindre, si la guerre estrangere y vient tousjours porter le flambeau, et si elle continue ses ravages ?
A quoy nous servira qu'on ayt apporté tout l'ordre possible au dedans, si nous demeurons exposez aux impressions malignes qui nous attaquent par le dehors ?
C'eust esté bien inutillemant pourvoir a l'homme dans son premier estat que le secourir seulemant contre l'intemperie des humeurs qui auroient menacé l'œconomie du dedans, si Dieu ne l'eut asseuré contre les causes externes qui l'auroient pu destruyre. C'est ce que sa bonté auroit faict voir, et tous les theologiens tumbent d'accord qu'il ne l'auroit pas seulemant assisté de sa conduitte particuliere, mais encore par les lumieres dont il l'auroit esclairé et les moyens qu'il luy auroit donné pour s'employer de soy mesmes et de ses propres forces a destourner ce qui luy auroit esté dommageable.
Or, si Dieu avoit joinct aux soins de sa providance le concours de la main de l'homme pour sa conserva(ti)on dans un estat auquel il s'estoit obligé de le garentir de la mort, devons nous attandre que Leurs Majestez puissent d'elles mesmes nous mettre a couvert des maux d'une fâcheuse guerre et nous ammener a la felicité d'une bonne paix, si de nostre part nous n'y aidons et n'y contribuons des moyens dont nous avons la dispensa(ti)on ?
Ce n'est pas que nous voulions mettre en doute que, si un contraire se doit guerir par un autre, cette aymable fille du Ciel ayant abandonné la terre pour noz desordres, elle n'y soit puissammant attirée par le brillant de l'innocence de Leurs Majestez, et que, si Dieu doit donner la paix a noz jours, il ne l'ayt reservée pour la conclusion d'une regence et pour l'entrée d'une majorité qui vont lier et continuer les dessains les plus purs et les intentions les plus droittes qu'un bon regne puisse avoir ; mais il ne changera pas l'ordre de la providance qui appelle en quelque façon les causes secondes en part du gouvernemant de la terre, soit pour relever sa bonté ou pour resveiller nostre nonchalance. Il faut donc que chacun y travaille et que touttes les parties de l'Estat fassent leurs derniers effortz.
Et il ne les appelle pas derniers effortz par une simple veue de leurs biens et par une injuste pansée de les espuizer, mais parce que, les mesnageant comme elles doivent, ces effortz n'auront pas besoin d'estre soutenus par d'au(tr)es, qu'asseuremant ils finiront noz peines et acheveront l'ouvrage de la paix.
Ouy, Messieurs, il ne se peut faire autremant, et pour en thumber d'accord avec moy, il suffit de considerer les bonnes dispo(siti)ons que Leurs Majestez y apportent et ce que la misere des ennemys y vient contribuer malgré eux.
Pour le premier, je craindrois de faire injure a une verité trop connue que d'en entreprandre la preuve, les avances que S.A. R. fit l'année derniere, soubz l'adveu et sellon le desir de nostre incomparable regente, lorsque par un procedé plain d'artifice l'Espagnol feignit de l'en vouloir solliciter d'un accomodemant, celles qu'on a renouvellées quand les Provinces Unies y ont p(resen)tées leurs entremises, les offres qu'on a faittes aux ennemys d'une suspansion d'armes, sans aucun subjet d'aprehender les leurs, bref, les injustes propo(siti)ons de ce dernier envoyé aux ouvertures si raisonnables qui luy estoient faittes, n'en disent que trop pour la sincerité des intentions de cette sage princesse et de ceux qui ont part au maniemant des affaires publiques.
Que si, d'une au(tr)e part, nous entrons dans l'Espagne ou dans la Flandre, nous y trouverons les peuples si miserables, les grandz si mal contans, les troupes si foibles, l'argent si rare, la licence des gens de guerre si extreme, qu'on ne pourra douter qu'une necessité ou un desordre general ne combatent fortemant l'orgueil et l'obstina(ti)on d'Espaigne pour la faire condescendre a un traitté.
Qui est ce donc qui l'en divertit, commant souffre elle plus long temps les ruynes d'une guerre qu'elle peut si aizemant apaiser, mais comment la veut elle encore continuer avec si peu de confiance en ses propres forces ?
Messieurs, ce n'est que par la mauvaise opinion qu'elle a des nostres et par le retour de cette vieilhe erreur de se pouvoir advantager de noz maux.
Or elle ne compte plus parmy noz maux ny entre ses biens nos divi(si)ons passées, elle scait trop bien que la justice et la grace que le Roy a faitte a son peuple n'a pas seulemant gueri la maladie, mais encore parfaitemant pourveu aux recheuttes.
