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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16791127(03)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16791127(03)
CODE de la session 16791127
Date 27/11/1679
Cote de la source C 7203
Folio 1v-2v
Espace occupé 1,8

Locuteur

Titre
Nom Aguesseau, d'
Prénom Henri
Fonction Intendant


Texte :

Après quoy monsieur d'Aguesseau, s'addressant aux Estatz, leur a dit a peu prez en ces termes :
Messieurs, il est assez difficile de se determiner sur la chose que nous devons vous dire a l'ouverture de ces Estatz, je sçais que portant la marque de l'authorité royalle nous sommes obligez de vous inspirer du zele pour le service de Sa Majesté et des sentiments de reconnoissance pour les graces qu'elle fait a cette province, mais que peut on adjouter a tant de motifs si puissantz qui vous y engagent et de quelles expressions peut on se servir qui ne soient au dessous des avantages que vous venez de recevoir par la paix. Il est vray qu'elle estoit commencée l'année derniere et que quelques uns des ennemis de l'estat s'estoient déjà soumis aux conditions que le Roy leur avoit imposé, nous connoissions que les desseins de Sa Majesté tendoient a procurer le repos a ses peuples, mais quelque confiance que nous eussions a cette volonté nous esprouvons maintenant la difference qu'il y a entre un bien que l'on espere et celui que l'on possede, l'esperance est accompagnée de desirs et on ne sent parfaitement son bonheur que lorsqu'on n'a plus rien à desirer, nous sommes en cet estat, Messieurs, et les desirs que nous avions l'année dernière sont remplis, les divers traittez qui composent le grand ouvrage de la paix sont autant de degrez par lesquelz nous sommes parvenus au comble de nostre bonheur, mais pourquoy n'ont ilz esté conclus que les uns après les autres si ce n'est pour faire esclater davantage la gloire de nostre grand prince, les armes de Sa Majesté avoient été accompagnéez de tant de prosperité qu'il sembloit, a voir la rapidité de ses conquestes, qu'il n'eut qu'un ennemi a combattre, on en a neantmoins connu le nombre par les differentz traittez qui ont reglé les interestz de tous les princes de l'Europe, une paix conclue de cette maniere ne se rompra pas facilement, la puissance du Roy jointe a la nouvelle alliance qu'il vient de contracter avec l'Espagne la rendra eternelle et affermira nostre repos pour jamais. Nous ne sommes pas seulement redevables a Sa Majesté de cette paix qui establit la tranquilité au dehors, Sa Majesté s'est appliquée depuis a calmer le dedans de son royaume et a faire cesser les procez, ces especes de guerres domestiques ausquelles l'avarice et l'envie donnent la naissance et qui, soustenues par l'artifice, ruinent les particuliers, les familles et les communautez, ces especes de guerre, dis je, vont estre desormais estoufféez, ceux qui sont appellez aux charges de magistratures et qui doivent entrer dans le sanctuaire de la justice seront obligez d'acquerir par une longue estude les connoissances qui sont necessaires pour un ministere si important, en sorte qu'on peut dire sur ce sujet ce qu'un poete latin rapporte de la Sibile :
Pace data terris animum ad civilia vertet
Jura suum.
Il y avoit encore quelques restes d'une autre guerre d'autant plus difficile a estouffer qu'elle avoit pris sa source des troubles que la difference de religion a excité autrefois dans le Royaume, Sa Majesté a effacé par un mouvement de sa piété ce qui restoit de ce malheureux temps en supprimant les chambres de l'Edit qui conservoient encore l'apparence de party, de division et d'animosité, et retranchant afin qu'il ne manquat rien a nostre bonheur cette diversité de tribunaux ou les enfantz d'une mesme province, d'une mesme ville, d'une mesme famille estoient obligez de recourir, et nous n'aurons qu'a ramener a l'avenir par nos prieres, par nostre bon exemple et par nos exhortations ceux que le malheur de leur naissance ou de leur mauvaise education ont engagé dans l'erreur, vous avez, Messieurs, plus de part que personne a ce grand avantage puisque vous en avez esté les solliciteurs, et je ne doute pas qu'après tant de graces dont vous estes redevables a la bonté du Roy, animez d'ailleurs par la presence d'un prince qui tempere par sa douceur l'authorité que Sa Majesté lui a mis entre les mains et soustenus par l'exemple de Monsieur le comte de Roure, par l'influence du chef de cette compagnie a la sage conduite duquel Sa Majesté en a confié la direction et par le zele de ce grand prelat qui remplit aujourd'huy sa place et qui a donné depuis peu au Roy des asseurances de vostre fidelité, vous ne demandiez incessamment à Dieu pour un si grand prince une vie longue, des arméez puissantes, des ministres fideles, un peuple soumis, une paix stable et une posterité sans nombre, puisque sa sage conduite, cette puissance qui le rend formidable a toute l'Europe, le soin qu'il prend de vostre fortune et son application a faire regner la justice surpassent tout ce que vous pouvez faire pour vous acquitter et establissent pour jamais vostre felicité.