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Délibération 17880108(08)



Nature Délibération en séance plénière
Code de la délibération 17880108(08)
CODE de la session 17871213
Date 08/01/1788
Cote de la source C 7643
Folio 329-339
Espace occupé 10,2

Texte :

Monseigneur l'évêque de Montpellier a ajouté : Que pour ce qui concerne la robine de Narbonne, l'inondation extrêmement forte du 15 janvier dernier, dont il a été déjà parlé, ayant surmonté l'écluse de Moussoulens d'environ quatre pieds, les eaux détruisirent plusieurs parties des caladats qui défendoient le pourtour du couronnement de cette écluse, & firent un creux considérable derrière un de ces bajoyers, que ces mêmes eaux rompirent en quatre endroits différents, formant ensemble quatre-vingt toises de longueur, la chaussée qui forme le franc-bord du côté gauche de la robine, entre l'écluse de Moussoulens & celle de Raonel, & causerent beaucoup d'autres dégradations, parmi lesquelles on comptoit plusieurs tocs considérables qui obstruoient entièrement la navigation. Qu'il fut pourvu le plutôt possible à l'enlèvement de ces tocs & aux réparations indispensables des écluses, en tenant la robine à sec depuis le onze février jusques & compris le 27 du même mois, & que le toisé des ouvrages faits dans cette circonstance se porte à la somme de quatre mille trois cents soixante-trois livres quatorze sols sept deniers qui a été payée à l'entrepreneur.
Que MM. les Commissaires des Travaux-Publics, assemblés le 27 mars, ayant voulu procéder au renouvellement du bail d'entretien de la robine pour une année, ainsi qu'ils y étoient autorisés par la dernière assemblée des Etats, il leur fut rendu compte des diverses dégradations que cette robine avoit éprouvé, & il leur fut exposé que les brèches faites au franc-bord du côté gauche, au-dessus de l'écluse de Raonel, ne pouvant que s'accroître si on ne les fermoit avant une nouvelle inondation, il étoit indispensable de s'occuper sans retard à faire cette réparation avec assez de solidité pour que les eaux des inondations ne pussent plus pénétrer dans la robine ; mais que le sieur Ducros observoit que la principale brèche, celle par où les eaux s'étoient jetées en plus grande quantité, étoit placée à un contour qui devoit être nécessairement abandonné lors du redressement général, dont la dernière assemblée des Etats l'avoit chargé de dresser les projets ; qu'ainsi en réparant le franc-bord actuel dans cette partie contournée, on feroit un travail assez considérable qui deviendroit inutile dans peu, & qu'en conséquence, il lui paroissoit préférable de former d'hors & déjà un nouveau franc-bord sur toute l'étendue du redressement, qui étoit d'environ cinq cents cinquante toises, en prenant les terres dans l'emplacement de la nouvelle partie de canal à creuser : que MM. les Commissaires, ayant reconnu par la carte de la partie de la robine comprise entre la rivière d'Aude & l'écluse de Raonel, que le redressement tracé sur cette carte par le sieur Ducros étoit indispensable, ils déterminèrent qu'il seroit travaillé de suite à son exécution, afin de former un nouveau franc-bord sur toute son étendue, & ce travail fut en conséquence compris dans le bail d'adjudication de l'entretien de la robine qui fut passé le même jour ; que c'est à quoi l'entrepreneur s'étant principalement occupé depuis cette époque, la nouvelle chaussée est, à peu de chose près, achevée sur environ cinq cents toises de longueur, & on travaille à former le surplus.
Que le sieur Ducros ayant fait procéder à l'estimation des terres prises pour l'emplacement de cette partie de canal & de ses francs-bords, il résulte du verbal du sieur Laforgue, expert, que les indemnités dues pour cet objet se portent à la somme de huit mille quatre cents quatre livres dix-sept sols six deniers.
Que les autres travaux faits par le même entrepreneur sont relatifs à l'entretien & à l'amélioration de la robine, & ont été exécutés la plupart pendant le temps de la chôme annuelle, qui a duré cette année depuis le 27 août jusques au 26 septembre ; que ces travaux consistent, 1°. A l'enlèvement des tocs & des éboulis. 2°. Aux réparations des maçonneries des écluses, de la charpente de leurs portes & des empellements de leurs tambours. 3°. A la réconstruction de la ligne de pilots qui enveloppe l'extrémité de la digue du côté droit de la robine à son embouchure dans l'étang de Bages, cette ligne de pilots servant à contenir les pierres jetées qui forment cette extrémité de digue. 