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Délibération 17821219(05)
Nature |
Délibération en séance plénière |
Code de la délibération |
17821219(05) |
CODE de la session |
17821121 |
Date |
19/12/1782 |
Cote de la source |
C 7621 |
Folio |
337-342 |
Espace occupé |
5 |
Texte :
Monseigneur l'évêque de Montpellier a dit : Que la Commission ayant à s'occuper des divers mémoires présentés aux Etats par la ville & le Commerce d’Agde, au sujet du mauvais état où se trouve l'entrée de la riviere d'Hérault qui forme ce qu'on appelle le grau, & de l'interruption du commerce qui en a été la suite, le sieur de Montferrier, pour mettre la Commission à même de délibérer en pleine connoissance de cause sur cette importante affaire, a lu un mémoire contenant l'extrait de toutes les délibérations prises par les Etats jusqu'à-présent, depuis les premiers temps où il fut question d'établir un port sur la côte d'Agde ; par où on voit que ce projet formé en 1630, consistant à la construction d'un môle attaché à la côte tirant vers l’isle de Brescou, ne fut accueilli que par les égards dûs à la sollicitation de M. le cardinal de Richelieu : que les Etats firent tous leurs efforts pour être déchargés de la dépense d'une entreprise aussi coûteuse, leurs représentations à ce sujet ayant été réitérées chaque année, mais inutilement jusqu'en 1651 : qu'après avoir employé plus de cinq cents mille livres, les Etats résolurent de retrancher pour jamais pareille dépense, en laissant le soin d'entretenir & conserver le môle qui étoit construit aux consuls de la ville d'Agde & autres qui y prendroient intérêt.
Que cette résolution eut son effet, puisqu'il ne fut plus question d'aucune nouvelle imposition jusqu'en 1668 : que l'inutilité de ces premiers travaux ayant été reconnue, ils furent abandonnés, & on se retourna vers les travaux à faire à la riviere, pour lesquels les Etats se porterent à accorder à la ville d'Agde le secours de quelques légeres sommes, qui furent employées à former d'abord une jetée du côté du couchant.
Que ce premier travail, continué jusques à une certaine distance, n'ayant pas produit tout l'effet qu'on en attendoit, on entreprit une autre jetée parallele à la premiere ; qu'on en vint ensuite non-seulement à diguer tous les deux bords de la riviere depuis la ville, mais même à en revêtir la plus grande partie de maçonnerie ; qu'on jugea ensuite nécessaire de réhausser toutes ces digues, & qu'on dépensa à ces divers travaux plus de neuf cents mille livres, sans qu'on ait pu parvenir à empêcher les dépôts que la mer forme à l'embouchure de la riviere, & à en rendre l'accès facile à tous les bâtiments ; qu'on a vainement employé en divers temps, & notamment en dernier lieu, pour détruire ces dépôts le travail des pontons, dont l'insuffisance a été enfin reconnue, & qu'on se réduit à-présent à proposer de nouveaux travaux, dont les projets formés par diverses personnes, & notamment de zélés citoyens de la ville d'Agde, & adoptés par ses administrateurs, ont été par eux présentés pour être mis sous les yeux des Etats.
Que le même mémoire du sieur de Montferrier contient l'analyse de ces différents projets, qui tous se réunissent à proposer le prolongement des jetées actuelles, en les détournant, soit par un angle obtus, ou par une courbe du côté du couchant, & en y ajoutant des caissons ou jetées brisées, qu'on prétend plus avantageuses que les jetées attachées à la terre & non interrompues pour remplir l'objet qu'on a en vue.
Que la Commission, après avoir entendu la lecture dudit mémoire, a examiné les plans joints aux observations de chacun des auteurs des projets, ainsi que l'évaluation de leur dépense portée, suivant le projet de M. des Ravinieres, à plus de sept cents mille livres, en formant les caisses isolées, & à trois cents & tant de mille livres, en s'en tenant à la jetée contiguë, & qui, suivant le projet & estimation de Mr. Rigaud, qui ne differe du précédent qu'en ce qu'il se contente du prolongement de la digue du côté du levant & de l’établissement de quelques caissons, ne doit monter, en distinguant la dépense des caissons qu'il estime à deux cents quatre-vingt-dix-huit mille livres, de celle des seuls ouvrages du côté du levant, montant à cent soixante-quinze mille livres, & la totalité des travaux, dans la supposition de la préférence donnée aux jetées pleines & continues, dont les frais, selon lui, iroient à plus de deux cents cinquante mille livres.
Que la Commission a encore examiné une addition au mémoire du sieur Rigaud qui, en réduisant son projet à l’établissement de deux seuls caissons du côté du levant, qu'il croit pouvoir produire les mêmes effets, réduit la dépense, suivant son estimation, à cent trente-huit mille livres.
