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Délibération 17871224(06)
Nature |
Délibération en séance plénière |
Code de la délibération |
17871224(06) |
CODE de la session |
17871213 |
Date |
24/12/1787 |
Cote de la source |
C 7643 |
Folio |
61-66 |
Espace occupé |
5,8 |
Texte :
Monseigneur l'évêque de Montpellier a dit : Que d'après le compte rendu aux Etats le 16 décembre 1786 des travaux du Grau d'Agde, les prolongements des jetées faits jusqu'alors s'étendoient du côté de l'est à soixante-cinq toises en avant de la caisse placée en 1784, & du côté de l'ouest, à soixante-quinze toises au-delà de l'extrémité de l'ancien môle ; & que de plus, on avoit formé à quarante toises en avant de ce dernier prolongement une jetée isolée de dix toises de longueur ; à quoi il fut ajouté que ces diverses jetées n'avoient encore ni la hauteur, ni la largeur de trente-trois pieds au couronnement qu'elles devoient avoir, mais qu'elles étoient déjà assez fortes pour résister à la mer, & assez élevées pour contenir le courant de la rivière, & l'obliger ainsi à procurer l'amélioration du Grau ; que c'est en effet ce que l'expérience a prouvé, puisque les jetées ont parfaitement résisté, les 12, 13 & 14 janvier dernier, à des coups de mer de la plus grande violence, & tels qu'on n'en avoit éprouvé de pareils depuis 1740, & que d'un autre côté, la profondeur d'eau a été augmentée à l'embouchure de la rivière, ainsi qu'il résulte des sondes qui ont été faites, & dont il sera parlé dans la suite de ce rapport.
Que cette année, dès que le retour de la belle saison a permis d'aller jeter à la mer, on s'est occupé à épaissir & à surcharger toutes les jetées faites les trois années précédentes ; & lorsqu'elles ont été toutes formées régulièrement selon les dimensions qu'elles doivent avoir, on a travaillé à de nouveaux prolongements qui ont été faits sur trente toises de longueur du côté de l'est, & sur environ vingt-trois toises du côté de l'ouest ; qu'on a eu soin de donner à ces derniers prolongements la même largeur de trente-trois pieds au niveau des eaux qu'ont les précédents, & environ trois pieds de hauteur au-dessus de la surface de la mer ; mais qu'il faut cependant s'attendre qu'ils éprouveront des affaissements, à peu près pareils à ceux qu'avoient éprouvé les précédents.
Qu'au moyen des nouvelles jetées, on a un prolongement total de quatre-vingt-quinze toises du côté de l'est en avant de la caisse construite en 1784, & de quatre-vingt-dix-huit toises au-delà de l'ancien môle de l'ouest, & de plus, la jetée isolée formée l'année dernière, & fortifiée celle-ci, qui n'est plus qu'à dix-sept toises de distance de l'extrémité actuelle de la jetée de l'ouest.
Qu'indépendamment des travaux relatifs à l'amélioration du Grau, on s'est encore occupé de ceux qui ont été nécessaires pour entretenir & perfectionner les anciens ouvrages, & qui consistent, 1°. A avoir prolongé sur treize toises de longueur le réhaussement de la digue de l'est, qui, par ce travail, a été porté jusques près de l'extrémité de l'ancien môle. 2°. A avoir fait divers rempiétemens au côté extérieur de la même digue, afin d'arrêter les sables de la plage qui passoient à travers. 3°. A avoir surchargé & élargi les taluds intérieurs & les bermes de la digue de l'est, au grand contour de la rivière, sur cent quatre-vingt-deux toises de longueur. 4°. A avoir planté en tamarins dix mille huit cents toises quarrées, sur les plages, à l'est & à l'ouest de la rivière ; laquelle plantation a généralement bien réussi, & a déjà beaucoup servi à fixer les sables. 5°. A avoir construit un pont plat sur un fossé qui traverse le chemin qui conduit au logement des pilotes côtiers.
Que d'après le toisé du sieur Ducros, tous les ouvrages ci-dessus, qui étoient faits à l'époque du premier octobre dernier, & auxquels il faut joindre divers frais pour les sondes, pour l'entretien de la chaloupe qui sert à ces sondes, pour les réparations des guérites servant à l'inspecteur & aux contrôleurs, & pour divers autres menus objets dont les pièces justificatives ont été rapportées, se portent à la somme de cent douze mille sept cents une livres huit sols onze deniers, qui a été payée à l'entrepreneur.