4°. A avoir fondé & élevé au-dessus du niveau des eaux ordinaires un mur qui ferme un ancien abreuvoir dans la ville de Narbonne, au-dessous du pont des Marchands, les Etats ayant délibéré l'exécution de ce mur qui procure la continuation du quai & la suppression demandée par ladite ville d'un abreuvoir entièrement inutile & devenu infect par les ordures qu'on y jetoit. 5°. A la réconstruction d'un vieux pontceau sur un ravin qui se jette dans la rivière d'Aude au-dessus de l'écluse de Moussoulens, ce pontceau qui étoit fort étroit & en mauvais état, & dont la réconstruction n'est pas encore achevée, étant nécessaire pour le chemin du hallage établi sur le bord de cette partie de la rivière, laquelle sert à la communication de la robine avec le nouveau canal de Narbonne. 6° Enfin, à la construction d'une barque pontonnée destinée aux recreusements à faire avec des grapins partout où il se forme les dépôts nuisibles à la navigation, & notamment à l'embouchure du nouveau canal dans la rivière d'Aude.
Que le sieur Ducros a remis le toisé définitif de tous les ouvrages qui sont achevés, d'après lequel lesdits ouvrages se portent à la somme de neuf mille quatre cents trente-six livres deux sols sept deniers qui a été payée à l'entrepreneur.
Que l'inspecteur a dressé en outre le toisé provisionnel des ouvrages qui ne sont pas finis, lesquels consistent principalement aux déblais de la partie de la robine que l'on redresse, & se portent d'après ledit toisé à la somme de vingt mille deux cents trente-six livres, à compte de laquelle l'entrepreneur a reçu dix-neuf mille cent cinquante-huit livres trois sols neuf deniers.
Que les Etats ayant chargé le sieur Ducros de leur rapporter cette année les projets des ouvrages à faire pour perfectionner la navigation de la robine, ce Directeur a mis sous les yeux de la Commission la carte générale de cette robine & les cartes particulières à une plus grande échelle de diverses retenues.
Que par l'inspection de ces cartes, MM. les Commissaires ont vu que le lit de la robine n'offre presque d'un bout à l'autre qu'une suite de tournants qui en allongent beaucoup le cours, & dont un grand nombre sont si brusques que les barques doivent avoir beaucoup de peine à y tourner ; que non-seulement ce lit est extrêmement tortueux, mais qu'il a encore le défaut essentiel de n'avoir que cinq à six toises de largeur à fleur d'eau, en sorte qu'il y a très-peu d'endroits où deux barques puissent se croiser.
Qu'il résulte de ce premier apperçu que les travaux à faire pour perfectionner la navigation de la robine consistent principalement à en redresser le lit & à lui donner, tant dans les parties de ce lit qui seront conservées que dans celle où il sera changé, la largeur de neuf toises à fleur-d'eau, cette largeur, la même qu'ont en général les autres canaux de cette province, étant nécessaire pour que deux grosses barques puissent se croiser sans risquer de se heurter, ni de toucher contre les taluds des bords.
Qu'avant d'entrer dans le détail des projets, il paroît convenable d'observer que la robine étant alimentée par les eaux de l'Aude qui y établissent un courant continuel, il semble d'abord qu'en diminuant par des alignements l'espace à parcourir par les eaux, la vitesse du courant s'accroîtra en proportion du racourcissement de cette espace, & qu'alors il deviendra plus difficile de tirer les barques en remontant, mais que cette crainte doit cesser entièrement pour les parties où il y a des écluses, c'est-à-dire, depuis la rivière d'Aude jusques à la ville de Narbonne, puisqu'il est constaté par les nivellements faits cette année & par ceux que le feu sieur Garipuy avoit fait faire en 1778, qu'il n'y a que quelques pouces de pente d'une écluse à l'autre, en sorte que les eaux ne courent qu'en proportion de la quantité que les moulins de Narbonne en vuident presque sans interruption ; & qu'à l'égard de la partie comprise entre Narbonne & la mer, les nivellements ayant fait connoître que la pente y est d'environ six pieds & demi, il suffira de construire une écluse pour diminuer cette pente autant qu'il pourra convenir de le faire.
