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Délibération 16490628(01)
Nature |
Délibération en séance plénière |
Code de la délibération |
16490628(01) |
CODE de la session |
16490601 |
Date |
28/06/1649 |
Cote de la source |
C 7101 |
Folio |
28r-30r |
Espace occupé |
4 p. |
Texte :
Monseigneur l'evesque du Puy a dit qu'il avoit receu un courier exprès qui partit mercredi de Paris denier et arriva icy le sammedy suivant et avoit charge de faire cette dilligence extraordinainre pour luy randre promptemant des lettres de la part de ses amys de la cour, par lesquelles on luy donnoit avis que le vingtie(sme) du p(rese)nt mois la Reyne auroit dit le matin a l'une des principalles personnes de sa maison que le soir precedant on l'avoit advertye que ledit seigneur evesque du Puy faisant le sermon de l'ouverture des Estatz du Languedoc avoit avancé trois propositions bien estranges.
La premiere, que Dieu punissoit les Roys tirans par sa Justice secrete comme le prouvoit la mort du Roy d'Angleterre sur un eschafaut.
La seconde, et les mechantes Reynes, Jesabel et Fredegonde et une au(tr)e que Sa Majesté ne peut nommer.
La troisiesme, que l'argent que l'on demandoit au Languedoc n'estoit point pour le Roy mais bien pour un estranger.
La personne a qui la Reyne fit ce discours suplia très humblemant Sa Majesté de ne pas condamner un gentilhomme, un p(re)b(st)re, un evesque et son domestique sans l'avoir escouté, a quoy la Royne par sa bonté ordinaire auroit fait reponce qu'elle souhaitoit que ledit sieur Evesque du Puy fut bien justiffié parce qu'autremant elle se sentiroit doublemant offencée d'avoir esté si mal traittée par un homme de vertu et son domestique.
Sur lesquelz avis le sieur evesque du Puy supplie très humblemant l'assamblée, puîqu'il a l'honneur d'avoir eu tous ceux qui la composent pour ses auditeurs, de vouloir randre tesmoignage a la verité et a son innocence et de le vouloir decharger d'une si violante imposture et d'une si noyre calomnie dont on a voulu surprandre la bonté de la Reyne et de ses ministres.
Qu'il n'avoit marqué que les principaux points de son sermon en latin sellon la coutume ordinaire et que neanmoins il raporteroit exactemant et fidelemant les endroits de son discours qui pourroient avoir paru les plus libres, lesquelz il soumettoit a la plus rigoureuse censure de plus de deux mil auditeurs qui l'avoient escouté, s'offrant même de donner la piece toutte entiere au publicq si on le desiroit, il prenoit a tesmoin leur consciance et leur memoire que jamais on ne luy a ouy nommer le nom de Roy tiran pris a part et separemant, qu'il n'a parlé en aucune façon du Roy d'Angleterre.
Qu'aussi peu il a parlé ny pansé a faire cette propo(siti)on des mauvaises Reynes ny de nommer Fredegonde ny aucune au(tr)e, bien avoit il touché l'histoire de Jesabel, estant encore en une suitte de discours qui n'approchoit en aucune façon du sens auquel on l'a appliqué en cette calomnie, et quand a la troisiesme propo(siti)on, il est vray qu'il avoit uzé de cette façon de parler de mains estrangeres, mais en un raisonnemant si differand de la pensée qu'on luy impozoit qu'il luy est impossible de forger une plus fauce et plus noire calomnie que celle dont on l'a voulu noircir, ne luy restant que cette consolation que ce discours a esté fait devant une assamblée si illustre et des tesmoingts si dignes de foy qu'il espere que son innocence appuyée de leur declara(ti)on vaincra les detractions et le maintiendra en l'esprit de la meilleure des Reynes en l'ancienne creance que Sa Majesté a toûjours eu de sa probité et fidelité inviolable au bien de son service.
Cette proposition entendue, plusieurs de l'assamblée ayant remis sur le champ en leur memoire et par une comune concertation rapellé en leur esprit les principaux points du discours de Monseigneur l'evesque du Puy et principalemant ceux qui pouvoient avoir donné quelque pretexte a ces sinistres interpreta(ti)ons, il a esté constamment reconnu et remarqué que quand au premier point de ce faux rapport qui conciste en cette proposition que Dieu punissoit les Roys tirans comme celluy d'Angleterre, il est très certain que led. seigneur evesque du Puy n'en a prononcé ny les parolles, n'ayant point nommé le nom de tyran, ny parlé du tout directemant ny indirectemant du Roy d'Angleterre.
