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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16501024(3)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16501024(3)
CODE de la session 16501024
Date 24/10/1650
Cote de la source C 7106
Folio 002r-005v
Espace occupé 7 p.

Locuteur

Titre Sieur de Miromesnil
Nom Dyel
Prénom Jacques
Fonction Conseiller du roi ordinaire en ses Conseils d'Etat et Privé


Texte :

Ledit sieur de Miromesnil a dit :
Messieurs, cette grande et illustre assamblée doit estre si fort persuadée par ce que Monsieur le comte de Bieule vous a fait connoistre des interestz du service du Roy et du bien de la province que estant mieux informé que personne du premier et possedant l'autre par une longue experiance et presque naturelle, l'ouverture de ces estats ne pouvoit, soubs l'authorité de S. A. R., rancontrer un sujet d'un merite plus relevé et dont le tesmoignage fut mieux receu de Leurs Majestés, et comme j'espere que celluy de ces Messieurs et le mien y pourront trouver quelque accez, je vous diray, Messieurs, que l'Heurope est un theatre ou nous avons veu ce que l'ambition d'une maison qui tient rang parmy les princes a causé des desordres depuis prez de quarante années et que ses commancemans qui sambloient ne devoir embraser que l'Allemagne ont excité des foudres et des tampestes qui ont a la fin eclatté partout.
Tous les princes ont des liaisons d'interestz si necessaires que quand ces deux grandes puissances qui reiglent tous ceux de cette belle partye du monde que nous occupons se laissent persuader aux raisons de leurs estatz qui les obligent a la protection de leurs alliez, il est bien difficile que la guerre se passe longtemps dans la simple deffance de leurs interestz.
La France qui a tousjours fait sa gloire de la justice de ses armes n'a pu souffrir leur oppression, et apprès les avoir employées longtemps pour leur deffance et fait tous ses offices pour leur repos, qu'une si haute mediation auroit procuré parmy les nations les plus barbares, le plus juste et le plus vertueux prince de son siecle et de beaucoup de ceux qui l'ont devancé, s'estant enfin laissé persuader aux plainctes de ses alliez et preferant la gloire et la surté de son estat a son repos par(ticuli)er, a esté contrainct de chercher a force ouverte la paix que les ennemys avoient reffuzé a une si sainte et glorieuse entremise.
Les progrez avantageux de ses armes en ont marqué la justice, et l'eclipse de ce grand soleil n'ayant rien alteré du bonheur que la naissance de nostre jeune monarque nous avoit presagé, la sage conduitte de la reyne ayant fait conspirer touttes les puissances que nous respectons a la gloire du Roy et de l'estat, il sambloit que les prosperitez luy fussent aussi hereditaires que le sceptre.
Cette bonne fortune auroit toujours continué, Messieurs, si nous n'avions esté dissamblables a nous mesmes, et si le malheur venu de la discorde que le ciel influe sur les puissances du monde pour les randre mortelles et perissables ne s'estoit glissé parmy nous, les ennemys ne trouvant point de jour pour flater leurs esperances, les nostres auroient esté secondées du succez d'une paix avantageuse.
Ce beau nom leur servit de pretexte l'année passée pour entrer dans le royaume, et jugeans du cœur par quelques uns de noz mambres qui estoient malades, ils croyoient triompher de noz desordres, ce qui leur auroit reussi sans la sage conduitte de la Reyne qui leur oppoza des forces assez considerables pour en empecher les progrez, pandant que, tous ses soins regardant a la paix du dedans, elle la fit reussir au bien de cet estat et a la satisfaction generalle de tous les peuples.
Cette tampeste qui s'estoit esmeue dans beaucoup de provinces a, Messieurs, fait la gloire de la vostre, et cette grande companie, ayant donné par l'exemple de sa fidelité subjet a voz voisins de se reconnoistre, a merité les graces que Leurs Majestés ont, a la priere de S. A. R., données a voz services, ausquelles il estoit possible d'ajouter des plus grandes marques d'honn(eur), votre zele peut tout [se] promettre de la bonté de Leurs Majestés, qui estiment que le plus grand thresor des Roys est l'amour de leurs peuples. C'e(s)t un sentiment que la reyne inspire en l'esprit de nostre jeune monarque comme tous ceux qui nous peuvent randre heureux.