Que le sieur Ducros expose ensuite, que les fortes inondations de la rivière d'Aude, s'élevant de plusieurs pieds au-dessus du couronnement de l'écluse de la prise d'eau nommée de Moussoulens, les eaux se jetent alors dans la robine en si grande quantité, & avec tant d'impétuosité qu'elles rompent les francs-bords, font ébouler les taluds, ruinent les maçonneries, dégradent les portes d'écluse, & les rompent même quelquefois, & enfin forment des tocs considérables qui interceptent entièrement la navigation, en sorte qu'on est souvent obligé de réparer ces diverses dégradations en mettant la robine à sec dans les plus mauvaises saisons ; que tant qu'on n'obvieroit pas à un aussi grand inconvénient, on n'auroit jamais qu'une navigation précaire, & les divers ouvrages que la Province feroit pour l'améliorer resteroient exposés à être bouleversés à la première inondation ; que c'est donc à se rendre maître des eaux, pour n'en laisser entrer qu'autant qu'on en voudra, qu'il faut d'abord s'attacher ; que pour cela, il n'y a qu'à construire sur l'écluse de Moussoulens, derrière & tout près de la porte de défense, un pont en maçonnerie, dont la voie, les avenues seront au-dessus des plus fortes inondations, & au-devant duquel on adaptera un plancher solide de charpente pour remplir le triangle qui restera entre la face du pont & la base de la porte de défense.
Que c'est ainsi qu'en usent les Hollandois pour contenir les grandes marées au-dessous desquelles ils préfèrent tenir les couronnements d'un grand nombre de leurs écluses, que de faire supporter aux portes de ces écluses une plus forte charge d'eau, en les élevant beaucoup plus haut comme il le faudroit, pour que les marées ne les surmontassent pas ; que la porte de Moussoulens ayant déjà près de vingt-six pieds de hauteur, il seroit dangereux de lui en donner cinq de plus qui lui manquent pour être élevée au-dessus des plus grandes inondations, sans compter qu'il seroit difficile de trouver des bois assez longs, & qu'enfin, la dépense du pont, d'ailleurs utile pour la traversée de l'écluse, ne se porteroit, avec le plancher, qu'à environ deux mille cinq cents livres, & que tout cet ouvrage augmenteroit de beaucoup la solidité de la porte de l'écluse, puisque le plancher formeroit un éperon qui arcbouteroit cette porte par le haut, comme l'éperon du radier de l'écluse l'arcboute par le bas.
Qu'à la sortie de l'écluse de Moussoulens, & jusques au pont de ce nom, qui en est à trois cents dix toises de distance, la robine n'ayant qu'environ sept toises & demi de largeur au niveau de l'eau, il sera aisé d'en aligner & dresser les bords en lui donnant une largeur uniforme de neuf toises. Que le pont de Moussoulens gênant beaucoup le hallage des barques, &. étant d'ailleurs fort étroit, il conviendra de le reconstruire, mais que cette reconstruclion peut être différée ; qu'après ce pont, le lit de la robine étant fort sinueux, on travaille à lui en ouvrir un nouveau sur environ cinq cents quarante toises de longueur, jusques à la rencontre de la partie inférieure du lit actuel, qui étant sensiblement droite, sera régulièrement formée au moyen des élargissements nécessaires, pour qu'elle ait partout jusques à l'écluse de Raonel neuf toises de largeur au niveau de l'eau, & que tous les déblais à faire dans cette retenue seront employés à fortifier & à rehausser la chaussée du bord gauche, afin que les grandes eaux de la rivière d'Aude ne puissent ni les rompre, ni les surmonter.
Que les eaux de cette retenue versent dans celle qui est en-dessous, non-seulement par les empellements de l'écluse qu'on tient ordinairement ouverts, mais encore par un petit canal de dérivation qui tourne cette écluse, & qui est barré par une chaussée que les eaux surmontent ; que cette chaussée qui avoit été emportée en 1772, ayant été tenue trop bas lorsqu'on l'a reconstruite, il en a résulté que le courant des eaux a été augmenté dans la retenue de Raonel, & que lorsque ses eaux ne font qu'effleurer ladite chaussée, il ne reste qu'environ quatre pieds trois pouces sur l'éperon bas de l'écluse de Moussoulens ; qu'il est donc indispensable de rehausser cette chaussée tout comme il l'est de la conserver, ainsi que le canal de dérivation pour fournir des eaux à la retenue inférieure, pendant que les empellements des portes de l'écluse sont fermés pour faire passer les barques, en remplissant & vuidant le bassin, sans quoi cette retenue inférieure ne recevant point d'eau dans ces intervalles de temps, seroit bientôt affamée par les moulins, & les barques qui pourroient s'y trouver seroient exposées à se rompre en touchant sur le fond ; qu'enfin, ledit canal de dérivation interceptant le chemin du hallage au-dessus & au-dessous de l'écluse, il faudra construire un pont d'environ deux toises d'ouverture à chacun de ces deux endroits.
