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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16510901(02)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16510901(02)
CODE de la session 16510731
Date 01/09/1651
Cote de la source C 7106
Folio 099v-101r
Espace occupé 3,3

Locuteur

Titre Monsieur de Sève
Nom np
Prénom Alexandre
Fonction np


Texte :

A suitte de quoy Monsieur de Seve a dit :
Messieurs,
Nous souhaiterions de n'avoir a prandre place dans cette illustre compagnie que pour vous faire ressentir les effetz des graces et de la protection du Roy, et que noz soins et noz entremizes ne fussent employées que pour les respandre abondammant sur vostre province. Leurs Majestez, dont les sentimans sont incomparablemant plus esclairés et les affections sans reserve pour vostre avantage le desirent encore avec plus de passion : mais comme la necessité de leurs affaires les force a vous demander quelque secours extraordinaire, celle de nostre office et des ordres que nous avons nous oblige aussy de vous en faire sans remise instance de leur part.
C'est un langage que vous entendés touttes les années, et c'est un langage qui est tousjours appuyé d'un mesme fondemant, l'incommodité des finances du Roy et l'obliga(ti)on et l'interest de toutte la France a le secourir pour soustenir la guerre et par la guerre arriver a une bonne paix.
Nous n'avons poinct encore d'autres raisons a vous alleguer, et, comme disoit Socrate, nous ne pouvons sur un mesme sujet employer que des mesmes parolles.
Il est veritable qu'elles paroissent maintenant soubs des couleurs bien plus vives, ou pour mieux dire plus mortes et plus tristes, puisque nous avons ce malheureux avantage sur ceux qui nous ont precedé dans cest employ que la necessité qui promouvoit leurs demandes est extrememant accrue, et que, si elle avoit besoin d'emprunter leur voix pour se faire entandre, elle s'explique a p(rese)nt mais fortemant d'elle mesme et ne recherche plus d'interprete.
Car qui est ce d'entre vous, Messieurs, qui n'est plainemant persuadé que les finances de Sa Majesté ne scauroient jamais estre plus a l'estroit que nous les voyons, qui ne scait combien, pour comble de mal, les derniers mouvemans ont affligé des principalles de noz provinces, la Guyenne, la Bourgougne et le Berry, que le passage que ces troubles ont ouvert aux ennemys dans la France en ont entieremant desolé d'autres, la Champagne et la Picardie, et que cette double disgrace a fait plus de trois millions de non valeurs dans les tailles et plus de quinze cens mil livres de non jouissance dans les fermes. C'est une verité sans deguisemant et c'est un dommage d'autant plus considerable qu'il a de suitte dans l'advenir. Voyla, Messieurs, pour la diminution des revenus du Roy.
Que si nous entrons dans ses despances, nous trouverons que le seul con(se)il qu'on a pris et qu'on a comancé d'executer et fidellemant l'yver dernier de payer entieremant cinq mois de monstre aux gens de guerre, affin que cette justice en prepare une rigoureuse contre ceux qui continueront leurs desordres, adjoustés plus de quatre millions aux autres depances ausquelles desja on ne pouvoit suffire.
Joignez y celle du sacre qui ne se peut differer et les au(tr)es ausquelles la majorité engage le Roy pour donner a l'entrée de son administra(ti)on une reputa(ti)on convenable, et vous reconnoistrez que si ses revenus sont notablemant diminuez, ses despances necess(aires) sont encore davantage augmantées.
Cependant, Messieurs, sa bonté ne peut souffrir de partager avec vous ce surcroit d'incommodité, au contraire, il n'a pas mesme desiré que la demande que nous avons a vous faire fut si forte que l'année derniere, pour ne point marchander et pour ne point mettre a la moins ditte, si on peut ainsi parler, vostre affection et son service.
De sorte qu'au lieu de quinze cens mil livres que la derniere et plus moderée portoit, il s'est voulu restraindre a la somme de douze cens mil livres pour l'année prochaine, mais il a esperé que vous n'y fairés point de diminution, puisque ce secours n'est pas plus grand que celuy de cette année.
Car encore que cette somme excede le don gratuit de cette année, il est vray qu'elle ne fait qu'esgaler l'assistance effective que Sa Majesté a tiré de vous, car, ayant d'un costé les six cens mil livres de ce don, elle a emporté de l'autre une pareille somme pour reste de ce qui fut octroyé aux estatz de Montpelier.
