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Discours/Cérémonie


Discours de l'un des commissaires du roi - E16881103(2)

Nature Discours de l'un des commissaires du roi
Code du discours/geste E16881103(2)
CODE de la session 16881025
Date 03/11/1688
Cote de la source C 7248
Folio 015r
Espace occupé 14

Locuteur

Titre np
Nom Lamoignon de Basville
Prénom Nicolas
Fonction Intendant


Texte :

Monseigneur le duc de Noailles et Monsieur de Basville, intendant, ont, par des discours, demandé aux Etats de la part du Roy la somme de deux millions quatre vingts mille livres en don gratuit, cent cinquante mille livres pour achever de perfectionner les ouvrages du canal de communication des mers et cent huit mille cent cinquante livres pour servir au remboursement des dioceses de Nismes et Uzez qui ont avancé cette somme pour les voitures qui ont servy a la construction des forts de Nismes, Alez et St Hipolite.
[Texte du discours de Basville, contenu dans le Manuscrit Français n° 22403, BNF, f. 150r-156v :
Si les honneurs et les respects qui sont deus a la Royauté n'estoient pas accompagnés des charges et du poids de l'Etat, nous nous contenterions de publier icy les louanges du Prince que nous servons, qui semblent estre les seules recompenses dignes des soins et des peines que les souverains prennent pour la gloire et pour la conservation de leurs sujets.
Mais ce n'est qu'a Dieu seul que ce pur sacrifice de loüanges est reservé, parce qu'il n'a pas besoin de nos biens.
Telle est la condition des Roys : ils peuvent bien imiter ce premier estre, dont ils sont l'image a titre plus particulier que les autres hommes, par des qualités bienfaisantes ; mais il faut qu'ils reconnoissent leur dependance et leur subordination dans le fonds mesme de leurs liberalités qu'ils ne peuvent s'empescher d'exiger de leurs peuples comme des tributs deus a leur souveraineté.
Ainsi, le bonheur des Estats ne consiste pas a ne desirer aucun secours pour maintenir le bien public, ce bonheur ne seroit qu'en idée, et causeroit en effet le plus grand de tous les maux.
Mais la parfaite felicité est d'obeir a un Prince qui ne considere ses revenus que pour augmenter le bien de ses sujets, pour faire regner l'ordre et la justice dans son royaume, pour en faire en un mot l'usage qui paroist a nos yeux dans touttes les parties de cet Empire.
C'est pourquoy, Messieurs, je croy pouvoir dire que l'on voit dans l'ordre de la politique et dans l'administration des Etats ce qui se passe continuellement dans l'homme et ce qui est la veritable source de sa conservation.
Le cœur, qui en fait la principale partie, a deux mouvements perpetuels egalement necessaires pour maintenir la santé et la vie, par le premier il se ferme, en recevant les alimens, et s'ouvre presque en mesme temps pour les distribuer dans toute l'habitude du Corps.
Il en est de mesme des Roys, dont le cœur est, pour ainsi dire, le centre du bien et du mal qui arrivent a leurs sujets. La mesme main qui reçoit la portion de nos biens destinée a la conservation de l'Estat, les respand aussitost dans touttes ses parties a proportion de leurs besoins.
Mais parce que non seulement la connoissance de ces besoins leur appartient, mais qu'ils sont dans une obligation indispensable d'y pourvoir, ils doivent disposer avec une entiere liberté des secours qui leur sont necessaires, de la vient que nous devons reconnoistre en eux deux sortes de pouvoirs qu'ils ont receu immediatement de Dieu.
L'un est absolu, independant et sans bornes, utile pour oster toutes les contradictions si fatales au bien des Estats.
L'autre est temperé par la justice, par la sagesse et par la moderation.
Ils peuvent ce qu'ils veulent, mais comme ils ne doivent vouloir que ce qui est juste, cette heureuse impuissance prend sa source de leurs propres vertus.
C'est en cela, Messieurs, que consiste le bonheur et la force de cette monarchie et ce qui la rendra toujours maistresse de toutes les autres nations.
Nous sommes persuadés par une heureuse experience que la regle la plus seure de nos contributions aux necessités publiques est la volonté du Prince qui nous gouverne. Nous luy donnons avec plaisir ce qu'il employe si utilement pour nos propres avantages, et nous reconnoissons que le meilleur usage que nous puissions faire de nos biens est de luy en laisser l'entiere disposition, asseurés qu'il ne s'en servira que pour maintenir la tranquilité publique et le repos de ses sujets.