Qu'après l'écluse de Raonel & jusques à celle de Gua, la robine n'offrant plus qu'une suite presque continue de contours dont quelques-uns sont subits, le sieur Ducros estime qu'il est convenable de former cette retenue en cinq alignements rachetés par des courbes, de manière à englober dans ces diverses directions toutes les parties du lit actuel qui sont les moins sinueuses, & que, suivant ce projet, la longueur de la retenue du Gua, qui est à présent de trois mille cinq cents vingt toises, ne seroit plus que de deux mille deux cents soixante-quatre toises, ce qui donne un racourcissement de douze cents cinquante-six toises ; c'est-à-dire, du tiers de la longueur actuelle.
Qu'indépendamment de cette grande diminution de chemin à parcourir, il convient d'observer qu'étant indispensable d'élever sur le bord gauche de la robine une chaussée de quatre toises de largeur au couronnement, pour arrêter les eaux qui se répandent dans toute la plaine lors des inondations, il n'y aura qu'à engraver cette chaussée pour la faire servir au chemin de Narbonne à Saint-Chinian que le diocese de Narbonne a déjà achevé au-delà de la rivière d'Aude, mais dont il lui reste à réconstruire la partie comprise entre cette rivière & le chemin de la poste près de Narbonne.
Qu'après l'écluse du Gua, le canal étant extrêmement sinueux jusques à Narbonne, il paroît convenable de le former dans cet intervalle en deux alignements rachetés par une courbe ; que d'après ce projet, le premier alignement sera tracé dans le prolongement de l'écluse du Gua, sur environ cent soixante-deux toises de longueur dans les possessions à gauche du canal actuel, la courbe qui suivra sera aussi placée dans ces possessions, & elle ira se raccorder avec le lit actuel qui sera conservé sur environ cent quarante toises de longueur, en le dressant régulièrement jusques au pont de l'Escoute près des murs de Narbonne.
Que ce projet présente plusieurs avantages ; d'abord, en ce que la distance actuelle de l'écluse du Gua à celle de la ville, qui est de onze cents vingt toises, sera réduite à cinq cents soixante-deux toises, c'est-à-dire à la moitié ; qu'ensuite, les eaux du fuyant des moulins, qui actuellement ensablent sans cesse la sortie de l'écluse, ne seront plus reçues dans le canal de navigation qu'après avoir parcouru un long espace où elles feront leur dépôt ; & qu'enfin, la dépense de tous les déblais à faire pour son exécution ne se portera qu'à environ quinze mille livres, somme qui à raison de la longueur moindre de moitié n'est qu'à peu près la même qu'il en coûteroit pour élargir seulement le lit actuel.
Qu'à la suite de cette partie, la robine entre dans la ville de Narbonne, & la partage en deux parties à peu près égales en la traversant sur deux cents soixante toises de longueur.
Qu'une position aussi heureuse procureroit les plus grands avantages au commerce, si toute cette étendue ou du moins une grande partie étoit bordée des deux côtés par des quais spacieux, dont les abords fussent commodes & nombreux, mais que d'abord, un moulin qui barre une partie du canal, ensuite des maisons qui touchent presque aux murs de quai, enfin, un pont de treize toises de longueur, dont les banquettes de hallage basses & étroites ne servent qu'à gêner le passage des barques en le resserrant ; tout cela embarrasse au moins la moitié de la longueur de la traversée de la ville, & que le reste ne présente que peu d'endroit où les quais soient assez larges & où les abords en soient commodes. Que le plan détaillé que le sieur Ducros a fait lever de cette partie intéressante du canal n'étant achevé que depuis peu, ce Directeur n'a pu s'occuper encore d'aucun projet à cet égard ; que c'est pour cela qu'il propose seulement de former d'hors & déjà une rampe à la place de l'abreuvoir de Bourg qui a été fermé cette année par un mur de quai ; ce travail, qui est d'une très-petite dépense, devant donner beaucoup de facilité pour arriver au quai du côté de Bourg, & ne pouvant contrarier l'exécution d'aucun projet.
Qu'en sortant de la ville de Narbonne, les sinuosités de la robine étant la plupart allongées de manière à ne présenter aucun obstacle jusques à la métairie du Fleix, sur environ cinq cents trente toises de longueur, le sieur Ducros propose de suivre sensiblement la direction actuelle, en ayant soin d'adoucir davantage les coudes, au moyen de l'élargissement qui sera toujours fait aux dépens du bord convexe ; & comme immédiatement à la sortie de la ville il y a un petit pont dans un contour assez brusque, ce Directeur croit convenable de détruire ce contour en faisant un alignement d'environ quatre vingt-douze toises, qui seroit dans le prolongement de la partie inférieure du port de Narbonne, & où l'on donneroit au canal douze toises de largeur pour servir de port aux barques de mer qui ne pourroient abbaisser leur mat.