C'est par ce mesme genie et les genereux conseils de S. A. R. que nostre grande reyne, voyant le feu de la guerre civile s'allumer au commancemant de cette année dans plusieurs provinces, n'espargne la personne de nostre jeune Roy non plus que la sienne, en des saisons très facheuses, pour prevenir le mal dans sa naissance, et apprès y avoir tout calmé et laissé partout des marques de la clemance de Leurs Majestés, elles s'avancent vers la frontiere pour empescher les progrez des ennemys, ou ayant donné les ordres qui ont fait eschouer cette grande armée devant Guyse et laissé a S. A. R. toutte l'authoritté, nostre grande reyne conduit le Roy en Guyenne dans le dessain de donner par sa presance a la ville de Bourdeaux l'impression de son devoir, mais sa resistance ayant contraint Leurs Majestés de la reduyre par la force des armes, elle en auroit porté la peyne si, revenant dans l'obeyssance, S. A. R. n'avoit obtenu de la clemance de Leurs Majestés son pardon, qui fait aujourd'uy le repos de la France et qui donnera au Roy le moyen de repousser les ennemis, si vostre secours seconde les genereux dessains de Leurs Majestéz, qui n'espargnent que par un effet de singuliere bonté a cette province l'honneur de leur presance.
Cette grande Princesse qui scait que le zele des peuples ne souffriroit point de bornes dans l'excez des depances que pourroit causer l'entrée de nostre jeune monarque dans les villes de cette province et que cette grande suite de gens de guerre ord(inai)re a Leurs Majestés y causeroit des foules et des charges veut que tout ce qu'eux et ces troupes pourroient consommer ayt un employ plus avantageux au bien de l'estat.
Voyla, Messieurs, les soins de nostre grande Reyne pandant que S. A. R. empesche les progrez des ennemys et que sa sage et genereuse conduitte a calmé touttes les tampestes qui vouloient s'eslever pandant l'esloignemant de Leurs Majestés et fait voir a tout le monde dans le coup d'essai que les ennemis ont voulu faire sous ce beau pretexte de la paix que S. A. R. n'avoit point de plus forte passion que de la procurer a la France, ses bons et genereux dessains ayant esté aussitost secondez de l'authorité de Leurs Majestés qui luy ont deferé un pouvoir absolu de la conclurre.
Ce sont les souhaits et les plus ardans dezirs de nostre incomparable Regente, ce sont aussi les veritables intantions de Monsieur le Cardinal et des principaux ministres de l'estat qui travaillent avec soin pour avancer ce grand ouvrage, qu'ils ne scauroient achever sans le secours que Leurs Majestés vous demandent et attandent, Messieurs, extraordinaire, en une occasion si importante au bien de l'estat.
Vous en verrez dans peu de temps les effets qui contraindront les ennemis de recevoir la paix aux condi(ti)ons que nous leur avions offertes a Munster, et qui avoient esté trouvées si raisonnables par tous les plenipotentiaires qui ont travaillé tant d'années pour procurer un bien si general a la chrestienté.
Mais, Messieurs, vous scavez que pour parvenir a la paix il faut bien faire la guerre, il faut parler a cheval et les armes a la main, c'e[s]t le conseil que donna le mareschal de Brissac a Henry second lors du pourparler de paix qui fut proposé par le pape Pol 3e entre luy et l'empereur Charles Quint, pour deux raisons qui ont beaucoup de raport aux aff(air)es p(rese)ntes.
La premiere, affin que si la paix venoit a se conclurre, le roy qui estoit lors en possession de plusieurs villes et bonnes places, comme est a presant Sa Majesté, put retenir plus aizemant celles qui luy seroient necess(ai)res pour la surté de ses frontieres et pour la conserva(ti)on de son estat, a quoy les ennemis seroient plûtôt induitz par la terreur de ses armes.
La seconde, affin que si le traitté venoit a se rompre, comme il arriva, lors le roy se trouvat armé et en estat de continuer ses conquestes et empescher les progrez des ennemis.
Le conseil de ce grand homme de guerre et d'estat trouvant au temps p(rese)nt un sujet d'aplication si nec(essai)re, vous pouvez, Messieurs, le randre utille et donner a Leurs Majestés le moyen de repousser les ennemys hors du royaume si vous prenez la resolution genereuse d'offrir volontairemant ce que le Roy exhige de ses autres sujetz par la puissance absolue que Dieu luy a donnée sur tous ses peuples.
Il est certain qu'en l'estat monarchique le prince souverain est maistre des biens et des hommes qui luy sont sujets et qu'il peut dispozer de leur liberté et de leur vie par authorité, particulieremant pour cause publique.
La majesté de nostre Roy ne paroit point aux yeux de ses sujetz avecq ces sentimans de rigueur et la vertu de la Reyne ranvoye ces maximes au Divan et le fait descendre de son throsne pour vous communiquer un des plus esclatans rayons de sa gloire, Sa Majesté vous permet, Messieurs, de vous assambler et d'estre juges dans voz propres interests et remet ses desirs a vostre jugemant, elle vous laisse a vostre propre conduitte et aux sentimans de vostre devoir.
