AIDE Fermer

TRI DE RÉSULTATS


Pour trier les tableaux de résultats, il suffit de cliquer sur un des intitulés de colonne.



Vous pouvez également faire des tris sur plusieurs critères en cliquant sur plusieurs intitulés de colonne tout en maintenant la touche "majuscule" enfoncée.


Le nombre de critères de tri n'est pas limité.


aide
Accueil / Recherche trans-session / Discours de l'un des commissaires du roi - E16610124(03)

Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16610124(03)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16610124(03)
CODE de la session 16610124
Date 24/01/1661
Cote de la source C 7125
Folio 119v-125r
Espace occupé 11

Locuteur

Titre Monsieur de Bazins
Nom Bazin, de
Prénom Claude
Fonction Intendant


Texte :

Monsieur de Bezons a dit :
Messieurs,
L'on ne peust lire sans estonnement la coustume qu'observoint les Indiens d'obliger leurs princes, lors de leur advenement a l'empire, par un serment solennel de faire jouir leurs subjetz de la lumiere du soleil, du cours des rivieres et des autres influances des astres, et ceux qui ne jugent des chozes que par des apparances se persuaderont que ces peuples idolatres randoint a leurs Roys par une superstitieuse ignorence un culte qui n'est deub qu'a la souveraine puissance, car bien qu'ilz soint les images de Dieu et ceux en qui il a mis les veritables caractères de sa puissance, sy est ce neantmoins que les effectz de la providence ne sont point en leur disposition et qu'ilz sont subjetz au destin comme les autres hommes, mais, a bien considerer ceste ceremonie, on n'y trouvera rien de barbare que les parolles, puisque en effet le sort de bonne ou mauvaise fortunne est entre les mains des princes qui nous gouvernent, ce sont eux qui rendent nostre felicitté parfaitte et qui nous font jouir en repos de tous ces advantages.
Despuis tant d'années le soleil n'esclairoit sur la France que pour voir nos malheurz, et bien qu'il eust esté souvant tesmoing de nos progrès et de nos victoires, les mizeres qui accompagnent la guerre par necessité faisoient que touttes ces victoires, quoyqu'advantageuzes pour l'Estat, causoint la perte et la ruine des particuliers, les rivieres ont esté plusieurs fois taintes du sang de ceux qui ont peri durant ces dezordres, leur cours a esté interrompu ou pour former des sieges ou pour la deffance des places, les passages n'en ont esté recogneus que pour attaquer ceux qui estoint nos ennemis ou pour nous deffandre de leurs entreprizes, mais enfin ceste paix si solennellement jurée entre les deux couronnes, ceste alliance contractée par des liens indissolubles dissipe touttes ses craintes et ses apprehantions et nous fait esperer de jouir a l'advenir avec quietude des presens du ciel et de la nature, que si vous n'aviés pas cest advantage d'avoir esté asseurez des favorables intentions de Sa Majesté par elle mesme aux derniers estatz, si vos registres n'estoint pas des tesmoings fidelles des graces dont elle a comblé ceste province, la solemnitté de ce jour auguste ou il a juré la paix vous en seroit une preuve dont le souvenir ne doit jamais s'effacer de vos espritz. Il semble neantmoins que ceste joye ne soit pas parfaite et que vous voyés avec douleur le nom de feu S. A. R. effacé des commissions qui viennent d'estre leues, vous regrettés un prince de qui le nom doibt estre en veneration a tout le monde, vous considerés qu'il a esté ravi a l'Estat presque au milieu de sa cource et dans un temps ou l'on pouvoit encore attandre de luy des services proportionnés a la grandeur de son meritte et de sa naissance, et outre ces considerations publiques vous avez encore des respectz particuliers pour la memoire de Monseigneur le duc d'Orleans qui vous avoit tousjours favorizés par une bienveuillance et une affection singuliere, mais bien que vostre douleur soit juste et que vostre perte soit considerable, elle est neantmoins [aus]si avantageusement reparée qu'elle pouvoit estre par l'honneur que le Roy vous a fait d'establir Monseigneur le prince de Conti pour vostre gouverneur puisqu'il a vouleu que S. A., dont vous avés desja esprouvé la douceur de la conduitte, de la puissance, de la