Que depuis l'époque du premier octobre, on a profité de quelques jours de temps calme pour travailler à perfectionner les prolongements faits cette année, ce qui fait un objet de dépense qui n'a pu être compris dans le toisé définitif.
Que sur ce qui fut exposé à MM. les Commissaires des Travaux-Publics, assemblés le 27 mars dernier, que les plantations de tamarins faites sur la plage étoient habituellement dévorées par les troupeaux des environs, ils jugèrent convenable d'établir un garde à bandoulière qui veilleroit à l'exécution de l'ordonnance rendue par M. l'intendant pour la conservation de ces plantations, & en même-temps à empêcher les entreprises fréquentes des pêcheurs qui dégradoient les digues & les jetées.
Que la communauté d'Agde exposa à la même assemblée de MM. les Commissaires des Travaux-Publics qu'un peu au-dessous du pont de cette ville, la rivière d'Hérault étoit traversée par le reste d'une ancienne digue de moulin, au-dessus de laquelle les bâtiments ne pouvoient passer qu'avec une partie de leur charge, parce qu'il n'y avoit qu'environ sept pieds d'eau, ce qui préjudicioit beaucoup au commerce, & elle demanda qu'il fût travaillé à l'enlèvement des dépôts qu'elle disoit s'être faits sur cette digue, depuis qu'on avoit cessé d'y travailler avec un ponton.
Que MM. les Commissaires ayant chargé le sieur Ducros de faire la vérification relative à cette demande, ce directeur rendit compte à une seconde assemblée qui eut lieu le 17 juillet des sondes qu'il avoit fait, & desquelles il résultoit que l'on trouvoit véritablement quelques restes de maçonnerie recouverts de sable près des deux bords de la rivière à l'endroit où il y a eu toujours une barre un peu au-dessous de la ville d'Agde ; mais qu'à environ douze toises desdits bords, on ne trouvoit plus que du sable jusques à treize pieds de profondeur, qui est celle à laquelle on s'est borné d'enfoncer la sonde ; que la hauteur des basses eaux sur cette barre étoit d'environ neuf pieds, tandis qu'en 1780, cette hauteur n'avoit été trouvée que de sept pieds six pouces ; & que d'un autre côté, la traversée de cette barre qui étoit de cent vingt toises à cette précédente époque, n'étoit plus que de cent toises ; qu'ainsi la hauteur & la longueur du banc avoient diminué au lieu d'augmenter ; mais que l'accroissement considérable qu'a reçu l'embouchure du Grau, & la profondeur d'eau que l'on trouve partout dans la rivière, excepté à l'endroit ci-dessus énoncé, permettant aux bâtiments de mer de porter une charge qui les faisoit enfoncer d'environ onze pieds, il paroissoit convenable de donner à ces bâtimens la facilité d'arriver jusques au port d'Agde & d'en sortir avec toute leur charge, & que pour cela, il suffiroit de creuser à travers la barre un canal de dix toises de largeur, où l'on porteroit la profondeur d'eau à douze pieds au moyen d'un ponton qui étoit au Grau d'Agde depuis plusieurs années, & d'une depense d'environ six mille livres.
Que MM. les Commissaires ayant jugé ce travail nécessaire, le sieur Ducros fut chargé d'en dresser le devis & de le communiquer à l'entrepreneur des travaux du Grau, ce qui ayant été exécuté, ledit entrepreneur a fait une soumission par laquelle il s'oblige à faire les recreusements indiqués dans ledit devis, & à prendre à l'estimation, pour le rendre de même valeur à la fin de l'ouvrage, le ponton qui lui seroit prêté, moyennant le prix de neuf livres pour l'extraction & le transport de chaque toise cube de déblai ; que cette soumission ayant été acceptée, le ponton qu'on venoit de radouber à neuf au moyen d'une dépense de deux mille neuf cents soixante-dix-neuf livres deux sols six deniers, a été estimé huit mille cent soixante-onze livres cinq sols, l'entrepreneur s'en est chargé à ce prix, & il a commencé dans le mois de septembre de l'employer au recreusement déterminé dont il avoit fait environ la moitié vers le 20 du mois de novembre.
Qu'à cette époque, l'inspecteur a dressé le toisé provisionnel desdits recreusements & des pierres employées depuis le premier octobre précédent au surchargement des jetées, lequel toisé se porte à la somme de dix-neuf mille cent seize livres, à compte de laquelle il a été payé quinze mille livres.