Qu'à la métairie du Fleix commence un contour de treize cents quarante toises, auquel il convient de substituer un alignement dont la longueur ne sera que de quatre cents quarante toises ; qu'ensuite, il suffira de redresser le lit actuel sur environ cent vingt toises pour aboutir à une seconde coupure de quatre cents trente toises, qui est nécessaire pour éviter une suite de contours qui se terminent à la métairie de Gleizes ; que de cette métairie jusques à celle de Sainte-Lucie, la robine n'offrant d'autre contour considérable que celui de Maudirac, il est indispensable de couper ce contour, dont la longueur est de treize cents soixante-quinze toises, par un alignement qui n'en aura que sept cents soixante-dix, & pour tout le surplus
dont la longueur est d'environ cinq mille huit cents toises, comme le lit actuel, quoique sinueux, forme un ensemble sensiblement droit, il paroît suffisant de se borner à l'élargir, en observant d'en adoucir les coudes.
Que le niveau de la surface des eaux de la robine, prises au-dessous de l'écluse de Narbonne, étant partout au-dessous du terrein jusques à la coupure de Maudirac, c'est un peu au-dessous du commencement de cette coupure qu'il convient de placer une écluse qui soutiendra les eaux dans la partie supérieure, tandis que dans l'inférieure, elles seront au niveau de celles des étangs, sur quoi le sieur Ducros observe que les eaux de l'Aude étant souvent chargées de limon qu'elles déposent partout où elles trouvent de repos, il est indispensable d'entretenir un courant dans la partie supérieure à l'écluse projetée ; & que si on faisoit passer ces eaux par cette écluse dans la retenue inférieure, elles iroient sûrement déposer quelque part dans cette retenue, ou à son embouchure dans l'étang, comme elles le font à présent ; qu'étant important d'obvier à cet inconvénient, il estime qu'il seroit très-utile de construire au-devant des portes de défense de l'écluse projetée, & à travers ses bajoyers, des aqueducs qui jeteroient les eaux troubles dans des rigoles de sortie, dont celle de la droite les porteroit à l'étang de Bages, éloigné seulement de trois cents vingt toises, & celle de la gauche à l'étang de Gruissan, à la distance de sept cents trente toises, le lit actuel de la robine devant servir pour cette dernière rigole sur trois cents soixante toises de longueur ; que par ce moyen, la partie inférieure de la robine ne recevroit des eaux troubles que celles qui seroient nécessaires pour remplir le bassin de l'écluse, lorsqu'il y passeroit des barques, ce qui n'est presque rien, & qu'ainsi, les dépôts qui s'y font actuellement au détriment de la navigation tourneroient à l'utilité publique, en contribuant à étendre les atterrissements sur les bords des étangs de Bages & de Gruissan.
Qu'à la métairie de Sainte-Lucie, la robine fait un pli considérable pour longer la montagne de l'isle de ce nom, & se rendre dans l'étang de Bages par un canal de six cents soixante toises de longueur, dont la partie inférieure est contenue entre des jetées revêtues de caladats.
Qu'à l'extrémité de ces jetées, & en face de la direction de la robine, on trouve un banc de sable & de limon, sur lequel il n'y a qu'environ deux pieds d'eau, ainsi qu'il résulte des sondes qui en ont été faites cette année dans tous les sens, en sorte que pour entrer dans l'étang, les barques sont obligées de raser la tête de la digue du nord, où il y a environ quatre pieds d'eau, & de contourner ensuite le banc, en suivant une passe, où elles ne trouvent en plusieurs endroits que trois pieds six pouces de profondeur.
Qu'après avoir dépassé le banc, elles traversent l'étang sur environ quinze cents toises de longueur, dans une direction où la profondeur est la plus grande, & où cependant elle n'est que de trois pieds neuf pouces en quelques endroits. Qu'ensuite, à un signal en maçonnerie nommé le pilon, elles entrent dans un canal d'environ onze cents toises de longueur dont les bords sont surmontés par les eaux, & dont on attribue la construction aux Romains, & que dans ce canal qui conduit jusques au Grau de la Nouvelle, on trouve depuis cinq jusques à dix pieds de profondeur au-dessous des basses-eaux de l'étang ; qu'indépendamment des inconvénients que la navigation éprouve dans cet étang, comme dans tous les autres, par la contrariété des vents qui interdisent le trajet tantôt dans un sens & tantôt dans l'autre, le banc qui existe toujours à l'embouchure de la robine, & le peu de profondeur au-delà de ce banc jusques au canal dit des Romains, forment un obstacle particulier qui rendent la navigation de la robine de Narbonne au Grau de la Nouvelle infiniment défectueuse, que pour la rendre sûre & aisée en tout temps, il seroit nécessaire d'abandonner l'étang, en ouvrant à travers la plage qui le sépare de la mer un canal qui tourneroit la montagne de Sainte-Lucie, & procureroit, indépendamment de tous les principaux avantages, un raccourcissement de plus de six cents toises, depuis Sainte-Lucie jusques à la Nouvelle, qu'en attendant l'exécution infiniment utile de ce nouveau canal, il est indispensable d'ouvrir incessamment à travers le banc qui obstrue l'embouchure de la robine un passage de neuf toises de largeur sur environ cent vingt-cinq de longueur, dont la dépense est évaluée à trois mille cinq cents liv.
