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Discours/Cérémonie
Discours de l'un des commissaires du roi - E16620103(02)
Nature |
Discours de l'un des commissaires du roi |
Code du discours/geste |
E16620103(02) |
CODE de la session |
16620103 |
Date |
03/01/1662 |
Cote de la source |
C 7132 |
Folio |
1v-3v |
Espace occupé |
2,7 |
Locuteur
Titre |
Monseigneur le prince de Conti |
Nom |
np |
Prénom |
np |
Fonction |
np |
Texte :
Monseigneur le prince de Conty auroit ordonné la lecture des commissions, laquelle a esté faite par M(aistr)e Jean Pujol, greffier pour le Roy auxd. Estatz, et ensuitte Mond. seigneur le prince de Conty a dit :
Messieurs,
Ceux qui se trouvent engagez de parler dans les assamblées ne sont jamais plus heureux que lorsque les evenemens publiqs leur fournissent quelque matiere nouvelle et agreable pour en entretenir leurs auditeurs, ce qu'elle a de nouveau, satisfaisant leur curiositté, se concilie aussy leur attention, et ce qu'elle a agreable, remplissant leurs desirs et leur esperance, leur faict recevoir avec applaudissement tout ce qu'on veust leur insinuer.
C'est l'advantage, Messieurs, que j'ay pardessus ceux qui m'ont precedé dans la place que j'occupe aujourd'huy et que j'ay sur moy mesme, car lorsque l'on exposoit a vos yeux la suitte d'une guerre qui vous espuisoit despuis si longtemps, que pouvoit on vous dire qui eust la grace de la nouveauté, et quoy que les triumphes du Roy fissent tous les ans le sujet de vos admirations et de vostre complaisance, ces biens estoint ensevelis soubz tant d'amertume que, n'exittant pas dans l'ame une joye pure et sans meslange, ils ne merittoint pas le tiltre d'agreable.
Mais aujourd'huy, Messieurs, que j'ay a vous parler d'un Roy qui, apprès avoir estandu par ses conquestes les bornes de son Empire bien au dela de ce qu'il avoit receu de ses peres, se resoud a vingt trois ans de se consacrer tout entier aux affaires de son Royaume et au repos de ses peuples, restablir la justice, retrancher les abus qui s'estoint glissez dans les finances et donner tout son temps a remettre touttes les parties de son estat dans leur scituation naturelle et a bannir de tous les ordres le trouble et la confusion, que pouvés vous jamais attendre ni de plus nouveau ni de plus agreable.
Il faudroit une capacitté bien supperieure a la mienne et beaucoup plus de temps que ma proffession ne me permet d'en employer a ce discours pour vous bien faire le portrait des qualittés eminantes que le Roy nous descouvre tous les jours dans l'administration des affaires les plus difficilles, ainsi je crois que, me joignant au respect de toutte l'Europpe, je ne puis vous represanter sa gloire aveq une expression plus pompeuse et plus verittable tout ensemble qu'en disant de nostre monarque ce que l'escripture sainte a bien vouleu dire d'Alexandre Et siluit terra in conspectu ejus, toutte la terre, voyant des chozes si grandes, est attentive a touttes ses demarches, et cepandant elle demeure dans le silence et dans l'estonnement.
Vos deputtez qui reviennent dans ceste province comblés des marques de sa bienveillance vous ont sans doute entretenus dans les conversations particulieres des soings infatigables qu'il prand pour establir la felicitté de ses subjets, et nous avons veu son application si continuelle aux affaires de son Royaume que nous pouvons dire avec cest ancien ex quo se Caesar orbi terrarum dedicavit sibi eripuit, que le Roy n'est plus a luy mesme despuis qu'il s'est donné a son Estat et qu'il s'est tellement revestu de la Republique qu'il ne peut plus s'en despouiller, apprès cella, Messieurs, que pouvés vous luy donner qui soit digne du present qu'il vous fait et commant pouvez vous proportionner les vostres aux bienfaits singuliers qu'il verse sur un corps dont vous estes un membre des plus considerables ; Sa Majesté, qui ne vous fait des demandes que pour les employer a vostre propre soustien, cognoissant parfaittement les bezoins de son Estat et les necessittés de ses peuples, veut satisfaire aux uns sans augmenter les autres, et trouvant ce juste temperamment que sa bonté et sa justice lui inspirent, elle s'asseure que les estatz apporteront une parfaitte soumission a tous ses ordres que je vous fairay entendre aussy tost que ceste assamblée sera toutaffet formée, Monsieur de Bezons vous les expliquera plus au long, et cepandant j'espere que vous me fairés la justice de continuer dans la persuasion dans laquelle vous avés esté jusques a ceste heure de la passion verittable que j'ay pour tous les intheretz de ceste compagnie.