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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16620112(03)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16620112(03)
CODE de la session 16620103
Date 12/01/1662
Cote de la source C 7132
Folio 19r-22r
Espace occupé 6,5

Locuteur

Titre Monsieur de Bezons
Nom np
Prénom np
Fonction Intendant


Texte :

Monsieur de Bezons a dict :
Messieurs,
Si la coustume n'obligeoit pas ceux qui sont chargés des volontés du Roy de venir dans ceste assamblée lorsqu'elle est formée pour y faire les propositions de la part de Sa Majesté, je ne doubte pas, cognoissant vostre zelle et vostre affection a son service, que vous ne previnsiez les demandes que nous avons a vous faire, mais puisque c'est l'usage je satisfais a ce qui m'est prescript par Monseigneur le prince de Conty et les chozes que j'ay a vous expliquer sur ce subjet merittent une attention particuliere de vostre part, puisque je ne suis que l'organe pour vous expliquer aveq fidelitté les ordres qui m'ont esté confiés.
Le Roy attand de vous un secours considerable dans le bezoin de ses affaires et un don gratuict proportionné a la grandeur de ceste province et aux necessitez de l'Estat, Sa Majesté croit que vous le devés par un principe de justice ; le Roy est vostre souverain et en ceste qualitté il vous doibt sa protexion, et comme ses subjetz vous devés entrer en part des bezoins et des necessittés du royaume, et les privileges dont ceste province jouit, qui luy donnent de si grandz advantages au desus des autres, vous obligent a faire un effort proportionné a vos forces et a la juste recognoissance des graces que vous avés receues de la bonté du Roy. Tous les ans vous accordés un octroy et vous y opinés debout et nuë teste comme une marque de vostre redevance, cest octroy est fixé despuis près d'un siecle a une somme modique, quoy que les despances soint infiniment augmantées, et ce que le Roy auroit peu attendre comme un droit, Sa Majesté veut bien le recevoir de ceste province a tiltre de don gratuict par la liberté de vos suffrages sans donner atteinte a vos privileges, et c'est avec raison que l'on croit que le don que vous devés accorder doibt estre grand puisque les finances se sont trouvées espuisées par une dissipation ex(traordinai)re lorsque Sa Majesté en a voulu prandre cognoissance, soit par les alienations qui avoint esté faittes despuis huict ans de près de vingt millions de livres du plus clair revenu du Royaume, ou par les engagemens de l'année 1662 et d'une partie de 1663, et l'on peust dire avec veritté que ces dezordres avoint non seulement enlevé tout le bien du Royaume mais qu'ilz avoint changé entierement la forme de l'estat, eslevans a des richesses extremes ceux qui estoint nez dans une condition vile et qui n'estoint pas destinés a soustenir une grande fortune, c'est par ceste raison que Platon nommoit les richesses et la pauvretté les deux pestes de la republique et la source de tous les maux, aussy vouloit il qu'il y eust esgalitté dans la pocession des biens et que touttes les fortunes feussent esgalles. Mais comme ceste meditation estoit plustost la pensée d'un philosophe que celle d'un legislateur et que les hommes naissans aveq de differans talens, les uns par l'excellence de leur esprit, les autres par la force de leur corps, il semble que les premiers soint destinez pour commander aux autres et que la servitude ne soit pas absolument contre le droit de la nature, neaumoins touttes les republiques ont eu des moyens pour arrester les torrens de ceux qui s'enrichissoint en peu de temps et qui se faisoint une fortune du malheur de leurs concitoyens, pour cest effect, le Roy Agis dans Lacedemone ordonna la recision des contractz et des obligations qui avoint esté passées despuis un certain temps, et les Romains qui dans leur conduitte agissoint avec plus de justice que tous les autres peuples feurent obligés de ceder la quatriesme et mesmes la troisiesme partie de leurs debtes pour arrester les plaintes du peuple contre ceux qui s'estoint enrichis de leurs depouilles, duas faces novantibus res ad plebem in optimates accendendam, dit Tite Live, et cella semble assés conforme a ce qui se pratiquoit dans la loy de Dieu ou tous les biens rentroint l'année du jubilé dans la tribu d’où ilz estoint sortis, cependant les rescisions de contractz et d'obligations avoint quelque choze d'injuste puisqu'elles establissoint la feneantize et traictoient esgalement ceux qui avoint mal acquis le bien avec ceux qui le pocedoint legitimement, mais le remede de la chambre de justice dont le Roy vient de faire l'establissement, sans despouiller les familles du bien qu'elles possedent, faira restituer a l'Estat les richesses mal acquises et reduire a leur premiere condition ceux qui s'estoint eslevés aux despans des miseres publiques ; Tibere mesprisa toutes les plaintes que l'on luy fist contre Sejan tant qu'il creust qu'elles estoint cauzées par l'adversion que l'on avoit contre la faveur dont il estoit honnoré de son prince, mais lorsqu'il cogneust qu'il se servoit des richesses dont il avoit l'administration pour se faire des amis particuliers et prefferer ses intheretz et ses passions au bien general de l'Estat, il en fist ceste justice publique qui a servi si longtemps d'exemple a la posteritté, palam compositus pudor, dict Tacitte, intus summa apiscendi libido, ejusque causa modo luxus, modo largitio.