Pour le second, qui porte qu'il punissoit aussi les mauvaises reynes comme Jesabel, Fredegonde et quelque au(tr)e, bien est vray qu'il a raporté l'histoire de Jesabel, et ce fut en un sens qui n'a aucun rapport a cette these, mais en exortant les deputez a estre retenus en la distribution des biens de leurs concitoyens, il les y porta par cet argumant : les Roys, les ointz de Dieu establys par luy en la souveraineté de puissance, ont droit d'exiger de leurs peuples partie de leurs biens, et Samuel, en l'establissemant de Saul, descrivant aux Israelites le droit de Roy, il leur dit : il prandra de vos biens et de vos olives, il partagera dedans vos vignes, il fera de vos enfans ses serviteurs et ses servantes, et neanmoins bien que les Roys ayent tant de pouvoir et de privilege et qu'ils ayent droit mêmes quelquefois en la necessité de leurs affaires d'exiger plus que d'ordinaire, si est ce que lorsque quelques uns d'entre eux au(tr)effois ont abusé de ce pouvoir, Dieu a fait des trônes et de leur gloire les eschafaux de sa justice et soumis ceux qui commandoient aux hommes aux piedz des chevaux, temoin Jesabel, princesse malheureuse qui pour avoir violammant enlevé la vigne de Nabot fut châtiée de la sorte, que si Dieu vange ainsy les violances faictes sur les peuples mesmes en la personne de ceux a qui il les a absolumant soubmis, que ne fairoit il contre des personnes particulieres, qui n'ayans pas l'autorité d'un prince et estans deputez pour estre les tuteurs et conservateurs des biens de la province feroient neanmoins des profuzions injustes aux depans de la fortune de leurs concitoyens.
Sur le troisiesme point, il a esté unanimemant remarqué qu'il ne se pouvoit pas former une calomnie plus impudante que d'avoir tourné par equivoque le sens des parolles de Monseigneur l'evesque du Puy comme on l'a fait sur ce mot d'estranger, car voici ce que fust son raisonnemant : quel pere de familhe, quel chef de maison voudroit enlever le pain des enfans et le donner a des personnes de dehors, a des gens inconnus, vous donc qui estes icy les peres de la familhe, deputez de toute la familhe pour estre les tuteurs des peuples et les legitimes dispensateurs de leurs biens, ne seriés vous pas très coupables, ne seriez vous pas très cruelz si vous ostiez indiscretemant le pain et le bien des enfans de la familhe pour le mettre en la main des personnes estrangeres que je ne connois point et ne veux point connoistre, ce sont ses propres paroles, il nomma non pas un estranger, mais des mains estrangeres, et ce mot estrangeres non pas pour exprimer leur lieu de naissance et leur nation, mais pour continuer son allegorie de ceux du dehors avec ceux de la province, parole qui n'a garde de se pouvoir legitimemant apliquer a ceux a qui la province n'a jamais rien donné et qui ne luy ont jamais rien demandé.
Toutte l'assamblée ayant reconnu unanimemant que c'estoit la les propres paroles et le vray sens et suitte de Monseigneur l'evesque du Puy très elognées de la calomnieuse interpreta(ti)on qu'on leur a donnée devant Sa Majesté et qu'il n'avoit pas la moindre ombre de l'image qu'on leur a voulu represanter, et qu'au contraire en tout le reste de son discours il avoit loué et estably la fidelité et le zele qu'un châcun doit au service du Roy et n'avoit porté aucune propo(siti)on qui n'ayt esté jugée très saine et très innocente, il a esté deliberé que sur le champ Messeigneurs les evesques de Carcassonne et d'Usez, Messieurs les barons de Castelnau et de Lenta, Messieurs les capitoux de Thoulouze, consulz de Montp(elli)er, Carcassonne, Nismes et Le Puy iroient treuver Messieurs les commissaires presidans pour le Roy aux Estatz pour leur donner part de cette nouvelle et leur faire scavoir cette très noire calomnie faite contre un prelat très innocent et d'ailheurs très injurieuse a l'assemblée, qui, honnorant de tout son coeur comme elle doit Sa Majesté et ses ministres, s'estimeroit criminelle du plus enorme des crimes si elle avoit escouté un discours qui peut tant soit peu violer le respect et la veneration deue a la Royauté et a Sa Majesté sans l'avoir rellevée et s'en estre plaincte, et pour les suplier, eux qui estoient presans aussi a cette predica(ti)on et qui n'auroient pas souffert sans s'en plaindre qu'on ait proposé en public de telz discours devant eux, de vouloir se souvenir et reconnoistre si les paroles et propo(siti)ons cy dessus enoncées ne sont pas les mesmes termes et parolles de Monsieur l'evesque du Puy et si l'intepreta(ti)on qu'on escrit avoir esté mandée a Sa Majesté n'est pas tout a fait fausse et calomnieuse et d'en vouloir randre fidel tesmoignage a Sa Majesté, et peu apprès lesd. sieurs estant retournez ont fait leur rapport et dit que Messieurs les commiss(ai)res presidans pour le Roy aux Estatz avoient protesté se souvenir très bien que le sens et les parolles de la predica(ti)on de Monsieur l'evesque du Puy estoient les mêmes qu'on leur venoit de represanter de la part de l'assamblée et qu'il n'y a rien de plus faux que l'interpreta(ti)on qui leur a esté donnée selon qu'il est raporté par la lettre ecrite de la cour, que de très bon coeur ils assureroient Sa Majesté de la verité et sont prests de souscrire au temoignage que l'assamblée des estatz en veut randre.