protexion, feust aujourdhuy le lien et le gaige de la bonté de Sa Majesté envers vous comme il est le garant de vostre zele et de vostre obeissance, apprès tant de bienfaitz qui sont communs a ceste province avec le reste du royaume et tant de faveurs particulieres dont vous avez esté gratiffiez, je me trouve dispancé de parler en ceste journée puisque le souvenir des bienfaitz est sans comparaison plus eloquent dans les cœurs plains de recognoissance que tous les discours qu'on pourroit faire, et que d'ailleurs il est impossible de rien adjouster a la dignitté de celuy de S. A. Lorsque les dieux ou les enfans des dieux ont parlé, ce dizoit un ancien poette grec, gardons le silence pour ne pas proffaner par la bassesse de nos pensées la majesté de leurs parolles.
Les Egiptiens les plus sages de l'antiquitté, ceux de qui nous avons tiré les principes de touttes les sciances, considerans le premier aage du monde comme son enfence croyoint que les hommes n'estoint pas cappables alors d'enlever leur esprit a la cognoissance des choses sublimes et que pour cella il le leur falloit donner a entendre soubz des hierogliffes et de la vient que les Grecz qui s'estoint instruitz soubz leur dissipline avoint mis toutte leur theologie dans les fables et les formes qui sont cachées soubz les qualittés visibles, les especes dans les individus, les idées dans les chozes créées, ainsy, dit Yambicus, les sacrifficateurs egiptiens imitans Dieu et la nature renfermoint les misteres les plus eslevés de la religion et de la moralle soubz des simboles apparans et pour nous mieux faire coignoistre les veritables differances du vice et de la vertu ilz les reppresentoient soubz la figure de Typho et d'Oziris, dont l'un estoit un usurpateur et l'autre un prince legitime, que le premier feust receu des peuples avec applaudissement dans le commancement de son regne soubz l'apparance de la liberté, jusques a ce que la veritté ayant dissipé les nuages que le mensonge avoit formé, Oziris rentra dans son empire avec une authoritté toutte entiere, fist cesser tous les dezordres qui s'estoint formés pandant la guerre, rapella la justice, ceste fille du Ciel, qui s'estoit retirée de la terre, et ne creust pas, dit Sinesius, pouvoir mettre un calme parfait dans son Estat qu'il n'en eust vizitté touttes les parties pour y restablir une bonne discipline, ainsy le soleil, cest œil du monde, ce trosne de la gloire vizible de Dieu, pour parler aux termes de l'Escritture, parcourt son zodiaque pour porter sa lumiere et verser ses influances sur la terre, et les poetes feignent que ce cours ayant esté interrompu par la cheutte de Phaeton, Jupitter dans la fable desscendit du haut des cieux pour reparer les manquemens que l'absance de sa lumiere ou l'exez de sa chaleur avoient causez et remettre les chozes dans leur cours ordinaire, et certes, bien que le Roy soit present dans touttes les parties de son estat par son authoritté, que sa puissance soit respectée jusques aux dernieres extremittez de son royaume, apprès tant de maux que les guerres avoint produit il estoit necessaire qu'il visitast les plus considerables provinces pour imprimer de la crainte a ceux qui s'estoint esloignés de leur debvoir et rendre aux loix leur force et leur premiere vigueur, ceste venue du Roy dans le Languedoc a esté le sceau de vos privileges et une nouvelle asseurance de vos libertéz qui ne recepvront jamais d'attainte tant qu'elles auront pour fondement vostre fidelitté et vostre zelle a son service.
Mais comme les corps les mieux constituez sont accablez souvant par des accidans qui empeschent les parties nobles d'agir et qui destruiroint l'homme s'il n'estoit secouru, les villes particulieres tombent quelquefois soubz la tyrannie de ceux qui envahissent leur liberté et qui les conduizent a leur perte, Marseille gemissoit despuis longtemps soubz l'oppression des factitieux (sic) et ceste ville fidelle sembloit estre dans un assoupissement mortel, les gens de bien voyoint leur ruine prochaine avec douleur, mais ilz ne pouvoint pas rompre des chaines si pezentes et ce mal s'estoit communiqué dans quelques autres lieux de la mesme province par une maligne