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Discours/Cérémonie
Discours d'un membre des Etats - E16491001(2)
Nature |
Discours d'un membre des Etats |
Code du discours/geste |
E16491001(2) |
CODE de la session |
16490601 |
Date |
01/10/1649 |
Cote de la source |
C 7201 |
Folio |
82v-83v |
Espace occupé |
2,66 p. |
Locuteur
Titre |
Monseigneur |
Nom |
np |
Prénom |
np |
Fonction |
Archevêque de Narbonne |
Texte :
Monseigneur l'archevesque de Narbonne, presidant aux estatz, leur a repondu :
Messieurs, nous serions surpris a la veue et a l'aspect d'une deputa(ti)on si celebre, ramplie de personnes si illustres, emanée et detachée d'un corps si eminant, si nous ne connoissions par experiance la bonté, la generosité et la tandresse de ceux qui la composent.
Lesquelz, ne se contentant pas de randre la justice comme ilz font très exactemant dans le lieu qui leur a esté destiné et assigné pour cet effet, ont bien daigné et ont eu agreable de descendre en quelque façon de leur throsne, et faisant l'honneur a cette compagnie assamblée pour veilher et soigner aux interestz de la province, venir a nous comme aux procureurs et aux tuteurs des peuples et habitans d'icelle et icy publiquemant nous assurer de leur bienveillance, de leur protection et de leur bonne et exacte justice, nous excitant par cette charitable et honnorable visite a voir et esplucher exactemant ce que nous pouvons et devons faire dans les occasions très pressantes et très importantes qui se p(resa)ntent journellemant dans les temps calamiteux ou nous sommes.
Affin que soignant les interestz du Roy comme nous y sommes obligez et nous passionnant pour son service, nous tachions par mesme moyen de conserver et maintenir le pauvre peuple dans ses immunitez et franchises, relever sa foiblesse et descouvrir les maux, les oppressions et les violances que quelques particuliers mal affectionnez au bien public et entieremant abandonnez a leur avarice luy font souffrir impunemant contre toutte sorte de raison et de justice.
Les empereurs romains avoient accoutumé d'envoyer leurs images par toutte l'estandue de leur empire, images que les peuples recevoient comme leur propre Majesté, ne les abordant jamais qu'avec des grands respects, des flambeaux allumez et de l'encens et toute sorte de plus excellans parfums qu'ilz pouvoient recouvrer, et cela faisoient ils, ainsy que l'histoire le marque, pour laisser dans tous leurs estatz un rayon de cette authorité qui tient les peuples dans le respect, qui rompt les factions, qui empeche les insolances, les entreprizes et indeues vexations et qui enseigne par je ne scay quelle vertu le devoir a un chacun.
Nos Roys ont fait la même chose, mais ils n'ont pas voulu a la verité que le marbre, les pierres ny les images materielles portassent le caractere de leur Majesté ny ne tinssent leur place parmy leurs peuples, mais bien que ce fussent ceux qui se trouveroient entre leurs sujetz les plus irreprochables et entre les hommes les plus integres et les plus estimés.
Lesquelz ils ont choisi et mis a leur place comme les juges de tous nos differants, comme l'azile de tous les affligez et comme les medecins de touttes les maladies des provinces ou ils se trouvent establis, multitudo sapientium sanitas est orbis terrarum, dict le sage Salomon.
Vostre Senat, Messieurs, est composé de ces grandz hommes que Dieu a destiné et que nos Roys ont choisi pour tenir leur place et estre leurs veritable images dans toutte l'estandue de cette province, et par consequant les anges tutelaires des peuples et des habitans d'icelle, parmy lesquelz vous, Messieurs, exercez avec tant de probité, d'equité, de capacité et d'exactitude cette justice que vous tenés comme un depos sacré de Leurs Majestés,
Que nous pouvons dire (et il est vray) que pendant les derniers desordres et mouvemans qui ont agité et qui [ont] causé une esmotion quasi generale dans tout le Royaume, vous, Messieurs, par vostre prudante et sage conduitte, avez contenu les peuples de ces contrées dans les respects, soumissions, services et obeissances que tous bons et veritables sujetz doivent naturellemant et sont obligez en conscience de randre a leur Roy, a leur souverain et a leur prince.
Cela est une verité qui ne peut estre revoquée en doute et laquelle toute la France voire mesme toute l'Europe et comme de tous les costés et endroits de laquelle on a accouru autrefois pour venir vous saluer et reverer vostre auguste senat, tant vôtre companie, Messieurs, a toujours esté celebre et dans une possession immemoriale dans laquelle elle se maintient hautemant d'avoir chez elle de si grands hommes et de si grandz genies que les nations estrangeres très souvant y ont eu recours comme a des oracles, lesquelz ils sont venus consulter sur touttes leurs plus grandes et plus importantes affaires.
Nous donc avons raison de nous extimer très heureux de posseder et d'avoir chés nous un tresor si precieux et si bienfaisant, d'avoir, dis je, dans cette province une cour souveraine ramplie de ces grands hommes, lesquelz nous pouvons consulter tous les jours et a toutte heure, voire mesme eux, prevenantz nos desirs, nos besoins et nos necessités, viennent a nous et nous offrent charitablemant et agreablemant les remedes salutaires aux maux que nous soufrons et aux violances qui nous opriment.
Tout ce que nous pouvons presantemant dire a vous, Messieurs, qui estes icy l'abregé illustre de cette souveraine et auguste cour, pour reconnoistrre en quelque façon et sellon nostre foiblesse l'honneur qu'il vous a pleu de nous faire et si gracieusemant departir, c'e[s]t que nous pouvons vous assurer d'une verité qui est que nous conserverons cheremant pour jamais le souvenir d'une telle grace et d'un bienfait si obligeant, et tâcherons par nos respectz et par noz services de meriter la continua(ti)on de l'honneur de vôtre bienveilhance, de vôtre protection et de voz affections ordinaires.