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Délibération 17811231(13)



Nature Délibération en séance plénière
Code de la délibération 17811231(13)
CODE de la session 17811129
Date 31/12/1781
Cote de la source C 7617
Folio 366-369
Espace occupé 3,5

Texte :

Monseigneur l'évêque de Montpellier a dit : Que le syndic du diocese d'Alais représente aux Etats que les chemins d'Alais à Montpellier & d'Alais à Nismes sont traversés l'un par le Gardon d'Anduse & l'autre par cette même rivière & par le Gardon d'Alais, réunis ensemble entre le village de Tavernes dans la communauté de Ribaute, diocese d'Alais, & le lieu de Ners dans le diocese d'Uzès.
La première de ces deux routes sert non-seulement à la communication réciproque des villes d'Alais & de Montpellier, mais encore à celles de lad. ville d'Alais avec les villes de Sommières & de Lunel ; & sous ce dernier point de vue, cette route est peut-être encore plus intéressante que sous le premier. Le commerce des petites draperies & celui des cuirs & des peaux, dont la principale vente se fait également aux marchés & aux foires de Sommières, établissent en effet entre cette ville & celle d'Alais les relations les plus journalières & les plus essentielles ; & à l'égard de la ville de Lunel, pour juger de l'importance de ses rapports avec Alais, il suffit de savoir que Lunel est l'entrepôt de tous les bleds qui se consomment dans les Sévennes, dont les habitants ne recueillent pas la douzième partie de ceux qui leur sont nécessaires ; c'est aussi de Lunel que viennent tous les sels qui sont vendus au grenier d'Alais, & que de son côté, & indépendamment des châtaignes que les Sévennes fournissent, la ville d'Alais fait voiturer la majeure partie des charbons de terre qui sont extraits des mines de son voisinage au port de Lunel, d'où ces charbons sont transportés par eau, non-seulement à Montpellier, à Sette, & dans les autres villes du Bas-Languedoc, mais encore jusques à Marseille & dans les autres ports de la Province.
La route d'Alais à Nismes n'est pas moins intéressante pour la ville d'Alais & pour tous les districts qui l'avoisinnent ; & cela, soit relativement à l'exportation des châtaignes & du charbon de terre, soit par rapport au commerce des soies & soieries, qui est d'autant-plus considérable que la plupart des soies des Sévennes & du Vivarais sont vendues aux foires d'Alais ; soit enfin, eu égard aux relations malheureusement trop fréquentes & trop nécessaires qui existent entre la ville de Nismes, comme étant le siège d'une sénéchaussée & d'un présidial très-étendu, & les lieux qui ressortissent à ce double tribunal.
Mais ce n'est pas à la seule ville d'Alais & aux communautés du voisinage que sont bornés les avantages que le public retire & peut retirer des deux routes dont on vient de parler. La ville d'Alais est le point où se réunissent les deux différents chemins par lesquels se fait la communication de la ville du Puy & du Vélai avec les villes de Nismes & de Montpellier & avec le Bas-Languedoc. Sur l'un de ces chemins qui traverse une partie de Gévaudan & des Hautes-Sévennes se trouvent les villes de Langogne & de Villefort, & les gros bourgs de Genolhac, Chamborigaud & Portes ; & sur l'autre desdits chemins, qui traverse une partie du Vivarais & des Basses-Sévennes, sont les villes d'Aubenas, Joyeuse & St. Ambroix.
Toutes ces différentes villes & tous les lieux d'alentour ont donc le plus grand intérêt aux chemins d'Alais à Nismes & d'Alais à Montpellier ; mais aucunes d'elles n'y est plus formellement intéressée que la ville de St. Ambroix, dont l'approvisionnement en bled se fait presque exclusivement à Lunel, & qui exporte, surtout par ces deux routes, toutes les châtaignes que son territoire produit en abondance.
Tous ces intérêts majeurs se réunissent pour solliciter la construction d'un pont sur le Gardon qui, en assurant dans tous les temps la libre communication entre le Bas-Languedoc, la ville d'Alais & les contrées supérieures, mette le commerce à l'abri des interruptions que les crues du Gardon occasionnent fréquemment, & de tous les accidents fâcheux que l'on voit arriver journellement au passage de cette rivière sur les chemins d'Alais à Montpellier & d'Alais à Nismes.
Monseigneur l'archevêque de Narbonne, qui a parcouru deux fois les Sévennes, a senti la nécessité de la construction de ce pont, qui peut servir à la fois aux deux routes de Nismes & de Montpellier, & son œil pénétrant en a saisi & marqué l'emplacement auprès du village des Tavernes.
L'assiette du diocese s'est occupée des moyens d'exécuter ce projet ; elle a fait faire à ses frais des sondes dispendieuses pour fixer l'emplacement du pont & en dresser le devis estimatif, & elle a en même temps chargé le syndic du diocese de présenter un mémoire aux Etats pour les supplier de vouloir bien ordonner la construction de ce pont, & pour offrir au nom du diocese de contribuer à la dépense pour un double préciput de son chef, & pour un autre double préciput du chef de la sénéchaussée.