Qu'elle a vu encore un projet du sieur Billoin, l'un des inspecteurs des travaux de la province, employé depuis longtemps dans le diocese d'Agde, qui ne présente que le même prolongement des jetées, en leur faisant décrire une ligne courbe, connue en géométrie sous le nom de cicloïde, dont l'embouchure seroit dirigée vers le couchant, & dont la dépense seroit d'environ cent trente mille livres.
Qu'elle a aussi pris connoissance de l'avis du sieur Ducros, lequel ayant eu communication de ces divers projets & les ayant discutés, a observé que le prolongement des jetées continues, en les dérivant vers l’ouest, produiroit peut être pour un temps assez long le rétablissement de la navigation au grau d'Agde ; mais que l'effet en seroit moins durable & même moins assuré que celui des jetées brisées, par les raisons sensibles qu'en donne le sieur Rigaud que la jetée isolée qui répond au milieu de l'ouverture du port de Sette & le caisson qui est placé à quelque distance du môle de ce même port indiquent par la profondeur constante d'eau qui se trouve à leur entour l'effet qu'on doit attendre de ce genre d'ouvrages ; mais qu'indépendamment de la grande dépense des huit caissons proposés pour le port d'Agde, il a été très-bien observé qu'un vaisseau battu de la tempête se sauveroit difficilement dans le chenal, à travers cette multitude d'écueils qui borderoient l'entrée du grau, & que c'est avec raison que l'auteur, qui a senti cette difficulté qu'il a essayé de résoudre, a proposé depuis de renoncer aux quatre caissons du côté de l'ouest, dont on lui avoit d'ailleurs objecté le peu d'utilité.
A quoi ledit sieur Ducros ajoute : Que quoique le choc des vagues contre les caissons doive empêcher les sables de se déposer aux environs, & même produire des enfouillements sur le banc actuel, cependant il est difficile de prévoir jusques à quelle distance & à quelle profondeur l'effet de ce choc pourra s'étendre ; que cependant, la connoissance de la quantité de cet effet est la seule qui puisse servir à régler l'intervalle entre les caissons & à déterminer le plus ou moins d'utilité de leur emploi ; que d'ailleurs, étant vraisemblable que les ingénieurs qui ont fait construire les jetées qui bordent le chenal du grau d'Agde ne les ont dirigées du nord au sud & n'ont prolongé la jetée de l'est plus que celle de l'ouest que parce que cette disposition est la plus avantageuse pour que les bâtiments puissent entrer par le plus grand nombre de vents. Il faut éviter, autant qu'il se pourra, qu'en voulant diriger les ouvrages de maniere à entretenir un fonds constant, on ne rende l'entrée plus difficile, ou peut être même impossible par le vent de nord-est & autres qui approchent de la direction de celui-là & sont assez fréquents sur cette côte ; & que pour cet objet, il ne faut prolonger les jetées de l'est & les courber vers l'ouest, qu'autant qu'il sera indispensable pour enlever la barre.
D'après lesquelles observations, il estime que dans le cas où les Etats voudroient faire travailler incessamment au rétablissement du port d'Agde, il seroit convenable de se borner, quant à présent, à prolonger sur quatre-vingt toises de longueur la jetée de l'est en la détournant vers l'ouest, & qu'il seroit avantageux d'établir dans la même direction, & à quarante toises au delà de l'extrémité de la nouvelle jetée, un caisson isolé.
Qu'au moyen de ces ouvrages, qui se porteroient à environ cent mille livres, les Etats sauroient bientôt à quoi s'en tenir sur le rétablissement désiré de la navigation au port d'Agde, & qu'ils se détermineroient ensuite selon les effets produits par les nouveaux ouvrages.
Que MM. les Commissaires ont ensuite donné toute leur attention,
1°. Aux représentations contenues dans le mémoire de la ville d'Agde, & appuyées par les délibérations des villes de Toulouse & de Castelnaudary, où en insistant sur la nécessité de la prompte exécution de celui des projets qui sera adopté par les Etats, on propose de fournir à la dépense par un emprunt au paiement des intérêts & subsidiairement du capital, duquel il seroit pourvu au moyen du fonds de douze mille livres que les Etats ont bien voulu accorder jusques à présent pour les travaux dudit grau, & dont l'imposition pourroit être continuée sans augmenter les charges communes.
2°. Aux mémoires qu'ont aussi présenté la ville & le Commerce de Sette, où, après avoir fait le parallèle des avantages réels de la prompte exécution de la construction déjà délibérée par les Etats d'un canal depuis celui de Sette dans l'étang de Thau jusques à l'embouchure dans le même étang de celui de communication des mers en longeant la plage, avec le succès pour le moins douteux de l'exécution des travaux quelconques qu'on pourroit entreprendre pour la bonification du grau d'Agde, ils demandent, dans le cas où les Etats ne croiroient pas devoir entreprendre concurremment ces deux importants projets, que la préférence fût au moins accordée à celui du canal dont l'exécution seroit plutôt & peut-être plus sûrement utile au commerce d'Agde, que celle des projets qu'il sollicite.
