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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16530326(2)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16530326(2)
CODE de la session 16530317
Date 26/03/1653
Cote de la source C 7106
Folio 212v-215r
Espace occupé 5,3

Locuteur

Titre Monsieur
Nom Vertamont, de
Prénom François
Fonction np


Texte :

Monsieur de Vertamont a dit :
Messieurs, pour ne point abuser du temps que cette compagnie doit employer utilemant pour le service du Roy et pour les affaires de cette province, je vous diray que nous avons ordre de S. M. de vous demander la somme de dix huict cens mille livres pour le don gratuit de la p(rese)nte année pour subvenir aux necessitez pressantes de cet estat et particulieremant pour l'entretenemant des troupes dans le pays de Rossillon.
Dez l'ouverture des presans estatz nous vous avons rep(rese)nté quelque chose de l'estat p(rese)nt des affaires et des necessitez du royaume et des justes motifz que cette province doit avoir pour assister S. M. de quelque secours extraordinaire, nous vous avons aussy fait connoistre la bienveillance de S. M. pour cette province, les sentimans qu'elle conserve de la fidelité qu'elle luy a randu par le passé, la confiance et les asurances touttes entieres qu'elle en prend pour l'advenir, c'est sur ces mesmes fondemans que Sa Majesté se promet que, scachans les necessitez de l'estat, les interestz generaux et particuliers que vous avez d'y contribuer puissammant, l'affection de S. M. pour vous, et luy voulant continuer vostre immanquable fidelité, vous luy accorderez volontiers, promptemant et de bonne grace ce secours qu'elle vous demande. Ce sera par ce moyen gratuitum munus et facile ut sponte dies illuminat sol erradiat, un don gratuit qui sera agreable a S. M. qui le doit recevoir, facile de vostre part, comme l'esclat des rayons du soleil et de la lumiere du jour surpasse les autres beautez de l'art et de la nature.
Comme S. M. ne peut oublier les marques de fidelité a son service que luy a données cette province, aussy nous a elle chargé de vous represanter que les dernieres années elle n'en a receu que fort peu de secours en ses finances et particulieremant l'année derniere, quoy que la province se trouvat dès lors desgagée de plusieurs charges des années precedantes, encore le peu qui a esté accordé a S. M. se trouve epuizé et consommé par des rambourcemans des foules, a quoy S. M. ne pourroit pas se soubmettre pour l'advenir puisque cela ne se fait et ne s'est jamais fait en aucun autre lieu du royaume et qu'en cette province part(iculi)ere l'ancienne maxime a tousjours esté que ch(ac)un lieu porte ses foules sans mesmes qu'on accorde le rejet sur d'autres communautez ou sur le reste de la province, tant s'en faut que cela se puisse ou se doive sur les deniers de S. M.
Il est vray que pour l'année derniere l'on entra en consideration de ce que les differandz d'entre ces deux augustes compagnies, celle cy et le corps du parlemant, n'estoint pas encor accommodées comme elles furent du depuis par les ordres et les soingz de S. M. et par la sage et prudente mediation de ceux qui y furent employés, et ce fut pour cette cause que l'on trouva bon de se contenter de la somme de six ou sept cens mil livres seulemant qui fut offerte par cette assamblée affin de l'accrediter davantage parmy les peuples et soubz les asseurances qu'elle donna de faire beaucoup plus cette année, comme une terre reposée produit davantage.
Cette somme de 1 800 000 l. que le Roy demande pour cette année se trouvera fort mediore si on considere les necessitez de l'estat, combien est grande l'estandue de la force de cette province, laquelle fait une grande et notable partie du royaume, et si le reste ne contribuoit qu'a cette proportion, il s'en faudroit beaucoup qu'il n'y eut de quoy soustenir les charges et pourvoir a la deffence de l'estat.
Cependant il vous fut represanté entre autres choses en l'ouverture des presans estats que par les cayers de ceux qui furent tenus par voz predecess(eu)rs en l'année 1483, qui furent portez dans les estatz generaux du royaume a Tours en la mesme année, il paroit que cette province contribuoit pour lors davantage pour les charges du royaume qu'aucune au(tr)e. Ils entrerent pendant dix années en comparaison des surtaux avec la province de Normandie, laquelle estoit dès lors des plus chargées, comme elle est encore a p(rese)nt, quoy qu'elle ne soit pas si grande en estendue de pays, en nombre de villes et d'habitans et ne soit pas plus considerable en richesses et en la bonté du terroir que celle cy, il fut enfin procedé a un allivremant ou comparaison des deux provinces par quatre commissaires dont l'un estoit du corps de Messieurs les maistres des requestes, un con(seill)er au Grand Conseil, un clerc ou auditeur des comptes et un autre, et après un travail continuel d'assez long temps, il fut trouvé que cette province portoit pour lors une somme considerable plus que la Normandie, dont elle fut deschargée par lettres patantes de l'an 1493 affin que les deux provinces demeurassent en esgalité de charges l'une a l'esgard de l'au(tr)e, la seule province de Normandie rend a presant quatorze ou quinze millions par chacun an dont il en revient près de sept millions de livres de net ez coffres du Roy, outre le secours extraordinaire que S. M. en tire de temps a au(tr)e comme elle fait depuis peu, on pourroit donc pretendre avec justice que ceste meme proportion se pourroit encor garder entre les deux provinces, comme les alivremans des terres particulieres des paroisses, des communautez et des diocezes les uns a l'esgard des autres ont tousjours lieu, quoy qu'ils soient possible plus anciens et qu'ils n'ayent pas esté faitz avec plus de cognoissance de cause que cette comparaison des deux provinces, dont les actes ont esté imprimez depuis peu d'années en suitte d'un traitté des estatz de cette province qui a esté donné au public soubz vostre adveu.