Si quelqu'un pouvoit encore douter d'une verité si claire et si constante, qu'il considere cet Estat, inebranlable au dedans, redoutable au dehors, invincible a ses ennemis, vainqueur ou protecteur de tous les peuples de l'Europe.
Qu'il regarde nos frontieres devenües innaccessibles a touttes les forces des nations conjurées, et dont le moindre effet sera de porter les malheurs de la guerre dans les pays de ceux qui sont asez temeraires pour troubler la paix par des ligues et par des desseins qui n'ont esté que trop averez.
Qu'il admire enfin ces secours si prompts et si puissants toutes les fois qu'il s'agit de lever tous les obstacles qui pourroient s'opposer au bien public.
Vous venez, Messieurs, d'en ressentir les effects, vos mers commançoient a estre infectées par ces pirates accoutumés a vivre de leurs larcins, incapables d'estre soumis par d'autre voye que par la force, et qui semblent avoir pris le naturel de ces animaux cruels et farouches qui portent la terreur partout ou ils paroissent.
Vous avés veu sortir aussitost de nos ports cette armée toujours victorieuse, qui a sceu a si bon tiltre nous conserver l'empire de la mer, et donner a nostre nation la mesme gloire sur cet element presqu'inconu a nos peres qu'elle s'est acquise sur touttes les parties de la terre.
Elle a reduit en poussiere cette ville fameuse par le brigandage de ses habitans, elle a dissipé la meilleure partie de leurs biens, mais en mesme temps elle a asseuré vostre commerce et vangé toutte l'Europe.
Fasse le Ciel que touttes les autres nations, instruites par les exemples du passé et par leur propre experience, evitent a l'avenir de s'attirer par d'inutiles efforts de nouvelles marques de l'indignation de ce Prince.
Que la prise de Philisbourg, et le Rhin desja soumis a cet Empire, leur fassent connoistre que si elles n'acceptent pas les offres sinceres que Sa Majesté a declaré a toutte l'Europe pour y conserver la paix, leurs vains projets ne serviront qu'a les accabler et a causer la ruine et la desolation de leurs Estats.
Q'elles epargnent les foudres de nostre invincible monarque, qui ne devroient tomber, suivant son inclination et les mouvemens de son cœur, que sur ces infidelles, et sur ces barbares : puisse t'il paroistre a leurs yeux comme un tonnerre toujours prest a les ecraser, tandis qu'il procurera l'abondance au milieu de son royaume, que les fruits d'une paix ferme et durable croistront sous ses pas, que sa main bienfaisante s'estendra jusqu'aux royaumes voisins, que l'ombre de sa puissance y maintiendra le respect deu aux souverains et le culte des autels, que sa protection soustiendra les justes droits de ceux qui ont eu le bonheur de le servir et de luy plaire.
Semblables a ces rivieres tranquilles et fecondes, qui, après avoir engraissé les pays ou elles ont pris leur source, font encore ressentir les peuples d'alentour de la douceur et de l'abondance de leurs eaux, en repandant sur eux une partie des biens qu'elles ont apporté du lieu de leur naissance.
Mais ces fleuves ne peuvent conserver l'utilité qu'elles portent en tous lieux, si chaque pays, ou ils ont leur cours, ne leur envoye pour ainsi dire le tribut de leurs eaux, par l'ecoulement des ruisseaux et des sources dont ils sont arrosés.
Il en est ainsi des Estats, qui ne peuvent se maintenir dans la splendeur et la gloire que la prudence et le courage de leurs Roys leur ont acquis, si touttes les parties ne contribuent au bien universel.
C'est cette contribution, Messieurs, que nous venons vous demander, comme a la portion du royaume la plus noble, la plus distinguée par son zele pour le service du Roy et par une parfaite soumission a ses volontés.
Et afin que vous soiés informés de tout ce que Sa Majesté desire de vous et que vous connoissiez en mesme temps toutes les demandes que nous avons a vous faire dans le cours de ces Estats, nous avons ordre de vous demander trois sortes de fonds.
Le premier est pour le don graiuit que Sa Majesté a fixé a deux millions quatre vingts mille livres.
Le 2e est de 50 000 escus pour achever entierement le Canal de la jonction des mers, et Sa Majesté veut bien donner pareille somme pour le mesme employ.
Le 3e de 108 000 l. pour rembourser les diocezes de Nismes et d'Uzès de l'avance qu'ils ont faite pour les voitures employées aux forts de cette ville et des Sevennes.
