AIDE Fermer

TRI DE RÉSULTATS


Pour trier les tableaux de résultats, il suffit de cliquer sur un des intitulés de colonne.



Vous pouvez également faire des tris sur plusieurs critères en cliquant sur plusieurs intitulés de colonne tout en maintenant la touche "majuscule" enfoncée.


Le nombre de critères de tri n'est pas limité.


aide
Accueil / Recherche trans-session / Discours de l'un des commissaires du roi - E16881025(3)

Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16881025(3)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16881025(3)
CODE de la session 16881025
Date 25/10/1688
Cote de la source C 7248
Folio 004v
Espace occupé 0,1

Locuteur

Titre Monsieur de Basville
Nom Lamoignon, de
Prénom Nicolas
Fonction np


Texte :

Ensuite duquel [dicours de Monseigneur le duc de Noailles] Monsieur de Basville, intendant, a fait un autre discours plus etendû.
[Texte du discours, contenu dans le Manuscrit Français n° 22403, BnF, f. 142r-149v :
Si l'obeissance que nous devons aux Roys n'est pas seulement une deference exterieure et une soumission volontaire que la providence a estably dans le meilleur ordre de la politique, mais un acte de Religion, qui nous oblige de respecter en eux l'image de la divinité, je puis dire que la mesme loy leur fait connoistre sur quelles regles ils doivent gouverner leurs Estats.
C'est par moy, dit la Sagesse, que regnent les Roys, pour leur apprendre que c'est par elle qu'ils doivent regner, et que si elle les a estably souverains legislateurs sur les hommes, ce n'est qu'a condition de la reconnoistre comme la justice souveraine et de luy rapporter leur puissance et leur force.
C'est dans ce mesme esprit que le plus sage des Roys, voulant donner une idée parfaite d'un prince né pour faire le bonheur et les delices de ses sujets, dit qu'il veille continuellement a la garde de son cœur, qu'estant assis sur son trosne, il dissipe par son regard tous les maux de son royaume.
Dans cette celebre journée, Messieurs, qui semble consacrée a publier les louanges du Prince que nous servons, en vous apportant de nouvelles marques de sa confiance et de sa bonté, si j'avois assez de forces pour oser entreprendre de vous representer icy ses vertus, de quels traits plus semblables et plus naturels pourrois je me servir.
Quel Roy rapporte avec plus d'attention toute sa conduite a cette loy divine qu'il considere comme l'unique regle de ses actions.
En a t'on jamais veu qui ait regné plus absolument sur son cœur, qui ait remporté plus seurement ses conquestes personnelles, dont la gloire n'est point partagée, et qui peut dire en un mot s'il est plus maistre de l'Europe entiere, de ses sujets, ou de luy mesme.
Mais quel objet d'admiration continuelle, lorsque l'on considere que tous les momens d'une vie si pretieuse sont consacrez au bien publicq, que, voiant tout par luy mesme, entrant dans tous les besoins de ses peuples, il n'y a aucune partie de ses peuples qui ne soit eclairée par ses soins, secourue par sa bonté, appuiée par sa justice.
Quels maux se sont jamais presentés impunement à ses yeux, et quels soins ne prend il pas pour les decouvrir dans les lieux les plus sombres et les plus escartés.
Que ne puis je icy vous rappeller le cours glorieux de ce regne, vous faire souvenir de l'estat de ce royaume lorsqu'il en a pris le gouvernement et vous donner le mesme plaisir qu'ont des voiageurs qui s'entretiennent avec joye des perils et des ecueils qu'ils ont evité, en benissant la main du pilote ou du guide qui les en a preservé.
Quels abus dans les finances, dans l'administration de la justice, dans la police des trouppes, dans les ordres de ce royaume.
Les loix estoient muettes ou impuissantes, le vice impuni, la noblesse livrée a la fureur des duels, les provinces a l'avidité des partisans, le foible gemissoit sous la puissance injuste du plus fort.