Qu'après la plus sérieuse discussion des détails de tout ce qui vient d'être exposé à l'assemblée, MM. les Commissaires, frappés de la diversité des opinions des ingénieurs & autres personnes également habiles qui ont dirigé tant anciennement que jusques à présent les travaux qu'on blâme aujourd'hui, & considérant que les nouveaux projets sont plus propres à faire naître des doutes qu'à établir une certitude sur le succès de leur exécution, qu'une sage administration ne peut se dispenser d'avoir avant de se livrer à des dépenses aussi considérables que celles dont il s'agit, ont pensé qu'il étoit indispensable d'avoir de plus grands éclaircissements avant de prendre aucune détermination définitive ; que reconnoissant en même temps les avantages réels du canal projeté dans l'étang de Thau, même pour le commerce d'Agde, soit en attendant le rétablissement de la navigation par le grau de cette ville, soit même dans le cas où il existeroit, & la facilité démontrée de l'exécution de ce projet déjà adopté par les Etats & qui n'a été suspendue que par les circonstances fâcheuses de l'accablement des peuples, par les impositions dont ils ne sont que trop chargés, il a paru également convenable de reprendre l'examen de la construction de ce canal, & qu'en conséquence MM. les Commissaires ont cru devoir proposer à l'assemblée,
1°. De prier Monseigneur l'archevêque de Narbonne de vouloir bien se concerter avec M. le ministre de la marine, pour avoir un savant également habile dans l'hydraulique & l'art de la navigation, qui pût se transporter à Agde & y faire assez de séjour pour s'instruire de la direction des vents & des courants qui règnent sur cette côte, surtout dans le temps des inondations de la riviere d'Hérault, & acquérir ainsi les connoissances propres à former un avis sur les moyens qu'il croira les plus assurés pour remplir l'objet de cette ville & de son Commerce, lequel étant rapporté à la prochaine assemblée des Etats, pourra déterminer leur délibération définitive sur cette importante affaire ; & cependant de délibérer la même imposition de douze mille livres pour servir aux réparations les plus urgentes de l'entretien des jetées, qui sont perfectionnées par le même entrepreneur, & sur les prix du bail actuel, suivant ce qui lui sera prescrit par le directeur du département, sans qu'il puisse être entrepris aucun nouvel ouvrage, sous aucun prétexte, & à d'autres dépenses qui pourroient être jugées nécessaires par MM. les Commissaires des travaux-publics pendant l'année.
2°. De charger aussi le sieur Ducros de reprendre les derniers errements du projet fait par le feu sieur Garipuy, & approuvé par les Etats, de la construction du canal depuis Sette jusqu'à Agde dans l'étang de Thau, pour en rapporter les plans, devis & estimation à la prochaine assemblée, & y être délibéré ce qu'il appartiendra.
Ce qui a été délibéré, conformément à l'avis de MM. les Commissaires.
Monseigneur l'évêque de Montpellier a encore ajouté : Que la Commission, après avoir généralement applaudi au mémoire du sieur de Montferrier, a été d'avis de proposer aux Etats de le faire imprimer, comme contenant des recherches & des vues qui peuvent être utiles, & méritent d'être conservées.
Ce qui a été unanimement approuvé par l'assemblée.
Economie |
17821219(05) |
Travaux publics |
En attendant qu'après concertation entre l'archev. de Narbonne & le ministre de la Marine un expert en hydraulique soit nommé en vue d'estimer les travaux à faire au grau d'Agde pour le rendre praticable, les Etats votent la somme habituelle de 12 000 l. |
Action des Etats
Travaux publics et communications |
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Economie |
17821219(05) |
Travaux publics |
L'examen par Ducros de 3 projets pour rendre le grau d'Agde praticable en tout temps révèle leurs divergences et leur coût considérable pour une efficacité aléatoire |
Action des Etats
Travaux publics et communications |
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Economie |
17821219(05) |
Cours d'eau et voies navigables |
Les Etats décident, plutôt que de d'augmenter les fonds destinés au grau d'Agde, de reprendre les travaux du canal de Sète à Agde à travers l'étang de Thau, suspendus à cause de la conjoncture ("accablement des peuples", impôts trop lourds) |
Action des Etats
Travaux publics et communications |
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Plaintes |
17821219(05) |
Misère de la province |
Les Etats rappellent que les travaux du canal de Sète à Agde à travers l'étang de Thau ont été suspendus à cause de la conjoncture ("accablement des peuples", impôts trop lourds) |
Action des Etats
Catastrophes et misères |
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Institutions de la province |
17821219(05) |
Diffusion de l'information dans la province |
Le mémoire de Montferrier rappelant les décisions des Etats sur le port d'Agde & exposant les conclusions de Ducros sur 3 projets destinés à le rendre praticable er tous temps sera imprimé, car "contenant des recherches & des vues qui peuvent être utiles" |
Action des Etats
Institutions et privilèges de la province |
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