Et il ne faut point considerer cette derniere partie comme une dependance de l'année ou elle a esté resolue, car ce n'est pas la resolution, c'est l'execu(ti)on qui charge, et ainsy, estant impozée cette année, c'est sans doute aussi bien que le don gratuit une charge de cette année.
Et sans m'arrester a cette raison, n'est ce pas assez que les estatz derniers, se voyant obligez d'imposer les six cens mil livres de Montpelier, et demeurans libres sur le don gratuit, ils n'ont pas cru satisfaire a ce qu'ils doivent au Roy et a la necessité de l'Estat s'ils n'accordoient au(tr)es six cens mil livres par dessus cette partie, pour parfournir actuellemant a Sa Majesté la mesme somme que nous vous demandons.
Enfin, puisque ce qui estoit deu a Montpelier est fini cette année, ce qu'on desire de vous, Messieurs, n'adjoustera rien aux charges des années precedantes, et la province sera assés redevable a vostre conduitte et les peuples contans de l'avoir mesnagée, de sorte que, le mal augmantant par toutte le France, elle seule n'en ressent point l'augmenta(ti)on, et qu'elle demeure au mesme estat, cepandant que le royaume dont elle fait une partie principalle tumbe tous les jours dans un pire.
Mais, Messieurs, ne seroit ce point vous faire tort que d'apuyer plus fortemant sur vostre conte (sic) et sur voz interestz, vous qui avez fait tousjours marcher ceux du service du Roy avant tous autres et de qui la prudance ne voudra pas manquer a signaler vostre zele dans une occasion si considerable et qui sera tousjours p(rese)nte au souvenir de Sa Majesté, et qu'ainsy vous avez tant d'interest de bien menager celle en laquelle il va prandre en main le timon de l'Estat, ou sa majorité luy en va remettre les soins, et ou il est reduit, mais le diray je, ouy le diray je, il est reduict a entrer dans le maniemant de ses affaires avec une necessité generale de tout ce qui les peut maintenir, si nous en exceptons son courage, son bon conseil et l'amour de ses peuples.
Or si les deux premieres ne le peuvent jamais abandonner, il ne se tient pas moins assuré du troisiesme, et il ne le peut estre d'aucune de ses provinces avec plus de raison que du Languedoc, qui luy a donné jusques icy tant de preuves de son devoir, mais qui en a receu aussy de plus particulieres qu'aucunes au(tr)es de sa bienveillance.
Nous ne repasserons point en ce lieu l'eedit de Beziers, c'est un bienfait trop de fois rebattu, quoy qu'on ne puisse trop dire que par la revoca(ti)on de cet eedit il vous a randu voz libertez, avec tous leur ornemant et touttes leurs graces.
Mais repassés ce qu'il a fait en ces dernieres conjonctures pour les maintenir en leur entier, il ne vous a rien reffuzé de tout ce que vous avez desiré de sa protection et poursuivy de sa justice, il a soutenu voz delibera(ti)ons, il a cassé les arrestz qui y donnoient atteinte, il a prononcé avantageusemant sur tous voz droitz, il a donné evocation generale a tous ceux qui avoient eu entrée dans les derniers estatz, et si vous souhaitez un pareil secours il vous sera accordé.
Bref, vous estes temoins que les premiers interestz qu'il a recherché a l'ouverture de voz estatz ont esté ceux de vostre repoz et de la tranquilité publique, vous scavés ce que dès auparavant les bontés et les soins de S. A. R. y avoient apporté et qu'ils y ont continué par une main aussy sincere que genereuse et desinteressée.
On n'a rien obmis pour y reussir sans chercher que l'attante de ce bien fut une amorce pour fouiller plus avant dans la vostre, et quand on a tanté les voyes de la douceur, qui est ce qui y a esté plus interessé que vous mesme, j'entandz la province que vous repr(rese)ntés, si le remede n'a pas son effet, les bras d'un Roy majeur seront assés longs pour y en appliquer de plus convenables et assez puissans pour conserver voz libertez et appuyer voz personnes, c'est son dessain, son autoritté y est engagée, le passé vous asseure de l'avenir.
Randés seulemant, Messieurs, a ses bonnes inten(ti)ons ce qu'il doit attandre des vostres, et faictes nous l'honneur de croire que nous n'en avons point qui ne soient très pures et très passionnées pour vos interestz et pour vostre service.