Ainsi que la lumiere dissipe les tenebres de la nuit a mesure qu'elle avance sur l'horizon, ainsi nous avons veu tous ces maux dissipez par le progrès de ce regne, la seureté publique affermie sous l'authorité des loix. Chaque année a pu estre contée par la guerison de quelqu'une de ces playes si fatales a l'Estat, et jamais on n'a donné tant de monstres a dompter aux heros de la fable que nous avons veu terrassez par la vigilence et par la fermeté de ce Prince.
A considerer la reforme universelle de l'Estat, ne croiroit on pas que ce regne doit estre mis au nombre de ces temps esloignés du bruit et du tumulte de la guerre, ou le prince orné de vertus tranquilles n'a eu d'autre objet de son application que le bien interieur de son royaume.
Ne semble t il pas qu'au commencement de ces jours heureux qui luy ont mis entre les mains les resnes de l'Empire, la justice et la paix ayent fait une alliance ferme et durable qui n'a pû estre troublée par aucun mouvement etranger.
C'est ce prince neantmoins contre qui l'Europe entiere n'a rassemblé, et ne rassemblera jamais toutes ses forces que pour offrir de nouvelles matieres a ses triomphes.
C'est luy dont la victoire a toujours accompagné les pas, qui a porté en tous lieux la terreur et la crainte avec la justice de ses armes, s'il a edifié comme Salomon, il a combatu comme David, et les siecles a venir auront de la peine a decider s'il a esté plus grand en soumettant ses ennemis par l'eclat de sa puissance qu'en reglant son royaume par l'equité de ses loix.
Mais ce n'est point assez d'avoir reuny dans sa personne sacrée ces noms fameux de pacifique et de conquerant, qui ont fait separement les titres de ses plus illustres ancestres, il a falu qu'il soit parvenu au comble de la gloire des Roys, qui consiste, pour me servir de l'expression de l'Ecriture, a descouvrir la parole de Dieu et a arracher tous les voiles dont elle estoit obscurcie.
Il n'a considéré les exemples du passé et toutes les difficultés qui se sont presentées dans la veue d'un si grand dessein que comme des moyens de relever le merite d'une action si glorieuse, mais non pas comme des obstacles capables de l'arrester.
L'ancienne Rome ne put autrefois assez admirer la fermeté de l'un de ses sacrificateurs, qui osa sortir du Capitole assiegé au travers des ennemis pour aller faire a leurs yeux un sacrifice sur une montagne voisine. Cette action luy attira la veneration des barbares mesmes, qui respecterent en luy la religion d'un homme qui venoit d'invoquer des Dieux pour leur estre contraires.
Avec bien plus de justice, la nouvelle Rome doit elle admirer aujourd'huy l'encens fumant sur tant d'autels, que la pieté de ce Prince a relevés malgré toutes les difficultés et les interests humains qui s'y sont opposés.
Si elle ne rend pas ce qu'elle doit a ses vertus, un jour viendra qu'elle luy rendra avec usure, et qu'estant depoüillée de l'injuste prevention que luy cause maintenant un aveugle attachement aux interests de nos ennemis, elle ouvrira les yeux sur cet evenement qui a deu faire l'objet de ses desirs et qui estoit si esloigné de son attente.
C'est alors qu'elle ne pensera qu'aux moiens de reparer la conduite presente en respectant la main qui a pu accomplir un si grand ouvrage et en luy donnant des marques d'une reconnoissance proportionnée aux succès d'une si sainte entreprise.
Ce Prince cependant donnera tous ses soins pour la mettre dans sa derniere perfection, on le verra affermir au milieu de son royaume le respect et la veneration qui est deu au St Siege, tandis qu'a l'exemple de St Louis il soutiendra avec une mesme fermeté les droits legitimes de sa Couronne et qu'il meritera par sa pieté le choix qu'il a plu a Dieu de faire de sa personne pour en former l'instrument si visible de sa gloire.