Aussi peu se flate elle de l'esperance de voir quelque desunion dans la maison royalle, il faudroit qu'elle fut bien mal instruitte de l'intention de noz princes pour bastir sur un si foible fondemant et qu'elle fut bien aveugle pour ne pas lire en tant d'endroitz de ses Estatz, d'un caractere marqué du sang de ses meilleurs hommes, si noz premieres testes peuvent concevoir des pansées ny former d'entreprises qui ne luy soient aussi funestes qu'utilles a la France.
Ce grand prince, digne filz du plus grand de noz Roys, n'ayant autre ambition que pour la gloire de nostre monarque, a laquelle il a tant contribué et ou il a rancontré si advantageusemant la sienne, et n'estant touché d'au(tr)e interest que de celluy de l'Estat, pour lequel seulemant il a fait voir que sa bonté n'estoit pas capable de se laisser vaincre, il a trop asseuré son cœur contre les seules charmes qui peuvent surprandre une ame dans une grande puissance.
Et pour noz princes du sang, outre le respect qu'ilz ont pour une example si illustre, leur propre vertu, aussy bien que la grandeur de leur courage, les affermissent trop dans leur devoir.
Que si nous avons veu de nouveau quelques petitz nuages, n'en paroit il pas souvant dans le ciel le plus serain, mais ils ne sont poinct de la nature de ceux qui forment les tampestes, et desja S. A. R. les a dissipez, la reyne s'en estant remise avec sa candeur et sa bonté ordinaire a sa conduitte tousjours heureuse a l'Estat.
Tellemant, Messieurs, que noz affaires estant en cette assiette et celle de noz ennemis dans un tel desordre, que reste il a leur opiniatreté que la persuasion que noz provinces espuisées, ne fournissant plus au soubstien de noz armées, leur fairont jour pour achever ce que noz divisions passées et plus encore la necessité de noz finances ont tant avancé les années dernieres.
Ainsi, qu'on les gausse de cette vaine imagina(ti)on, et l'ouvrage de la paix ne pourra plus recevoir de difficulté ny de retardemant.
Que le Roy dessile leurs yeux par l'esclat de ses forces et par la monstre d'un fondz convenable pour les soutenir, et ilz renonceront sans doute a la guerre, parce qu'ils perdront l'esperance d'y trouver leur compte et prandront d'au(tr)es brisées quand celles qu'ils tiennent les conduyront au precipice, et ilz apprehenderont de courir une mer plaine d'orages quand le vaisseau ou ils cherchent du butin sera mieux armé et mieux equipé que le leur.
C'est, Messieurs, pour ce bon devoir que le Roy destine tout ce qu'il pourra tirer, a l'entrée de sa majorité, non seulement de ses revenus (car quelz revenus), mais aussi de l'affection de ses peuples, qui fait son principal revenu, comme c'est sa plus grande force.
Qui est ce dans la France, mais dans l'Europe, qui ne se sentira heureux d'entrer en paix avec luy, d'un ouvrage si universellemant desiré, et qui, ayant donné liberalemant pour entretenir la guerre, ne s'employeroit avec plaisir pour acquerir la paix ?
Nous avons retenu de dire en ce lieu ce que les autres provinces y contribuent, quoyque ce seroit randre une espece de reconnoissance a leur zele. Mais pourquoi mesler d'autres provinces dans celle cy, qui ne peut avoir de meilleurs examples que dans ses actions, ny de plus fidelles conseillers que son courage, son affection et ses forces ?
Cette grande province, conduitte par ce qu'il y a de plus sage et de meilleur dans les trois ordres qui la composent, doit faire l'example aux autres et non pas le recevoir, elle le fit autresfois dans des temps difficiles avec une louange immortelle, elle rompit la rezistance des autres provinces par sa facilité, elle ouvrist leurs cœurs et leurs bources par sa liberalité, l'ardeur qu'elle conceut pour le service de son prince les eschaufa, et ce beau feu les esclaira pour relever sa couronne qui estoit sur son penchant.
Et si le Languedoc tire dans les siecles passés la principale gloire de sa fidelité, d'une si genereuse action, pourquoy ne luy randrions nous pas en celuy cy l'honneur qu'il merite d'avoir si souvant suyvi un semblable conseil dans les necessitez publiques, et pourquoy ne vous donnerions nous pas la part qui vous est deue a cet honneur, non seulemant a l'esgard du Roy que vous avez secouru, mais a l'endroit des peuples qui ont le merite et l'avantage de ce secours ?