influance ; la venue et la presence du Roy ont guéri tous ces maux, asseuré pour tousjours la liberté de ceste ville et rendu le commerce florissant qui avoit esté souvant interrompeu par ces desordres, les bastions qui s'estoint eslevés a la faveur de nos guerres domestiques ont esté remis au premier estat ou ils devoint estre, et le Languedoc a veu d'un costé le com[m]erce restably, le cours du Rosne rendu libre et la Guienne paisible par la demolition de ces ouvrages que la temeritté avoit construitz, et ainsy l'on peust dire que ces premiers mommens de la paix, ces rayons de l'authoritté royalle et la venue du Roy dans ces contrées ont asseuré plus glorieusement la quietude de l'Estat que n'auroint fait la prize de beaucoup de villes et le gain de plusieurs batailles. Mais comme le Roy ne peut pas estre present dans toutes les parties de son royaume il y commet de[s] personnes illustres qui le representent avec toutte sa dignité, et quand par un bonheur qui n'est pas commun nous tombons soubz la conduitte d'un prince qui tire son origine du sang des Roys et de la source d'un mesme prince, c'est alors que la felicité des peuples qui luy sont soumis donne de la jalouzie a toutes les autres provinces. Il est aizé, Messieurs, de vous persuader ceste veritté puisque vous comptez ceste grace entre vos principaux privileges et que vous la considerés comme la plus advantageuse marque que le Roy vous puisse donner de sa bonté. Si j'ozois regarder en la personne de Monseigneur le prince de Conti autre choze que la grandeur de sa naissance royalle, son meritte particulier et les vertus qui l'environnent, dont il me deffend de parler, je vous pourrois dire qu'il tire du costé maternel son origine d'une tige illustre qui a tousjours esté en considération a ceste province et tenu un rang si glorieux dans l'Estat despuis tant de siecles, dont les predecesseurs ont esté esclairés des premieres verittés de la religion lors mesme que nos Roys estoint dans les erreurs de l'idolastrie, et que l'on peust nommer en quelque sorte les fondateurs du cristianisme, ainsi, s'il est permis de se servir d'une chose si sainte d'un exemple prophane, l'attachement particulier qu'avoint les anceptres d'Auguste au service des dieux joint au sang des Cezars luy meritta le nom de maistre de Rome et de l'empire du monde et luy attira un respect qui n'a jamais partagé avec ses successeurs, paternum genus a regibus ortum cum diis immortalibus conjunctum est.
Mais quelque advantage que reçoive la France par la paix, vostre felicitté ne seroit pas entiere si les royaumes voisins n'estoint en repos, soit a cause de la sympathie qui est entre les naturelz ou de la liaison civille qui unit les parties differantes et qui fait qu'elles ne sont jamais dans une ferme concistance que lorsqu'elles participent a un bonheur commun, car bien que les cieux ayent leur mouvement reglé qui leur est imprimé par le premier mobille et qu'ilz achevent leurs carrieres dans le cours de l'année solaire ilz en ont neantmoins un particullier qui fait que les saisons ne sont jamais esgales et rend differans les aspectz des planettes et la conjonction des astres. Mais enfin il doibt arriver selon la pensée de quelques philozophes qu'après un grand nombre de siecles les causes celestes se rencontreront au point ou elles estoint lors de leur creation et alors touttes les chozes sublunaires reprendront leur mesme force et rentreront dans ceste premiere vigueur que la suitte du temps avoit alterée et cela s'appelle la grande année de Platon, ce que cet exellent homme s'estoit persuadé dans l'ordre de la nature se trouve veritable dans la politique, despuis plus de deux siecles l'Europe estoit agitée de differans mouvementz sans qu'elle peust avoir une assiette asseurée, la fin d'une guerre estoit le commancement de l'autre, mais enfin la France et l'Espaigne, lassées de voir tant de dezordres, ont renoué entre elles une liaison indissoluble et une reconciliation qui ne finira jamais, et le Ciel, favorisant ceste reunion, l'a estrainte par le mariage du Roy avec ceste reine incomparable qui est le miracle de nos jours comme elle sera l'estonnement de la posterité