De la vient cette attention continuelle à tout ce qui peut la procurer, ces liberalités immenses qui se repandent sur les ministres de l'Eglise, cette loy sainte qui, bien loin de confisquer a son proffit, comme ont fait les meilleurs empereurs, les biens des heretiques, les destine a tout ce qui peut contribuer au progrez de la Religion.
Que ses sujets également insensés et rebelles aux ordres de Dieu quittent l'abondance de leur pays pour aller perir dans des terres etrangeres ; qu'ils soient considerez comme la roüille capable de defigurer ce vase pretieux que nous verrons bientost par leur esloignement dans sa derniere pureté. La bonté et la liberalité du Roy sçauront faire servir leur fuite mesme et leur crime a la Religion qu'ils abandonnent, imitant en cela la sagesse divine qui scait faire profiter ses eleus des fautes et des malheurs de ceux qui se perdent et qui s'egarent.
Mais, Messieurs, je m'apperçoy que si, en suivant l'ardeur de mon zele, je ne puis m'empescher de celebrer icy les louanges de ce grand Prince, je ne satisfais point a ses ordres, ny aux instructions qu'il nous a donné. Ce ne sont que de foibles expressions des sentimens de nos cœurs qu'il demande de nous.
Il veut que nous vous inspirions ce desir immense dont il est penetré pour le bien public et pour vous rendre parfaitement heureux.
Il n'attend pas que ses peuples luy representent leurs besoins, non seulement toujours juste, toujours accessible à leurs vœux, il ne manque jamais de les ecouter, mais il se fait un plaisir de les prevenir.
Pourvoir aux necessitez publiques lorsqu'elles sont conües, c'est accomplir les devoirs de la Royauté.
Mais desirer de les connoistre, les rechercher avec empressement, envoyer les principaux sujets du Conseil dans touttes les provinces, les uns pour y faire regner l'ordre et la justice, les autres pour augmenter le commerce et y attirer les richesses des pays estrangers, c'est agir non seulement en Roy mais en pere.
Ouy, Messieurs, nous le disons avec confiance, la voie la plus seure que vous puissiez avoir de plaire a Sa Majesté est de luy donner les moyens de vous faire du bien par des demandes justes et raisonnables.
Les acclamations publiques, les remercimens que vous luy faites, les esloges dont ses illustres prelats s'acquittent tous les ans avec tant de succès ne luy font point le mesme plaisir que les veues que vous pourrés luy donner pour le soulagement de vos familles, pour vous procurer l'abondance dans cette province.
Nous le sçavons, nous, qui avons l'honneur d'executer les ordres de Sa Majesté dans son royaume, touttes nos instructions ne sont remplies que des marques de ce zele ardent. Celuy de nous qui scait mieux y repondre en luy faisant connoistre en quoy elle peut exercer sa bonté envers ses peuples est asseuré de luy estre plus agreable par ses services, et c'est a ce prix que ses premiers ministres, qui ont merité ce comble d'honneur par tant de services, sçavent se conserver l'estime et la confiance de ce prince.
Les effects doivent encor mieux vous persuader de cette verité que mes parolles.
Les droits du Domaine remis, ceux qui se paient a l'entrée du Roussillon diminués de moitié, cette province delivrée de touttes les affaires extraordinaires, le dioceze de Narbonne assisté d'une maniere si utile et si liberale, ne sont que les commencements de tous les autres biens que vous devez attendre.
Ne craignez pas, messieurs, que les vains projets des puisssances conjurées puissent retarder les desseins que Sa Majesté a formé pour le soulagement de ses peuples.
Nous verrons la mesme nuëe qui formera les tonnerres pour accabler nos ennemis se resoudre en pluyes douces et fecondes au milieu de son royaume, le mesme bras qui a pu soumettre l'Europe est assés fort pour la remettre dans son devoir et pour repandre en meme temps ses liberalités sur ses peuples.
