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Discours/Cérémonie


Discours d'un membre des Etats - E16621124(04)

Nature Discours d'un membre des Etats
Code du discours/geste E16621124(04)
CODE de la session 16621124
Date 24/11/1662
Cote de la source C 7137
Folio 5r-8r
Espace occupé 6

Locuteur

Titre Monseigneur
Nom np
Prénom np
Fonction Evêque de Castres nommé à l'archevêché de Toulouse


Texte :

Monseigneur l'evesque de Castres nommé par Sa Majesté a l'archevesché de Tholose, president aux estats, adressant ses parolles a Monseigneur le prince de Conty, a dict :
Monseigneur,
V. A. S. aura remarqué, entrant en ce lieu, une joye extraordinaire qui a paru peinte sur le visage de tous ceux qui composent cette assemblée, connoissans combien il nous est advantageux d'estre icy honnorés de la presence d'un prince de l'auguste sang de nos Roys, et qui, despuis qu'il a pleu a Sa Majesté luy commettre le gouvernement de cette province, a donné tous ses soings pour la soulager et pour desraciner les mauvaises habitudes qui corrompoient le bon naturel de ses peuples, et cella avec une aplication si continuelle que nous pouvons dire avec estonnement que le travail sert de recreation a V. A S. ; et ce qui pourroit lasser et affesser les plus forts esprits ne faict qu'au[g]manter la force et la vigueur de celuy de V. A. S.
Par voz soins, Monseigneur, vous avés appaisé les querelles, terminé les procès, et reuny les familles entieres que les inimitiés inveterées avoient divisé, enfin vous avés banny la desbauche qui estoit la source pestilente des maux qui desfiguroient cette province.
Après qu'il eut pleu a nostre Monarque de donner la paix generalle a tout son Royaume, il ne restoit plus qu'a chercher les moyens de faire que chacun put jouir de la paix domestique et particuliere, il falloit pour cela chasser les vices et rappeler les vertus qui leur sont contraires, c'est ce que V. A. S. a h[e]ureusement accomply,
Jam fides, et pax, et honor pudorque
Prisens, et neglecta redire virtus audet;
La tendresse paternelle du Roy pour ses peuples, luy aiant fait preferer la paix et leur repos aux grands advantages que la victoire qui luy tendoit les bras de tous costés luy offroit, nous asseure que son regne ne sera pas moins loué et renommé par sa douceur et par la fidelité des peuples que l'a esté celuy d'Auguste. Aussy nostre monarque a eu cela de comun avec ce grand empereur de Rome que lorsqu'il a pris en main les rennes du gouvernement de son royaume, il a trouvé comme luy beaucoup de matiere a faire esclatter sa clemence et a faire connoistre qu'il sçavoit vaincre, pardonner, oublier, et joindre a cette douceur quy luy est naturelle une generosité invincible, quy sont les deux qualités qui feurent admirées en Auguste par touttes les nations les plus esloignées.
Ainsy la puissance et la clemence de nostre Roy ayant calmé le dedans de la France, il porta ses armes victorieuses jusques dans le cœur des provinces de ses ennemis, qui se virent constrains de luy demander la paix, laquelle ne feut pas plustot conclue et accordée que, marchant sur les pas de ce grand modele des vaillans, sages et h[e]ureux princes, Octavian Auguste, il a pris sa mesme conduitte et donné dans son royaume les mesmes ordres que celuy-là avoit autresfois donné dans l'Italie, par le moyen desquels il establit la felicité des peuples soubz son regne, rendit ses forces redoutables a toute la terre, estendit les limittes de son empire, et s'acquit une reputation sy grande que tous les beaux esprits de son siecle, qui en feut très fertile, après s'estre espuisés a le louer, ont advoué qu'ils n'en pouvoient dire assés.
Janum Quiriny clausit, et ordinem
Rectum, et vaganti fraena licentiae
Injecit, amovitque culpas
Se peut-il en moins de parolles mieux exprimer les soins du Roy despuis la paix publiée;
Et veteres revocavit artes
Per quas latinum nomen et Itale
Crevere vires, famaque, et imperi
Porrecta majestas ad ortum
Solis, ab hesperio cubili
Custode rerum Caesare.
Je me reprens pour dire plus a propos, et avec d'autant plus de justice et de verité
Custode rerum Ludovico non furor
Civilis, aut vis eximet otium.
La tranquilité et le repos de la France sont inesbranlables soubz le regne d'un sy grand Roy, son nom seul suffit a mettre la terreur dans l'ame de tous ceux qui oseroient avoir la pensée de la troubler.
La permission que V. A. S. nous apporte de tenir l'assemblée des Estatz pour y desliberer des affaires de cette province, qu'est ce autre chose que nous ouvrir le chemin et le canal par lequel nous avons accoustumé de porter nos très humbles prieres au pied du throsne sacré de Sa Majesté quy, ne dedaignant pas de s'abbaisser quelquesfois pour ouir la voix tremblante et respectueusement soumise de ses sujets, nous permet tous les ans de luy representer l'estat de sa province de Languedoc et de luy en descouvrir les besoins.
Mais, Monseigneur, nos voix seroient foibles pour se faire entendre en un lieu sy eslevé sy nous n'avions V. A. S. pour intercesseur, qui par sa naissance a droit d'approcher de plus près la sacrée personne du Roy, et qui par sa qualité de gouverneur de cette province s'est engagée a nous de nous assister d'une protection speciale et particuliere, et c'est ce que nous attendons justement d'elle.
Nous nous resjouissons aussy, Monseigneur, de ce qu'ayant a tenir les estats de cette province par la permission du Roy, que nostre conduitte y sera esclairée de la presence de V. A. S., qui reconnoistra en tous ceux qui ont droit d'assister en cette compaignie une mesme volonté et un mesme zelle de plaire au Roy, avec un desir ardent de signaler leur fidelitté et leur affection a son service.
Et desja nous nous promettons que le tesmoignage que V. A. S. en rendra a Sa Majesté attirera sur cette province sa bienveuillance royalle quy la comblera de touttes les faveurs qui la suivent necessairement et infailliblement, c'est le but de nos souhaits, et ce sera la recompense de nostre très humble obeissance et de la fidelité solide et constante que nous promettons tous de garder inviolablement jusqu'au dernier souspir de nostre vie a nostre Roy et a nostre maistre.
Nous sçavons, Monseigneur, que le bon succès de ces estats dependra des bons offices qu'il plairra a V. A. S. de nous rendre et de la protection qu'il luy plairra de nous donner, ainsy nous luy demandons avec profond respect, en qualité de ses très humbles, très obeissants et très fideles serviteurs.