Qu'en résumant les divers objets dont l'assemblée vient d'entendre le détail, on trouve que les ouvrages proposés pour la partie de la robine comprise entre la rivière d'Aude & la ville de Narbonne sont nécessaires pour la mettre à l'abri des inondations qui la dégradent fort souvent, & pour y établir une navigation commode & sûre, qui sera d'ailleurs plus courte d'environ dix-neuf cents trente toises.
Qu'entre la ville de Narbonne & l'étang de Bages, il est indispensable de couper les grands contours que l'on trouve entre les métairies du Fleix & de Gleizes, ainsi que celui près de Maudirac ; qu'il est convenable de construire une écluse dans cette dernière coupure, & qu'il est nécessaire d'élargir tout le surplus & d'en adoucir les coudes ; & que ces divers ouvrages procureront une navigation très-aisée & plus courte d'environ seize cents quatre-vingt dix toises.
Qu'ainsi, la distance de la rivière d'Aude à l'étang, qui est à présent de dix-sept mille trois cents vingt-cinq toises, sera réduite à treize mille sept cents cinq toises, ce qui donne un raccourcissement de trois mille six cents vingt toises.
Qu'enfin, il sera infiniment utile d'ouvrir un nouveau canal à travers la plage sur deux mille neuf cents cinquante toises d'étendue, depuis Sainte-Lucie jusques au Grau de la Nouvelle, pour éviter la traversée de l'étang.
Qu'à l'égard de l'ordre à mettre dans l'exécution des diverses parties, le sieur Ducros observe que le lit de la robine étant généralement plus étroit & beaucoup plus contourné dans la partie comprise entre la rivière d'Aude & la ville de Narbonne, & les francs-bords de cette partie étant souvent surmontés par les inondations de la rivière d'Aude, dont il est de la plus
grande importance de se délivrer, il est plus pressant d'y travailler qu'à toute autre ; qu'on a déjà dépensé environ dix-neuf mille livres au redressement de la retenue de Raonel ; & que le bail actuel devant expirer le premier mars prochain, il paroît convenable de comprendre dans la nouvelle adjudication les ouvrages qui restent à faire à cette retenue, & ceux pour le redressement des retenues du Gua & de Narbonne jusques au pont de l'Escoute, ce qui, d'après les toisés estimatifs du sieur Ducros, présente une dépense d'environ cent soixante-quinze mille livres, & pourroit être exécuté dans trois années, en prenant sur les fonds destinés aux travaux du dessèchement des marais d'Aiguesmortes et du canal de navigation de Beaucaire à cette ville, ainsi qu'on en usoit pour le canal de Narbonne, dont les travaux proposés sont une suite nécessaire.
Que le sieur de Montferrier a ajouté que le bail à ferme des droits de la robine, expirant le dernier du mois de février prochain, il est convenable d'autoriser MM. les Commissaires ordinaires du diocese de Narbonne à procéder au renouvellement de ce bail pour trois années.
Que sur tous ces objets, MM. les Commissaires ont été d'avis de proposer aux Etats de délibérer,
1°. D'approuver l'arrêté de MM. les Commissaires des Travaux-Publics pour le redressement de la retenue de Raonel, & le bail par eux passé de l'entretien de la robine pendant une année.
2°. D'autoriser MM. les Commissaires des Travaux-Publics pendant l'année à procéder à l'adjudication des ouvrages proposés pour perfectionner la navigation de la partie de la robine comprise entre la rivière d'Aude & la ville de Narbonne, & en même temps à celle des ouvrages d'entretien de la totalité de la robine.
3°. Que les sommes nécessaires pour l'exécution de ces ouvrages ou pour les indemnités des terres seront prises sur le produit de la ferme des droits de la robine & sur les fonds destinés aux travaux du dessèchement des marais d'Aiguesmortes & du canal de navigation.
4°. De donner pouvoir à MM. les commissaires ordinaires du diocese de Narbonne de procéder au renouvellement du bail de la ferme des droits de robinage pour trois années.
Ce qui a été ainsi délibéré, conformément à l'avis de MM. les Commissaires.