et le gage de la durée de ceste paix. Ainsy Dieu ayant retiré les eaux du deluge et voulant donner une asseurance aux hommes que sa colere estoit passée et que jamais la terre ne seroit couverte d'une inondation universelle mist dans les nuées cest arc que les poetes nomment la fille de l'admiration comme un signe perpetuel de reconsiliation et d'aliance. Il ne seroit pas difficile de faire voir par le consentement general des nations que ceste reunion de la France et de l'Espagne inspire un nouvel esprit a toutes les provinces, a peine les articles en sont ils arrestés qu'elles mettent bas les armes et que la paix reprand pocession de ceste belle partie du monde dont elle estoit bannie despuis si longtemps. La Pologne et la Suede estoint engagées dans une guerre si cruelle qu'a peyne pouvoit on esperer d'en voir jamais la fin, les puissances du Nort avoint juré une haine immortelle et tout le commerce du Septentrion se trouvoit interessé dans ce dezordre. En un momment un grand calme succede a un orage qui sembloit menacer des royaumes d'une ruine universelle. L'Allemagne rentre dans un repos dont elle n'avoit pas joui il y a longtemps, l'Angleterre, ce theatre de tant d'evenements funestes, ceste province malheureuze qui s'estoit souillée du plus infame parricide qui aist jamais esté commis, rappelle son prince legitime, sacrifie une partie des coulpables a la juste colere de son Roy pour meritter la grace de ceux qui estoint les plus innocens et fait un effort extraordinaire pour ce restablissement affin qu'il ne soit pas deub tout entier a la resolution qu'avoint pris les deux couronnes de venger la cause commune des Roys. N'est ce pas la un veritable effect de la conjonction de ces deux astres puissants qui repandent de benignes influances sur toutte la terre et qui redonnent a tous les autres estatz leur premiere vigueur ? Les Venitiens sont encore dans la souffrance, ils sont despuis si longtemps le boulevart du monde chrestien et la barriere qui arreste le progrès des infidelles, aus[s]y peut on dire qu'ilz sont les veritables heritiers de la vertu romaine et les enfens de leur dissipline, de leur esprit et de leur magnanimitté, ilz succomberoint cepandant soubz le poidz d'une si grande force s'ilz n'estoint secoureus, la paix leur a seulement donné, ceste campagne, les moyens d'arrester les progrès de leurs ennemis en attandant qu'ilz puissent reprandre les places qui leur ont esté uzurpées, et certes lorsque je considere que la paix a esté la recompance de la vie et des traveaux de Henry quatriesme, que le feu Roy Louis XIIIe a esté ravi du monde auparavant que d'en pouvoir gouster les douceurs, je puis dire avec veritté que le ciel ne couronne pas nostre prince dans le printemps de son aage que pour le destiner a d'autres entreprises, que le sang de s(ain)t Louis et celuy de tant de martirs qui le suivoint dans ses entreprizes l'appellent a quelque choze d'extraordin(ai)re, que la pietté qui a accompagnié nostre monarque dès le commancem(en)t de son regne et ceste sainte education qu'il doibt a la vertu de la Reyne sa mere, la grandeur et la magnanimitté de son courage luy font justement esperer de[s] couronnes qui sont deues il y a si longtemps a la France.
Mais il est impossible de considerer ces evenemens extraordinaires sans admirer celuy dont Dieu s'est servi pour operer ces prodiges. Je n'entreprans pas pour cella de donner de foibles louanges a Monsieur le cardinal ni mettre aucun trait a un tableau qui ne peust jamais le bien representer. Mais il importe, dit Philostrate en la vie d'Apollon de Thyanée, que les grandz hommes dessendent pour ainsi dire du theatre ou la vertu les avoit eslevez pour estre couronnés de la main du peuple, non pas que l'on puisse rien adjouster a leur gloire, mais affin que la posteritté sache que l'on n'a pas manqué de gratitude quoyqu'on n'aist pas heu assés de force pour recognoistre la grandeur de leur meritte, et certes il semble que le Ciel ne pouvoit pas souffrir qu'une vertu si sublime que celle de S. E. feust resserrée dans les limittes de la France, et la paix s'est conclue affin que ses con(se)ils peussent estre utilles a toutte l'Europe et qu'une si grande lumiere peust esclairer plusieurs royaumes tout ensemble.