Ce n'est pas dans l'espargne de quelque octroy que ceux qui en portent la charge doivent mesurer vostre conduitte, ce n'est pas pour ce leger mesnage qu'ils doivent estimer voz soings, leurs libertez et leurs privileges doivent bien avoir un plus noble usage, et vous trouverez bon que nous vous disions que vous ne leur randriez pas un bon comte de ce riche depost qui vous est confié si avec le mesnage de leurs biens vous ne l'aviez fait aymer a vostre Roy, si vous ne l'aviez interessé a vostre garde comme il l'est et avec l'affection que vous pouviez souhaiter, et si vous ne l'aviez employé avec autant de liberalité pour l'interest g(ener)al de l'estat que de soings pour leur particulier.
C'est dans l'alliage de ces deux interestz qu'ils vous sont veritablement obligez, et on ne les peut jamais separer sans diminu(ti)on de cette province, puisqu'estant un membre du corps de l'estat, elle ne peut avoir d'autre vie ny d'autre subsistance que celle de l'estat.
Verité qui n'est pas moins asseurée dans les corps politiques que dans les naturelz, et si l'interest particulier la voyle aux moins esclairez, l'effect l'a descouverte autant de fois qu'il est arrivé de revolu(ti)ons dans les monarchies.
Et cela me fait reflechir sur la doctrine de quelques philosophes qui faisoint une secte principale dans l'Antiquité.
Ils consideroient en l'homme trois partyes, le corps, l'ame et l'entendemant, et, regardant l'ame comme le milieu entre les deux, ils vouloient qu'elle assista aux fonctions de l'une et de l'au(tr)e, formant avec le corps le trouble des passions et avec l'ame la lumiere de la raison.
Il me samble que je remarque ces trois parties aux delibera(ti)ons des provinces d'estatz quand il s'agit de secourir le Roy : les peuples en sont le corps comme ilz en sont le fondemant et le subjet ; leurs privileges en rep(rese)ntent l'ame, qui leur donne et qui veritablement leur ont conservé la vie et le mouvemant ; et la raison de la monarchie, pour parler avec les platoniciens, c'est a dire l'interest publicque, qu'est ce au(t)re chose que la partye superieure, cest entendemant qui s'esleve sur eux, qui les esclaire et qui les doit conduyre ?
Or, comme l'ame s'alliant au corps ne peut produyre de mouvemans bien reiglés et qu'unie a l'entendemant elle fait les belles productions du raisonnemant, aussi leurs privileges mesnagés simplemant dans ce qui peut estre de la descharge particuliere des peuples et sellon leur desir, ilz ne peuvent promouvoir des conseilz qui ne se ressamblent (sic) du trouble de la partye inferieure.
Mais si on les considere dans la dependance qu'ilz ont a la monarchie, dans cette societé d'interestz qui les estrainct avec elle pour le service du Roy, alors les resolu(ti)ons qu'on prandra ne scauroient prandre d'au(tr)e conduitte que celle de la vraye raison, elles ne seront point capables de surprize et elles se termineront a ne chercher l'interest particulier des provinces que dans le general de l'estat, duquel elles font partye et dont la ruyne attireroit infaliblemant la leur, quelque retranchemant qu'on sceut mettre entre eux.
Donques, que les peuples aprenent a ne pas moins estimer voz delibera(ti)ons quand elles se determinent en quelque octroy que lorsqu'elles les en soulagent , qu'ils regardent dans l'un et dans l'autre un mesme esprit agissant esgalemant pour leur avantage.
Et puisque leurs fortunes sont engagées dans le mesme vaiseseau qui porte celles de la France, qu'ilz estiment les dons et les octroys qu'on accorde au Roy pour le soustien de l'estat comme les matz et cordages et les au(t)res agrez, qui chargent a la verité le vaisseau, mais qui n'en sont pas moins desirables puisqu'ils sont necess(ai)res a sa naviga(ti)on et que sans eux il deviendroit une masse inutile et sans conduitte, expozée a abandonner a la premiere tampeste.
Pour vous, Messieurs, qui voyez que celle d'une longue et fascheuse guerre nous agite encore, qui connoissez que le peril est tousjours esgalemant p(rese)nt, quoyque nostre bien soit plus proche, que desja la terre ferme se descouvre a noz yeux, le Roy se promet que vous seconderez les premiers effortz de sa majorité naissante pour l'ayder a surgir heureuzemant au port d'une paix juste, honnorable et de durée.
Et comme vostre cœur vous sugerera mieux que nostre discours ce qui peut estre de son service, il ne me reste, Messieurs, qu'a vous p(rese)nter en ce lieu les vœux inviolables du nostre, lesquelz nous vous dedions avec toutte la reverance, le respect et l'estime que merite une si illustre compagnie.