Surquoy, les voix cueilies, a esté unanimemant resolu que le sieur Descornez s'en ira en poste pour avec Messieurs les deputez du pays en cour randre a Sa Majesté les lettres que l'assamblée se donnera l'honneur de luy ecrire sur ce sujet, a laquelle aussy Messieurs les deputez avec luy randront un plus ample temoignage de la douleur qu'a eu l'assamblée qu'aucun de son corps ayt esté touché du moindre soupçon d'une faute contraire a la plus ardante et generale inclination de toutte la province, qui n'a aucun sentimant plus fort que celluy d'honnorer Sa Majesté d'un respect et venera(ti)on toutte particuliere, surtout ce soupçon s'estant addressé contre un prelat qui en tous lieux et occasions fait esclater son zele particulier pour son service et les sentimans extraordinaires qu'il a de sa bonté. A esté aussy resolu qu'il randra aussi des lettres que l'assamblée se donnera l'honneur d'ecrire a Son Eminence avec Messieurs les deputez qui luy randront compte de la verité de cette action et des très humbles respectz de l'assamblée.
Relations avec la Cour (gouvernement) |
16490628(01) |
Députés à la cour |
Les députés à la cour apporteront à la reine des lettres justifiant l'évêque du Puy des mauvaises interprétations du sermon prononcé à l'ouverture des Etats et lui rendront compte de la vérité |
Action des Etats
Relations avec le roi, la cour, les commissaires royaux |
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Relations avec les commissaires du roi |
16490628(01) |
Intercession |
Des députés sont nommés pour soumettre l'interprétation donnée par l'assemblée du sermon d'ouverture de l'évêque du Puy, soupçonné par la reine, aux commissaires du roi ; ceux-ci la trouvent juste et promettent de rapporter leur témoignage à Sa Majesté |
Action des Etats
Relations avec le roi, la cour, les commissaires royaux |
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Economie |
16490628(01) |
Postes |
Le messager portant à l'évêque du Puy les lettres l'avertissant du mécontentement de la reine au sujet de son sermon d'ouverture a fait une "diligence extraordinaire" : parti de Paris mercredi, il est arrivé samedi à Montpellier |
Action des Etats
Travaux publics et communications |
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Relations avec l'assemblée |
16490628(01) |
Sentiments exprimés explicitement par le roi |
La reine a fait savoir à son entourage qu'elle était offensée par 3 propositions "étranges" contenues dans le sermon d'ouverture de l'évêque du Puy (sur les rois tyrans, les méchantes reines et un étranger à qui va l'argent de la province) |
Action royale
Relations avec le roi, la cour, les commissaires royaux |
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Relations avec le roi |
16490628(01) |
Sentiments exprimés explicitement par les Etats |
Les députés à la cour apporteront à la reine des lettres justifiant l'évêque du Puy des mauvaises interprétations du sermon prononcé à l'ouverture des Etats et l'assureront de la douleur que l'assemblée ressent de ses soupçons |
Action des Etats
Relations avec le roi, la cour, les commissaires royaux |
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Défense des privilèges |
16490628(01) |
Soutien aux députés et aux officiers des Etats |
Examinant le second point contesté du sermon d'ouverture de l'évêque du Puy, les Etats attestent qu'il a dit que les députés, comme pères du peuple et responsables des biens de leurs concitoyens, ne doivent pas en faire des "profusions injustes" |
Action des Etats
Institutions et privilèges de la province |
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Défense des privilèges |
16490628(01) |
Soutien aux députés et aux officiers des Etats |
Les E. examinent 3 points "étranges" (rois tyrans, méchantes reines, étranger) relevées par la reine dans le sermon d'ouverture (devant 2 000 personnes) de l'év. du Puy (il a été averti par des lettres d'amis de cour) & attestent la fausseté des soupçons |
Action des Etats
Institutions et privilèges de la province |
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Défense des privilèges |
16490628(01) |
Soutien aux députés et aux officiers des Etats |
Examinant le premier point contesté du sermon d'ouverture de l'évêque du Puy, les Etats attestent qu'il n'a jamais parlé de rois tyrans ni du roi d'Angleterre mort sur l'échafaud |
Action des Etats
Institutions et privilèges de la province |
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Défense des privilèges |
16490628(01) |
Soutien aux députés et aux officiers des Etats |
Examinant le 3e point contesté du sermon de l'évêque du Puy, les Etats attestent qu'il a dit que les députés, comme pères de la famille & tuteurs des peuples, ne doivent pas donner leurs biens à des mains étrangères, c'est-à-dire extérieures à la province |
Action des Etats
Institutions et privilèges de la province |
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