Economie 17880108(08)
Cours d'eau et voies navigables
Approbation de l'arrêté des commissaires des travaux publics pour le redressement de la retenue de Raonel & le bail d'entretien de la robine de Narbonne ; adjudication des ouvrages de perfectionnement de la navigation sur la robine entre l'Aude & Narbonne Action des Etats

Travaux publics et communications

Economie 17880108(08)
Cours d'eau et voies navigables
Les travaux relatifs à l'entretien et à l'amélioration de la robine de Narbonne ont lieu durant la chôme qui était cette année (1787) du 27 août au 26 septembre Action des Etats

Travaux publics et communications

Gestion comptable 17880108(08)
Affectation de fonds
Les sommes nécessaires pour les travaux à faire sur la robine de Narbonne seront prises sur le produit de la ferme des droits de la robine et sur les fonds destinés à l'assèchement des marais d'Aigues-Mortes et du canal de Beaucaire Action des Etats

Gestion financière et comptable

Impôts 17880108(08)
Douanes et traites
Les commissaires du diocèse de Narbonne procèderont au renouvellement du bail de la ferme des droits de robinage pour 3 ans Action des Etats

Fiscalité, offices, domaine

Indemnisations et calamités 17880108(08)
Catastrophes
L'inondation de l'Aude du 15/01/1787 a submergé les ouvrages de la robine de Narbonne, causant de nombreux dégâts à l'écluse de Moussoulens et aux franc-bords ; la construction d'un ouvrage à l'exemple des Hollandais est envisagée à l'entrée de la robine Action des Etats

Catastrophes et misères

Culture 17880108(08)
Découvertes scientifiques et techniques
Pour éviter que les ouvrages de la robine de Narbonne ne soient détruits par les inondations de l'Aude, le sieur Ducros envisage de construire à Moussoulens un ouvrage tel que ceux dont usent les Hollandais pour contenir les grandes marées Action des Etats

Culture