Qu'après avoir pris connoissance de tous les détails dont il vient d'être rendu compte, & qui sont relatifs aux ouvrages faits cette année, la Commission ayant voulu s'occuper des effets des prolongements des jetées, le sieur Ducros lui a présenté les plans des sondes faites en 1786, & ceux des nouvelles sondes qui ont été faites depuis, pour continuer à constater les variations du fonds de la mer à l'extrémité des jetées, & pour tâcher de reconnoître le rapport de ces variations avec les crues de la rivière, les courants & les agitations de la mer, & les prolongements des jetées.
Que par l'inspection des sondes de 1786, MM. les Commissaires ont reconnu de nouveau que par l'effet des ouvrages faits jusqu'alors, la moindre hauteur de l'eau en dehors des jetées avoit été trouvée de neuf pieds trois pouces, aux mois d'octobre & de novembre, tandis qu'à la fin de 1785, elle n'étoit que d'environ six pieds. Qu'ensuite, en comparant la sonde du 8 novembre 1786 avec celle du 24 janvier 1787, ils ont vu que les vents très-violents d'est & de nord-est, qui avoient régné depuis le 12 jusqu'au 16 janvier, secondés d'une crue de la rivière, avoient procuré une augmentation de fond considérable en avant des jetées, puisque la moindre profondeur y étoit de douze pieds neuf pouces, & que généralement elle étoit au-dessus de quatorze pieds.
Qu'à l'époque du 23 février, après une crue considérable de l'Hérault, précédée & accompagnée du vent de sud-est, il fut reconnu par une nouvelle sonde qu'à quelques variations près, d'un point à un autre, le même fond s'étoit conservé au-dehors des jetées, mais qu'il avoit un peu diminué dans un petit espace, joignant le bord intérieur de la tête de la jetée de l'ouest, où il restoit cependant onze pieds d'eau au point le moins profond.
Que le vent d'est ayant soufflé depuis le 29 mars jusques au 10 avril, & la rivière ayant beaucoup grossi dans cet intervalle, une troisieme sonde faite le 11 dudit mois d'avril fit reconnoître que le fond avoit un peu diminué en dehors de la jetée de l'ouest, & même près du bord de ladite jetée, mais que dans cette dernière partie, le moindre fond d'eau étoit encore de dix pieds six pouces, & que du côté de l'est, il n'y avoit nulle part moins de douze pieds six pouces dans la rivière, ni moins de douze dans la mer en avant des jetées.
Qu'enfin, les nouveaux prolongements qu'on a faits cette année étant achevés, & le vent de sud-est ayant régné depuis le 12 septembre jusques au 14 octobre, le sieur Ducros a fait le 18 dudit mois une quatrième sonde, de laquelle il résulte que l'espace où la profondeur n'étoit déjà que de dix à douze pieds, joignant la jetée de l'ouest, s'est allongé & élargi ; mais que du côté de l'est le fond s'est au contraire un peu accru, la moindre profondeur ayant été trouvée de douze pieds six pouces, au lieu de douze pieds, & les sondes de treize pieds au-dessus étant plus nombreuses que précédemment.
Qu'en comparant les résultats de toutes les sondes faites depuis le 20 décembre 1785 jusques au 18 octobre dernier, on trouve qu'à mesure qu'on a prolongé les jetées, le banc de sable supposé à six pieds de profondeur, qui en 1785 s'avançoit dans la mer jusques à cent cinquante toises au-delà de l'extrémité de l'ancien môle de l'ouest, a été refoulé derrière le prolongement de ce môle, en sorte qu'à la fin de l'année dernière, il ne s'avançoit plus que de cent toises au-delà du même ancien môle, & qu'à présent il n'en est plus éloigné que d'environ quarante-cinq toises, ce qui est cinquante toises en arrière de l'extrémité actuelle de la jetée de l'ouest ; qu'enfin, le dernier résultat est qu'en décembre 1785 les bâtiments de mer ne pouvoient entrer dans la rivière d'Agde qu'avec un enfoncement d'environ six pieds trois pouces, qu'en novembre 1786 ils pouvoient charger jusques au-delà de neuf pieds d'enfoncement, & qu'aujourd'hui ils peuvent caler au-delà de douze pieds sans risquer de toucher.
