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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16510911(01)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16510911(01)
CODE de la session 16510731
Date 11/09/1651
Cote de la source C 7106
Folio 110v-112r
Espace occupé 2,25

Locuteur

Titre Sieur
Nom Sève, de
Prénom Alexandre
Fonction np


Texte :

Ledit sieur de Seve a dit :
Messieurs,
Cependant que vous approchez du Roy par voz deputez pour luy porter des gages de voz respectz et des fruitz de vostre zele, Sa Majesté vient a vous et est contrainte de vous en demander encore par noz bouches de nouveaux effetz, dans l'occasion la plus pressante et la plus importante qui se puisse jamais offrir.
Vostre affection ne doit pas estre moins forte dans son lieu naturel ny moins pure dans sa source, tellemant que si vous recherchés de la faire valoir a la Cour avec tant de grace par le presant que vous y envoyez, vous ne permettrez pas qu'elle demeure sans action dans cette illustre assamblée ou le prince vous fait entendre son besoin, qui est le vostre et qui regarde la seuretté et la conservation de la province.
Vous scavez, Messieurs, que les ennemis pressent Barcelonne et qu'ils menassent le Rossillon, il est de la derniere importance d'y envoyer promptem(ant)un secours d'argent. C'est ce que le Roy ne peut faire de son fondz, non pas mesme de celuy que vous luy avez accordé, car il est accablé de tant de… [la suite de la phrase manque].
Ainsi, ne scachant ou chercher un secours plus prompt ny plus asseuré que du lieu ou l'interest est plus proche et l'affection pour son service mieux affermie, il nous a commandé par ses despeches que l'ordinaire nous vient d'apporter de vous demander, par dessus le don gratuit, un secours extraordinaire de deux cens mil livres pour les affaires de Catalogne et le ravitaillement des places du Rossillon.
Nous scavons, Messieurs, que vous avez tousjours apprehandé la consequance en de pareils secours, aussy le Roy a-t-il commandé de vous asseurer qu'il n'entand point en faire consequance, et vous n'avez point a le craindre, puisque sa bonté aussi bien que sa justice vous rands arbitres des assistances qu'il vous demande et qu'il n'a jamais entrepris d'apporter au(tr)e force a voz libertez que celle de la raison et de vostre devoir. Mais, apprès tout, la necessité ne s'arreste jamais aux consequances et, le mal estant pire que des soubçons, la guerison de l'un est preferable aux soins de l'au(tr)e, quand d'ailleurs vostre prudance ne scauroit pas pourvoir a la fois a tous les deux, comme elle scaura vous sugerer une infinité d'expedians.
Et en verité, Messieurs, quel danger peut exciter plus raisonnablem(ant) voz soings et vous faire puiser dans voz bources un second secours pour le Roy que celluy qui, negligé, ne se contanteroit plus de voz biens mais auroit besoin du plus pur sang de vostre noblesse et de voz peuples pour s'y opposer ?
Vous scavez mieux que moy que le Rossillon est vostre boulevard et le seul retranchemant qui vous asseure contre l'Espagne.
Il ne faut pas vous represanter l'estat ou seroit la province si, par la perte de la plus considerable et de la plus glorieuse conqueste du defunct Roy, le plus grand et le plus juste de noz Roys, le passage du Languedoc estoit ouvert aux ennemis.
Vous vous souvenez trop de voz peines et du danger que vous courutes quand Salses fut attaqué et quel orage se preparoit sur vostre province si vos bras, soutenus de celuy de la puissance de Dieu, n'eussent faitz les miracles que chacun a admiré.
Mais, Messieurs, la derniere fois que j'eus l'honneur de parler en ce lieu, vostre affection fut la raison decisive sur laquelle nous appuyames nostre demande ; puisqu'elle ne fut pas sans effet, pourquoy en emprunterions nous d'autres ?
C'est donc a vostre affection que nous laissons soutenir les interestz des affaires du Roy contre ceux de nostre espargne, et c'est a elle que nous remettons de vous dire ce que vous devez pour l'avantage d'un prince qui ne songe qu'au vostre, et ce qu'il merite de voz services, cependant qu'il travaille si serieusemant pour vostre repoz.
Je dis vostre, non seulemant par la part que vous avez a celuy de l'Estat, auquel il sacrifie le sien, mais par ce qu'il va apporter au particulier de cette province, car nous ne vous devons taire qu'il a receu la relation du succès de la charge qu'il nous avoit donnée pour appaiser les contantions qui divisent vostre province et que, le remede par ou sa bonté avoit voulu commancer n'ayant pas eu son effet, il nous fait l'honneur de nous escrire qu'il est resolu d'en apporter d'autres plus efficaces et plus convenables a la maladie et, pour trancher en un mot, plus digne d'un grand prince et digne de vostre zele et de vostre fidelité.
Continués donc a luy en donner des preuves, pourvoyez a son service, songez au vostre, et recevés les instances que nous vous faisons comme un effet de celuy que nous vous avons voué.