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Discours/Cérémonie


Discours d'un membre des Etats - E16480213(04)

Nature Discours d'un membre des Etats
Code du discours/geste E16480213(04)
CODE de la session 16480213
Date 13/02/1648
Cote de la source C 7099
Folio 06v-09v
Espace occupé 5,3

Locuteur

Titre Monseigneur
Nom np
Prénom np
Fonction Archevêque de Narbonne


Texte :

Monseigneur l'archevesque de Narbonne, president nay desd. estatz, adressant ses parolles a Mesd. seigneurs les commiss(ai)res, a dict :
Messieurs, nous avions donné d'assez fortes preuves de n(ost)re passion et du zelle avec lequel nous voullons tousjours contribuer sellon nostre pouvoir a la gloire de nostre prince et a la grandeur de son estat pour ne pas craindre que les bruictz contraires qu'on avoit semé par la France eussent produit quelques mauvais effectz a la Cour.
Les extremes effortz qu'a faict la province ceste derniere année en donnant tout ce qu'elle a peu voire mesmes beaucoup plus qu'elle ne pouvoit donner tesmoignent assés hautement nostre fidelité et nostre obeissance et descouvrent suffisamment que nous ne sommes pas capables de nous laisser vaincre a personne en zelle ny en affection envers nostre souverain Roy et monarque.
Aussy ceste grande Reyne quy regit et gouverne ce grand royaume, ceste regente illustre en laquelle on voit reluire les vertus de l'incomparable Judith et les graces de la fameuse Debora, ceste sage et saincte princesse quy ressent les maux de son peuple et quy cognoit les besoings de son estat, avec des parolles dignes d'une bonté tout a fait royalle nous a tesmoigné le ressentiment qu'elle avoit des miseres que nous souffrons, et nous avons bien aisement recognu que sy les desirs de son cœur et les conseils de sa pitié se pouvoient accorder avec les necessités du royaume, elle ne souffriroit pas qu'on exigeast de n(ost)re affection plus qu'elle ne peult octroyer.
Et ce prince incomparable quy partage les soingz et les peynes de la regence et quy a faict choix de ceste province entre toutes celles du royaume pour en prendre un soing tout part(iculi)er nous a asseurés avec de[s] parolles dignes de sa bonté et de sa naissance de ne tenir rien tant a cœur que de proteger, deffendre et soullager les peuples de ces contrées, pour lesquelz Son Altesse Royalle a tesmoigné et tesmoigne tous les jours avoir des affec(ti)ons de bontés et de tendresses extraordinaires.
Et ce cherubin eminent constitué dans une des plus hautes hierarchies nous a aussy asseuré de ses bonnes volontés et a conclud le discours qu'il nous a tenu par ces parolles, dignes a la verité de son zelle, que toute l'Europe a besoing (nous dict il) d'une bonne et generalle paix, laquelle Son Eminence souhaitte ardemment et la demande a Dieu tous les jours, pour pouvoir ensuitte conseiller et proffiter les occa(si)ons de bien et favorablement traitter ceste province et luy faire paroistre et ressentir la cognoissance que le Roy, le Conseil et toutes les puissances du royaume, voire mesmes les nations estrangeres ont de son affec(ti)on et fidelité et le souvenir qu'ilz conservent des grandz et importans services qu'elle a rendu et rend tous les jours au Roy et a l'estat en toutes sortes d'occa(si)ons et de rencontres.
Mais après tout les Roys, les princes et les principaux ministres, quelques grandz qu'ilz soient, ne peuvent pas, nous dict on (et il est vray) tout ce qu'ilz veullent, Dieu qui les a faictz pour estre les images vivantes de sa souveraine grandeur ne leur a pas entierement communiqué son independance.
Car outre qu'ilz dependent de luy aussy bien que nous, ilz rellevent encore d'une puissance subalterne que chascun respecte.
Et quoy qu'ilz ne soint pas subjectz a toutes les loix, il fault nean(moins) qu'ilz obeissent a celle de la necessité, a laquelle toutes les autres viennent rendre hommage, puisqu'elle est en effect maistresse des loix, et que les sainctz mesme la nomment la reyne et la mere des actions humaines, omnium actionum humanorum regina et mater necessitas, dict un des grandz peres de l'Esglize.
Les princes peuvent bien (comme a faict le nostre dans son enfance mesme) apaiser les ventz des seditions par leur supreme authorité, arrester les inonda(ti)ons des ennemis voysins par leurs armes victorieuses, transporter les bornes de leurs estatz au della des montz et des mers, faire passer les montagnes et les rivieres d'un royaume a l'au(tr)e, donner la vie et la liberté sellon leurs desirs, ordonner de la paix et de la guerre par leur souveraine puissance et operer ces autres merveilles que nous voyons presque tous les jours, mais avec tout cella ilz ne scauroient aller contre les loix de la Providence quy est la mesme chose qu'on appelle en autres termes la necessité : et ce seroit desservir leur pouvoir, leur jugement et leur conduitte s'ilz entreprenoient de forcer une authorité quy est inalterable et inflexible par sa nature.
C'est par la que le cœur des Roys est tenu dans l'humilité par la main de Dieu, et c'est pour cella que nous nous debvons maintenir dans l'obeissance, voyant que nos maistres eux mesmes sont contrainctz d'obeyr aussy bien que nous et que leur subjection est quelquesfois plus dure que celle de leurs propres subjectz.