On ne pretend pas neanmoins a presant aucune chose de vous qui soit approchante, mais comme les vingt années dernieres peuvent mieux servir de reigle, on ne peut pas disconvenir que depuis l'eedit de Beziers jusques a la revocation d'icelluy, outre les douze cens et tant de mil livres des charges de la province, vous n'ayez payé au Roy un million cinquante mil livres par ch(ac)un an avec un autre don gratuit de six ou huict cens mil livres, quelquefois un quartier d'hiver, et souvant d'au(tr)es sommes fort considerables.
Or il a esté remarqué par vostre premiere et seconde demande pour la revoca(ti)on de l'eedit de Beziers et par le remercyemant que vous en avez fait au Roy après que Leurs Majestés vous l'ont eu accordé par leur pure bonté et liberalité et en faveur de S. A. R., vous avez expressemant declaré que vous n'avez en cela desiré autre chose que deffandre quelques marques que vous avez creu vous estre desavantageuses par l'eedit de Beziers, mais non pas vous descharger de moins contribuer aux necessitez de l'estat qu'auparavant, ains plustôt pour secourir plus puissamment S. M. dans les occasions importantes comme est celle cy, voz libertez vous ayant esté randues, ces actes sont incerés dans le procès verbal de la tenue de voz estatz a Montp(elli)er qui sont dans les archives de la province et de ch(ac)un de voz dioceses, il vous est mesmes fort advantageux que les choses se soint passées de la sorte et avec ce motif, autremant la revoca(ti)on de l'eedit de Beziers n'auroit pas esté faitte pendant la minorité du Roy si Sa Majesté y avoit esté lezée et si elle n'avoit point esté faitte en telle sorte que ce fut le cas, auquel non fit pauperior is qui donat.
Il y a plus et l'on ne peut pas dire que le Roy desire un trop grand effort de cette province en luy demandant a presant cette somme de dix huict cens mille livres pour cette année, puisque la province a imposé sur soy la mesme somme en l'année 1650 immediatemant apprès la revocation de l'eedit de Beziers, scavoir 600 000 livres pour partie des trois millions de livres qui avoient esté accordées en l'an 1647 et 1 200 000 l. qui furent accordées en la fin de 1649 pour les années 1649 et 1650, et en 1651 le procez verbal des derniers estatz tenus a Car(casson)ne porte qu'il avoit esté imposé et acquitté pour laditte année 1651 plus de 1 500 000 l. de cette mesme nature, scavoir 600 000 l. pour le reste des trois millions de livres de 1647 et 600 000 l. pour l'année courante, les autres 300 000 l. pour les advances ou pour quelqu'autre chose particuliere qui vous fut connue. Il n'y a que l'année derniere en laquelle il n'a esté imposé que six ou sept cens mil livres pour les occasions qui vous ont esté touchées et affin de vous donner d'autant plus de moyen de faire quelque chose de plus considerable en cette année, comme on l'attend de vous a p(rese)nt.
Ce n'est pas une raison suffisante pour vous en pouvoir descharger que d'alleguer la contagion survenue et la cherté des vivres en quelque partie du Haut Languedoc, comme encor quelques logemans de gens de guerre dont le Roy n'a pas peu vous dispenser depuis quelque temps pour guarantir cette province et le pais de Rossillon de l'invasion des ennemys, qui vous auroit esté bien plus rude et plus facheuse, ces incommoditez ne sont pas generales pour toutte la province, locales sunt, et elles ne regardent que quelques lieux par(ticuli)ers seulemant, les autres qui sont bien en plus grand nombre et qui composent la plus grande partie de la province n'en sont pas moins capables d'assister le Roy, ce seroit au plus un present aux lieux qui ont receu des incommodités de demander quelque soulagemant de ce qu'ils seront taxez pour le don gratuit, au lieu que les choses demeurans en l'estat qu'elles sont a presant vont continuer a les accabler en reffusant de contribuer par les autres leur part d'un secours fort moderé qu'on leur demande, nous ne disons pas que la mortalité des uns laisse plus riches ceux qui sont demeurés, quot funera morientium tot spoliae mortuorum, que si la cherté des vivres a incommodé les uns elle a enrichi les autres [blanc] ac pretiorum cumulis, mais nous vous dirons que si cela empechoit le Roy d'estre secouru dans les necessitez de l'estat il faudroit laisser touttes choses dans le desordre, abandonner cette province et touttes les autres aux estrangers et aux ennemis de l'estat, puisqu'il n'y a aucune partie du royaume qui ait esté garantie de ces incommoditez et que s'il y a eu quelques debordemans de riviere en quelque partie de cette province, pour ce regard le reste du royaume s'en est trouvé inondé et presque entieremant su[b]mergé.
Cella se peut dire principalemant des gens de guerre, lesquelz d'ailleurs le Roy ne peut pas exploitter dans le pays de Rossillon pour vostre deffance pendant la campagne prochaine si vous ne luy en donnez le moyen pour cette année, ce qui ne tirera point a consequance pour les autres, comme il ne faut pas penser aussy de les pouvoir desloger a presant de cette province ou les y faire payer des deniers de S. M. si cette province mesme ne luy accorde promptemant la somme qui luy est demandée, c'est le cas et le moyen par lequel nous vous avons desja fait connoistre il y a quelques jours lorsque vous nous avez fait l'honneur de deputer vers nous pour cet effet, que nous contribuerons très volontiers tous noz offices pour vostre satisfaction en cette occurrance puisque sans cela nous ne pourrions pas esperer de le faire efficacemant, nous vous en donnerons, Messieurs, encor tous ensemble les assurances et moy de rechef en mon particulier avec toutte sorte de respect, celles de mon très humble et très fidele service.