On a loüé autrefois un des meilleurs Empereurs qui ait regné dans Rome de ce qu'il vouloit bien demander a ses sujets ce qu'il etoit en droit de leur commander. Je puis dire, Messieurs, que Sa Majesté s'est fait le mesme plaisir a vostre égard.
La maniere prompte et genereuse avec laquelle vous avez accoustumé de relever le merite des choses que vous accordés luy est infiniment plus agreable que le secours qu'il en reçoit.
Tout semble devoir contribuer cette année a vous maintenir dans cette heureuse possession.
Le Ciel, content sans doute de voir le monstre de l'heresie abbattu dans cette province, y a versé abondamment ses tresors pour reparer en quelque sorte les pertes des années dernieres et estre un presage assuré des autres biens que vous devez attendre.
Mais ce n'estoit pas assez d'avoir des recoltes abondantes, si le Roy n'avoit eu la bonté de vous donner les moyens pour reprendre ces biens dans les pays estrangers. C'est dans cette veue qu'il a remis depuis un an les droits qui sont deuz a la sortie du royaume et qu'il vous a encor continué cette grace.
Bien qu'elle soit la plus considerable que vous puissiez esperer, elle n'est pas suffisante pour remplir le desir qu'a Sa Majesté de vous faire du bien.
On a veu des princes s'attirer l'amitié de leurs sujets et meriter ce beau nom de pere de la patrie, parce qu'ils reparoient par leurs liberalités les maux que la sterilité avoit causé dans quelque partie de leur Empire.
Mais voicy un dessein bien plus grand, et qui n'a peu estre conceu que dans le cœur d'un prince né pour faire les delices de son peuple.
Il ne veut plus abandonner leur bonheur a l'inconstance et a l'inegalité des saisons.
Il veut que vous trouviez une abondance perpetuelle au millieu du royaume, qui ne soit deüe qu'a ses soins, et qui sera comme une marque perpetuelle de sa bonté toujours presente a leurs yeux.
[Dans la marge : il veut faire des magazins de bleds en cette province pour en faciliter le debit et le donner a bon marché l'année prochaine sy elle n'est pas aussi abondante que celle cy.]
Vos laboureurs verront avec estonnement des amas de bleds destinez a leur usage dans des greniers publics qu'ils n'auront pas remplis, les riches y trouveront les moiens de faire valoir les fruits de leurs moissons sans les perdre de veüe et avec une asseurance entiere de les retrouver dans leurs besoins, les pauvres jouiront avec tranquilité et sans inquietude pour l'avenir de la fecondité des recoltes presentes, persuadés qu'ils retrouveront dans les années suivantes, par la sage prevoiance du Prince, les mesmes biens dont ils jouissent maintenant.
Nous ne vous dirons pas, Messieurs, plus au long les avantages que vous pourrés retirer d'un dessein si utile, cela est reservé a une bouche plus eloquente que la mienne, nous nous contenterons de vous asseurer que non seulement Sa Majesté veut bien vous permettre de l'executer, mais qu'elle y contribuera avec plaisir des propres deniers de son épargne.
Que pourroit elle encore ajouter a tant de marques que vous avés receû de sa bonté, si ce n'est de ne vouloir pas que, dans la conjoncture presente, le don gratuit soit plus fort qu'il n'a esté dans les années precedentes, bien que Sa Majesté ait esté obligée de faire des despenses immenses pour estre en estat de confondre toutes les puissances ennemies de nos prosperités, car, s'il a esté augmenté de 30 000 l., cette derniere somme est destinée uniquement pour cette province et pour des ouvrages egalement utiles et necessaires a son commerce et a son repos.
La declaration de la guerre est ordinairement le fondement ou le pretexte dont se servent les princes pour augmenter les droits qui ont accoutusmé d'estre levés sur les peuples.
Cette conduite est bien differente des intentions de Sa Majesté, qui scait trouver par sa prudence, sans qu'il en couste a ses sujets, les secours extraordinaires dont on a besoin dans de pareilles occasions.
C'est ainsi qu'il vous fera gouster les douceurs de la paix, mesme pendant le temps de la guerre, dont les funestes effets ne seront sensibles qu'a nos ennemis.
C'est ainsi qu'attentif a vos besoins, il preferera toujours vos interests a ses propres avantages, qu'il previendra a vos desirs, et qu'il reduira l'objet de vos vœux a ce seul point de demander au Ciel qu'il donne a ce Prince le nombre des années qu'il merite et qu'il luy conserve les mesmes dispositions pour ses peuples dont son cœur est remply.]