Nous avons comprins despuis quelque temps ceste verité, nous la scavons par experience et on nous la represante en mille occa(si)ons, mais jamais elle ne nous a deub toucher avec tant de surprise que la derniere fois que nous avons esté a la Cour.
Ou l'on nous a faict pressentir a l'advance qu'on seroit constrainct de nous solliciter a faire des choses extraordinaires encor ceste année et no(us) convier de donner le peu quy nous reste pour subvenir aux besoingz et necessitez publiques de l'estat.
On nous a donques faict pressentir toutes ces choses, mais comme nous aprehendions nous mesmes la foiblesse de nostre corps, espuisé par tant de seignées, nous n'avons respondu que par des très humbles remonstrances et excuses a ces nouvelles attaques et proposi(ti)ons.
Et nous nous sommes contantés d'exposer simplement et nuement l'effort que nous avions faict l'année passée, de quelle sorte nous avions abordé la Cour non pas les mains vuides mais bien remplies de dons et octroys extraordinaires, et avons protesté ensuitte de nos soumissions respectueuses, après toutesfois avoir faict paroistre trop clairement nos necessités extremes et nostre impuissance absolue, et c'est ce que nous avons creu de pouvoir et debvoir respondre pendant nostre sejour a la cour, attandant de nous voir icy assemblés pour consulter la province, nostre commune mere.
Laquelle confesse bien a la verité et advoue ingenuement qu'elle doibt tout ce qu'elle peult effectuer pour la prosperité de son prince, mais elle sent bien aussy qu'elle ne peult pas tout ce qu'elle voudroit pouvoir et qu'en ce point son cœur est beaucoup meilleur que ses forces, car en effect elle se trouve maintenant dans une desola(ti)on extreme et assés cognue a tout le monde, et l'on peult dire d'elle presentement ce que les prophetes ont dit autrefois de la ville de Hierusalem qu'elle est vuide de biens et pleine de peuples.
Ceste reyne entre les provinces de ce royaume n'a plus rien qui la rende recommandable que sa fidelité, toute sa beauté est restraincte a sa modestie, elle n'est plus la favorite ny les delices de cest estat comme on l'appelloit autresfois, et toute la consola(ti)on quy luy reste, après celle de sa parfaite obeissance, c'est de voir aujourd'huy un de ses enfans, quy a deffendu ses interestz et quy s'est assés longtemps [tenu] parmy nous, venir luy porter la parolle de son prince, quy ne peult que luy estre fort favorable et procurer des effectz très advantageux pour nous.
Et de faict nous sommes fidelles tesmoingz de ce qu'il a desja faict par advance lorsque nous estions dans nos plus pressantes et importantes sollicita(ti)ons a la cour et dont nous rendrons en temps et lieu un plus exact et particulier compte.
Quand les anges, quy sont d'une nature estrangere aux hommes, venoient leur parler de la part de Dieu, c'estoit ordinairement pour exiger d'eux quelque nouveau culte ou pour leur imposer quelque nouveau joug, mais lorsque les hommes sont destinés pour porter la parolle de Dieu a leurs freres, ce n'est que pour leur annoncer quelque parolle de paix et de soulagement.
C'est ce quy nous faict esperer que vous, Monsieur, ayant commission de venir expliquer les volontés du Roy a vostre patrie et a vos freres, au lieu des aprehensions que la malignité du temps avoit produit dans nos espritz, nous sommes dans la croyance que vous, Monsieur, aurés quelque parole secrete a nous dire quy nous consolera tous et metra tous nos espritz en repos.
Et vous nous confirmerés aussy sans doubte dans la croyance ou nous sommes qu'on a recogneu nostre obeissance a la Cour et accueilly agreablemant les effortz que nous avons faictz pour le service de n(ost)re prince, quy meritent bien a la verité qu'on nous donne le temps et le loisir de respirer pour tascher d'acquerir et faire provision de nouvelles forces.
Et quoy que nous ne soyons pas surpris de vous voir, Monsieur, occuper sy dignement ceste place, estant en effect (comme vous estes) du bois dont se font les Mercures et de la naissance et merite de ceux que nos Roys, nos souverains et nos maistres, ont accoustumé de choisir pour leur communiquer leur authorité supreme, pour leur faire commander aux peuples et regir et gouverner les grandes et importantes provinces, neantmoins nous ne laissons pas d'en ressentir, d'en avoir et d'en tesmoigner une joye extraordinaire.
Et nostre satisfaction sera entiere sy nous sommes sy heureux de pouvoir vous rendre des preuves veritables et effectives de nos affec(ti)ons, de nos bonnes volontés, de nos obeissances et de nos services.
Vous, Monsieur, recognoistrés tousjours ceste verité en tout temps, en tous lieux et en toute sorte de rencontres, mais particulierement pendant la tenue de ceste assemblée d'estatz, ou nous, ayant desja receu (comme nous faisons tousjours) avec soubmission les proposi(ti)ons que vous nous avés portées de la part de Leurs Ma(jes)tés et de Son Altesse Royalle, nous ne manquerons pas de les discuter avec exactitude et respect dès aussytost que nostre assemblée sera formée et de rapporter pour le contentement de ces puissances superieures tout ce qu'elles peuvent et doibvent esperer et attandre de leurs très humbles, très obeissans et très fidelles sujetz et serviteurs.