Qu'après avoir ainsi rendu compte des ouvrages faits & de leurs succès, le sieur de Montferrier a ajouté que pour ce qui concerne les ouvrages qu'il peut être convenable de faire l'année prochaine, le sieur Ducros expose qu'à mesure qu'on prolonge les jetées, il se fait au-delà de leur extrémité, lors des premiers coups de vent de mer un peu forts, des affouillements qui se portent depuis quinze jusques à trente pieds de profondeur, & s'étendent sur trente à quarante toises en avant de la direction des jetées ; qu'il suit de là que si on ne fait chaque année que des prolongements de vingt-cinq à trente toises, comme on l'a fait celle-ci, on jette toujours dans une espece de puits qui engloutit une quantité immense de pierres ; que cet inconvénient qui a été inévitable pendant cette année & la précédente, parce qu'il a fallu travailler longtemps aux surchargements des jetées précédemment faites, le seroit de même l'année prochaine par la raison qu'il faudra surcharger & répaissir celles au moins qui viennent d'être faites, & que de plus, il sera convenable de travailler à bâtir les digues au-dessus des jetées faites en 1784 & 1785, ce qui absorbera encore une assez grande quantité de pierres ; que d'ailleurs les prolongements déjà exécutés, ayant procuré à l'embouchure du Grau une profondeur d'eau plus considérable que celle que l'on trouve dans la rivière, & le commerce jouissant ainsi pleinement de tous les avantages qu'il peut retirer de ce débouché, il ne peut y avoir aucun inconvénient à suspendre l'année prochaine tout nouveau prolongement, pour ne s'occuper qu'à perfectionner ceux qui sont déjà faits, & à bâtir les digues au-dessus des parties qui ont acquis de la consistance par un affaissement suffisant.
Qu'a l'exécution de ces travaux, il convient d'ajouter celle d'une nouvelle plantation de tamarins sur toutes les parties de la plage qui en seront susceptibles, & qu'il sera nécessaire encore de travailler aux réparations ordinaires pour l'entretien des digues & de leurs bermes, & d'achever le creusement du canal que l'on ouvre à travers la barre qui gêne la communication avec le port de la ville d'Agde.
Que la dépense pour l'exécution de ces divers travaux étant évaluée à environ soixante dix-huit mille livres, & y ayant en caisse quarante mille cinq cents dix-neuf livres quatre deniers, il paroît suffisant de prélever l'année prochaine la somme de quarante huit mille livres sur la remise du brevet militaire.
Que par tous les détails dont il vient d'être rendu compte, la Commission a reconnu que l'embouchure du Grau étant actuellement en bon état, il est important de travailler à perfectionner les jetées déjà faites, avant de se livrer à de nouveaux prolongements ; & en conséquence elle a été d'avis de proposer aux Etats de délibérer,
1°. Que l'on ne s'occupera l'année prochaine que de l'exécution des travaux proposés par le sieur Ducros, qu'il sera prélevé sur la remise du brevet militaire la somme de quarante-huit mille livres, qui avec celle de quarante mille cinq cents dix-neuf livres quatre deniers qui reste en caisse, sera destinée à la suite desdits travaux.
2°. Que le sieur Ducros remettra au Syndic-Général une copie des plans de toutes les sondes faites au Grau pour être déposés aux archives.
Ce qui a été ainsi délibéré. .
Economie |
17871224(06) |
Travaux publics |
Il sera prélevé 48 000 l. sur le brevet militaire pour, avec les 40 519 l. 4 d. restants, continuer l'aménagement du Grau d'Agde, dont les travaux déjà effectués ont permis à des navires d'assez gros tonnage d'atteindre désormais le port |
Action des Etats
Travaux publics et communications |
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Indemnisations et calamités |
17871224(06) |
Catastrophes |
Des coups de mer de la plus grande violence et tels qu'on n'en avait pas éprouvé de pareils depuis 1740 se sont produits les 12, 13 et 14 janvier 1787, sans éprouver les nouvelles jetées du Grau d'Agde ; état des intempéries de janvier à octobre |
Action des Etats
Catastrophes et misères |
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Désordres |
17871224(06) |
Abus de particuliers |
Un garde à bandoulière a été établi par ordonnance de l'intendant pour veiller sur les plantations de tamaris des plages d'Agde attaquées par les troupeaux et sur les digues et jetées dégradées par les pêcheurs |
Action des Etats
Affaires militaires et ordre public |
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Archives |
17871224(06) |
Archives de la province |
Les plans de toutes les sondes faites au Grau d'Agde lors des récents travaux (évolution des fonds en fonction de la direction des vents) seront déposés aux archives de la province |
Eléments concernant l'assemblée, ses membres et son fonctionnement
Institutions et privilèges de la province |
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