La raison de cella est que toutte puissance venant de Dieu, il donne l'esprit proportionné a la condition a laquelle nous sommes destinés, les Roys qui naissent avec une puissance souverainne naissent avec un amour esgal pour les peuples dont ilz cherissent les intheretz, les princes que leur naissance distingue des autres hommes ont un respect tout entier pour leur souverain, et pour renfermer mon discours dans la reflection de ceux qui composent ceste assamblée, les prelatz qui compozent le premier ordre ont un attachement particulier pour leur obligation parce qu'ilz ont esté eslevés a ceste dignité par la voye de la vertu.
La noblesse n'abuze point de sa puissance, ils scavent qu'ilz sont le bras droit de l'estat et le soustien des peuples, et leur naissance les oblige a exposer tous les jours leurs vies pour le service de leur prince et la grandeur du royaume, et vous, Messieurs, qui compozés le troisiesme ordre, qui estes les magistratz municipaux des villes, vous donnés tous les jours des marques de vostre fidellitté parce que vous avés un esprit proportionné a la condition a laquelle vous estes et ou vous estes parvenus par la voye d'honneur ; il n'en est pas de mesme de ceux qui se sont eslevés de la lie du peuple a des grandes richesses ; peuvent ilz cherir la vertu ? Ilz n'en cognoissent pas les principes ; souhaitteront ilz le bonheur et la felicitté des royaumes ? Ilz se sont establis par la misere publique. Leurs biens immances ont bien cauzé un autre desordre, ilz ont porté les charges a des prix si execifz que peu de personnes y peuvent atteindre, leurs bastimens surpassent la beauté des ediffices de nos Rois et le luxe de leurs meubles cauze la ruine des familles qui les ont vouleu imitter, encore serions nous heureux si le sanctuaire et les chozes sacrées s'estoint exemptées de leur corruption, soit dans les resignations ou dans les permutations des benefices, semblables a ceux qui dans la naissance de l'esglize, ne pouvant pas meritter les graces du S(ain)t Esprit, vouloint les achepter des apostres avec de l'argent, et si la punition n'en est pas si prompte qu'elle estoit allors, c'est tousjours la mesme providence qui gouverne. Nous devons donc des graces infinies a nostre prince qui a brisé ces vases d'iniquitté ; mais il ne peust restablir l'ordre dans son royaume et reparer ces alienations qui ont esté faittes s'il ne reçoit de[s] secours considerables de ses peuples et des provinces qui en peuvent fournir, et faisant rechercher les abus des gens d'affaires il s'est privé du secours qu'il pouvoit attendre d'eux.
Il y a encore une raison considerable qui vous doibt obliger de satisfaire au desir de Sa Majesté, c'est que le don gratuict que vous donnattes l'année derniere estoit si mediocre que Sa Majesté ne l'auroit jamais accepté sans les incistances de Monseigneur le prince de Conty, qui obtint pour vous ceste grace par la consideration de l'effort que vous aviéz fait a Toloze et sur l'asseurance que l'année suivante, qui est celle cy, vostre conduitte effaceroit tous les subjets de plainte qu'on pouvoit avoir, sur ce fondement le Roy demande deux millions cinq cens mil livres de don gratuict payables en douze payemens esgaux de l'année presante 1662 pour conserver la mesme proportion qui se fait dans touttes les autres villes du royaume, outre ce Sa Majesté demande le doublement du droit d'equivallent, l'establissement du parisis sur touttes les fermes a la reserve de celle des gabelles et veust restablir les offices quatriennaux de touttes les charges dont il y a ancien, alternatif et triennal. Ce n'est pas, Messieurs, que ce consentement soit necessaire, la choze despend de la seule volonté de Sa Majesté, mais elle ne pretend pas qu'il soit faict aucune instance pour en retarder l'execution, et si d'un costé le Roy demande ce secours il veust par son authoritté contribuer au restablissement du commerce de vostre province par touttes les voyes qui seront jugées a propos et employer mesme deux solz faisant partie du parisis pour des garde-costes par les ordres de Monseigneur le prince de Conty, de concert avec vous, Messieurs, pour empescher que ce fondz ne puisse estre diverti, mais cela est plustost le subjet d'une conferance que celuy d'un discours. Faittes, s'il vous plaist, refflection sur la conduitte de la Bretagne, qui s'est efforcée de donner des marques de son zelle et de son affection, aussy est elle en estat de recevoir touttes les graces qu'elle peust esperer du Roy, la Provence n'a pas tenu la mesme routte et le succès en a esté differend, vous n'avés pas peu, dit le prophete, porter le joug que voz peres avoint porté avec douceur, c'est pourquoi je vous en impozeray un qui sera beaucoup plus pesant. Mais le zelle et la fidelitté de ceste province la met a couvert de tous ces evenemens, et quoy que vostre esprit se trouve partagé entre ce que vous devez au Roy et ce que vous devez au peuple dont les intheretz vous sont commis, songés s'il vous plait, Messieurs, que le plus grand de tous les inconveniens est de deplaire a un prince aussy juste et aussy puissant que le nostre.