Vous estes aujourd'huy, Messieurs, les directeurs de cette grande province, vous estes en pouvoir de regir vos aff(ai)res, d'arbitrer celles de vostre Majesté, vous ne pouvez rien souhaiter de plus que de randre a vostre souverain plus que il ne vous donne en luy donnant plus que vous ne pouvez.
Vous aviez, Messieurs, souhaité avec une si grande passion le restablissement de cette Province dans ses anciens privileges, vous avez demandé avec tant d'instance la revocation de l'eedit de Beziers que Leurs Majestez vous ont accordé touttes ces graces a la priere de S. A. R., qui vous fait esprouver en tous rancontres les effectz d'une protection si puissante, qui vous remet en cet estat que vous avez tant deziré.
Vous estes les success(eu)rs de ces genereux courages et de ces sages antiques qui se sont donnez au Roy et a l'estat, ont ils jamais pu concevoir une meilleure pansée pour eux et pour vous que de s'unir inseparablemant au corps d'un si grand Royaume, qui donne a ses sujetz tant d'avantages que si vous les voulez considerer dans toutte leur estandue, vous reconnoistrez qu'il n'y a point de privileges contre la loy du devoir qui oblige les sujetz par la nature de leur condition a contribuer aux necessitez de l'estat.
Vous l'avez tousjours fait, Messieurs, si genereusemant que la bonté de noz Roys s'est laissée persuader de vous demander plustot que de vous ordonner, et vostre reconnoissance ordinaire et par vous souvant offerte a fait ce beau tiltre dont vous jouissez, que cette mutuelle correspondance vous conservera.
C'est la veritable politique qui fera tousjours le repos de cette province tant que cette sage companie en aura la conduite sous l'authorité de cette puissante protection qui vous gouverne, que cette illustre princesse qui a donné a la France un duc de Vallois vous doit faire esperer hereditaire.
Il n'y a personne de vous, Messieurs, qui ne soit informé de l'estat des aff(ai)res, il ne faut point penetrer dans le secret des Conseils pour scavoir combien de provinces la guerre du dedans et du dehors a ruynées, que les finances du Roy sont touttes espuizées et les fermes en non valeur, et que Leurs Majestés sont obligées de soustenir la despance de six armées, sans ce que consomment les garnizons et les au(tr)es choses si fort necessaires pour le soutien de la grandeur de cet estat.
Sur lesquelles si vous faittes, Messieurs, autant de consideration qu'il importe au bien du service du Roy, vous reconnoistrez que Leurs Majestés vous ayant accordé la revocation de l'eedit de Beziers en un temps auquel les necessitez de l'estat vous eussent fait trouver beaucoup de justice dans le reffus que vous ne pouvez sans blesser vostre generosité vous deffandre d'un secours qui responde a un bienfait si considerable.
Considerez, Messieurs, que le secours que Leurs Majestés vous demandent fait celluy de quatre provinces et que celles de Provence, Bourgogne et Bretaigne, qui se gouvernent par estatz comme vous, suyvront infaliblemant vostre example, ce qui rehausse de beaucoup le merite de vostre liberalité, qui doit repondre aux avantages que cette province a sur les autres, comme cette grande companie, dans laquelle nous voyons ces illustres prelatz que leur vertu et leurs merites randent dignes du gouvernemant des plus grands estatz, qui ne pourroient esprouver une meilleure conduitte que dans le secours de ces eclatantes lumieres qui font voir les vertus, ensemble que le zele et l'amour charitable attachent au salut du peuple et a la conservation de ses interestz, et cette genereuse noblesse qui a esté eslevée a la gloire de son Roy comme le bras droit de sa puissance, qui ne porte pas seullemant en titre les ornemans de la vertu de ses peres, mais que les grandes conquestes que nous devons a son courage rellevent de beaucoup, comme Messieurs du tiers estat, que le merite de leurs personnes qui les rand dignes des premieres charges du pays et des villes de la province et dans lesquelles la noblesse ne reffuze point de prandre part mettent leur ordre si fort au-dessus de tous ceux de cette quallité dans le royaume.
Que tous ces trois ordres qui compozent cette grande companie ayans tant d'avantages, ils les conserveront dans la gloire d'un secours aussy considerable que les necessitez de l'estat le font desirer a Leurs Majestés et attandre de vostre generosité ordinaire, qui est assez persuadée par les sentimans de son devoir et cette affection naturelle que vous avez au bien du service du Roy et de l'estat.
Et comme il fait, Messieurs, celluy de sa province, j'y contribueray a mon particulier avec tant d'affection que je conserveray de respect pour cette grande companie avec laquelle nous nous expliquerons plus particulierement des vollontez de Leurs Majestés.