Je ne puis voir sans estonnement les premiers siecles de l'entienne Rome qui produisoint ceste foule de heros, qui ont mis au monde les Horaces, les Scipions, les Pompées et les Cezars et tant d'autres qui sont encores aujourd'huy les modeles du veritable honneur et du solide meritte, cepandant tout d'un coup ceste vertu s'est ralantie comme si elle avoit esté espuisée par la production de ces hommes extraordinaires. Mais quand je considere que ceste mesme Rome a donné le jour a M(onsieu)r le cardinal, je dis que par ceste naissance elle a remplacé tout ce qui avoit manqué dans les autres temps et esgalé ce qui s'estoit fait dans les premiers siecles puisque les vertus et les differantes occasions qu'il a eu de les practiquer font advouer a tout le monde qu'il renferme en luy toutes ces hautes qualittez que ces maistres du monde avoint possedées separement, et affin qu'il ne manque rien a nostre felicitté et que nostre bonheur ne peust estre jamais alteré, ces conseilz nous ont procuré la reunion de toutte la maison royalle pour donner moyen a Monsieur le prince de continuer au Roy et a l'Estat les grandz services qu'il luy avoit rendus par le passé lorsque par ses victoires il avoit soustenu la minorité du Roy et agrandy nos conquestes, effetz du mariage du Roy qui produisent tous ces advantages a la France et qui establissent non seulement nostre quietude presentement mais qui dissipent pour tousjours nos craintes et nos apprehentions, ainsi lorsque les Anciens sacriffioint a la concorde conjugale, les principaux soings des ministres estoint d'arracher le fiel des victimes pour tesmoigner que dans une si parfaitte alliance il n'y restoit aucune choze qui peust jamais causer des dezordres ni former des nuages. Dizons donc qu'en l'estat ou la France est aujourd'hui nous n'avons plus rien a craindre que nous mesmes et que comme la paix nous asseure de tous les maux de dehors il faut presentement se garantir de ceux qui pourroient venir de dedans en relevant l'authoritté royalle qui est la veritable seureté de tout le monde. Nous scavons, et il est vray, que les princes legitimes se servent plutost de ceste voye pour maintenir leurs estatz que de la puissance, puisque l'une est une choze lourde et materielle qui traine avec soy des moyens humains sans quoy elle deviendroit immobile (sic pour inutile) au lieu que l'autre tient de la noblesse de son origine la vertu des chozes celestes, qu'elle opere avec quietude et qu'elle combat toutte seulle sans aucun secours. Mais comme ceste authoritté n'est recogneue que des gens de bien elle doibt estre acompagnée de puissance et de force pour empescher les revoltes et les dezordres. Pour cela il faut entretenir des armées et faire subcister des troupes, disons plus, il faut donner quelque occupation a ceux qui se sont consacrés a la deffence de l'Estat. La molesse des Medes dans la paix fist jour aux victoires de Cyrus, Thesée reduisist Athenes, marque d'union de touttes les parties de ceste republique soubz l'authoritté de celuy qui y commandoit, ainsy pour la recognoissance de tant de bienfaitz dont nous sommes redevables a la bonté de nostre monarque nous devons demeurer inviolablement attachés a l'authoritté royalle et fournir les moyens pour l'entretien de ceste puissance qui doit estre sa compagne fidelle, pour cela vous n'avez pas bezoing de consulter d'autres exemples que ceux de vos encestres et la forte inclination que vous avez tousjours eue pour la gloire de l'Estat et pour le veritable service du Roy, c'est dans ceste occasion qu'il faut redoubler vostre zele, et vous avés parmi vous a vostre teste Monsieur l'archevesque de Narbonne qui ne manquera jamais de vous y animer et par sa conduitte et par son exemple, et je m'estimerois bienheureux, puisque j'ay encore l'honneur de servir dans ceste province soubz les ordres de Son Altesse, si je pouvois rencontrer les moyens de contribuer quelque choze pour vostre satisfaction et donner des preuves a ceste compagnie illustre et a tous les particuliers qui la compozent du service que je leur ay voué et de mon obeissance.