Si, estant seul pour soustenir le poids de l'Estat, il a porté la gloire de cette Monarchie au plus haut point ou elle puisse monter, que ne devrons nous point esperer, lorsque nous le voions aidé par un prince instruit par luy mesme, excité par ses exemples, accoustumé a vaincre sous ses auspices, né pour luy obeir et pour commander a tout le reste du monde.
Desja l'Empire a senty, par la prise d'une ville fameuse par nos conquestes et par nos pertes, ce que peut ce jeune heros, nourry pour ainsy dire dans le sein de la victoire, et qui fait connoistre que plus on tient de nostre invincible Monarque, plus on luy apartient par la proximité du sang, plus on participe a sa valeur et a la prosperité de ses armes, que son esprit anime et soutient en tous lieux.
Puisque nous avons receû cette année de nouveaux temoignages d'une bienveillance particuliere pour cette province, par des ordres d'entrer exactement dans ses besoins et de proposer des moiens de luy faire du bien, travailler utilement pendant le temps de ses Etats a examiner tout ce qui pourroit vous estre utile suivant les regles de la justice et l'ordre universel du royaume, parcourez tous les desseins que vos peres ont eu et qui n'ont pû estre executés, parce qu'ils n'avoient pas comme nous le bonheur de vivre sous un regne ou tout est devenu possible par la puissance et par la bonté du Prince.
Que cette assemblée soit marquée par quelque grace singuliere que vostre application et vos lumieres pourront vous procurer de Sa Majesté, profitez de l'avantage que vous avez d'obeir a un Roy qui fait son unique plaisir de la felicité de ses sujets.
Regne heureux, ou les ministres du Roy pressent ainsy les peuples qui leur sont soumis.
Pendant que vous apporterez une application particuliere pour receüillir le fruit de ces bonnes dispositions, que pour en profiter vous suivrez les lumieres de ce grand Cardinal, dont le merite egale la dignité, qui rend a la pourpre par ses vertus tout l'eclat qu'il en retire, et qui scait si parfaitement concilier le service du Roy avec le service de cette province, pendant que vous ecouterez la voix de cet illustre archeveque aussi distingué par son zele, par sa prudence et par son application dans la recherche de tout ce qui vous peut estre avantageux que par le rang qu'il tient dans cette auguste assemblée, nous redoublerons nos soins pour n'estre pas inutiles dans nos fonctions et pour ne pas laisser perdre des ocasions si pretieuses.
Heureux si mes lumieres pouvoient respondre a mes devoirs et a mes vœux.
Mais je voy sans peine touttes les qualités qui me manquent, lorsque je considere qu'il a plu au Roy mettre le commandement de cette province en des mains aussi habiles qu'elles sont pures.
Je scay que rien ne peut echaper a cette attention continuelle, a cet esprit toujours agissant, qui ne connoist d'autre passion que pour le bien public, d'autre interest que les vostres, d'autre plaisir que celluy de vous en faire.
C'est ainsi qu'après avoir repandu par sa presence dans le temps de cette assemblée l'odeur de ses vertus, qu'après y avoir fait connoistre comment le foible doit estre soustenu, l'innocent protegé, le vice puny, le merite appuié, le malheureux secouru, qu'après enfin y avoir donné des exemples de piété, de moderation, de fermeté qui peuvent servir a tous les ordres de cette province, si ses emplois le rappellent ailleurs, son cœur n'en est jamais esloigné, et qu'il scait mettre en usage avec tant de succès pour attirer des graces, l'estime et la confiance qu'il a acquis auprès du plus grand Roy du monde.
Je reconnois combien il est avantageux d'avoir devant les yeux un modele si parfait, et si je ne puis suivre toutes ses vertus, du moins j'imiteray toujours cette passion si loüable de rechercher avec empressement les occasions de vous estre utile par mes services dans l'employ dont il a plu au Roy de m'honnorer.]