Cependant, le sieur Gautarel, Directeur des travaux-publics du diocese, a cherché avec soin & reconnu exactement l'emplacement du pont ; il l'a fait sonder sur toute sa longueur ; il a levé le plan de tous les environs ; & d'après toutes ces différentes opérations préliminaires, il a formé son projet : il en résulte que le pont doit être placé à cent dix-huit toises au-dessous du moulin des Tavernes, vis-à-vis du château de Massanes ; qu'il doit être composé de sept arches de soixante pieds chacune d'ouverture ; que sa longueur totale sera de quatre-vingt-dix toises, & sa largeur de quatre toises d'un nud de tête à l'autre ; qu'il sera assis sur le rocher, reconnu par les sondes qui ont été faites à dix pieds trois pouces au-dessous des basses eaux ; que cette profondeur d'eau peut être réduite facilement à cinq pieds, au moyen d'une ouverture pratiquée à la chaussée du moulin de Cassagnole, qui est à cent trente toises au-dessous de l'emplacement du pont, en sorte que la profondeur de l'eau à épuiser pour établir le pont sur le rocher se réduira à environ cinq pieds ; que les fondements auront dix pieds de profondeur au-dessous des basses eaux, & les pieds-droits quatre pieds trois pouces de hauteur sur ces mêmes basses eaux ; que les arches seront surbaissées du tiers de leur plein ceintre ; qu'entre le pont & le château de Massanes, il sera nécessaire de construire une chaussée d'environ deux cents trente toises de longueur ; & que la dépense de la construction du pont se portera à deux cents quatre-vingt-quatre mille sept cents quatre livres, & celle de la chaussée à cent vingt-deux mille deux cents quatre-vingt-une livres, ce qui donnera la somme totale de quatre cents six mille neuf cents quatre-vingt-cinq livres.
Tels sont les résultats généraux des opérations qui ont été faites ; & le diocese d'Alais espere que les Etats voudront bien faire pour le pont des Tavernes ce qu'ils ont fait pour ceux d'Ardeche, d'Hérépian, de Mirepoix, de Gignac, de Lavaur & autres semblables ; ledit diocese d'Alais offrant d'ailleurs, comme on l'a vu, de doubler les différents préciputs pour lesquels il devra contribuer à la dépense de ce pont.
Ledit diocese représente enfin, par un mémoire subséquent, qu'il seroit possible dès-à-présent de s'occuper des ouvrages nécessaires pour jeter & élever les fondements dudit pont jusques à la naissance des arches, & qu'on pourroit subvenir à cette dépense, qui est évaluée à cent trois mille huit cents quatre-vingt-une livres, au moyen des doubles préciputs dudit diocese & celui du diocese de Nismes, & d'un emprunt de soixante mille livres que les Etats pourroient délibérer, & dont le diocese supporteroit les intérêts jusqu'à ce que des temps plus heureux permissent à la Province d'y appliquer un fonds de remboursement.
MM. les Commissaires n'ont pu se refuser à l'évidence de l'utilité & de la nécessité du pont dont il s'agit ; mais il leur a paru que les Etats, déjà engagés dans des dépenses énormes pour les ponts de Gignac, de Mirepoix & autres, ne sauroient trouver aujourd'hui des ressources suffisantes pour cette nouvelle entreprise, dont l'exécution dispendieuse exigera des moyens au-dessus de leurs forces actuelles.
Qu’il y a d'ailleurs un préalable nécessaire à remplir, lequel consiste à charger le Directeur des travaux-publics de la Province de vérifier l'emplacement projeté pour le pont & d'en dresser les plans, projets, devis & détails estimatifs, pour le tout être remis sous les yeux des Etats.
Sur quoi il a été délibéré,
1°. En reconnoissant l'utilité & la nécessité du pont du Gardon, de charger MM. les députés à la Cour de solliciter auprès du Roi des secours abondants, sans lesquels les Etats ne sauroient se livrer à une entreprise aussi dispendieuse qu'importante.
2°. De charger le sieur Grangent de vérifier dans le cours de l'année l'emplacement projeté pour ledit pont, & d'en dresser les plans, projets, devis & détails estimatifs, pour le tout rapporté aux Etats dans leur prochaine assemblée, ainsi que les délibérations qui auront été prises par les assiettes d'Alais & de Nismes, & d'après le résultat des sollicitations de MM. les députés à la Cour, être par eux déterminé ce qu'il appartiendra.

Economie 17811231(13)
Travaux publics
Les Etats, conscients du vrai intérêt pour le commerce des villes d'Alès, Nîmes & Montpellier d'un pont sur le Gardon à Alès, l'estiment trop dispendieux en un temps de dépenses énormes pour les ponts de Gignac & Mirepoix mais demandent un plan & devis Action des Etats

Travaux publics et communications

Economie 17811231(13)
Commerce
En sollicitant l'aide des Etats pour la construction d'un pont sur le Gardon à Alès, le mémoire du syndic du diocèse d'Alès donne un tableau précis du commerce d'importation, d'exportation et de transit passant par Alès, Nîmes, Montpellier Action des Etats

Agriculture, élevage, commerce, industrie

Doléances mentionnées dans les délibérations 17811231(13)
Travaux publics
Les députés à la Cour solliciteront les secours du roi, nécessaires pour que les Etats entreprennent la construction aussi dispendieuse qu'utile d'un pont sur le Gardon à Alès Action des Etats

Travaux publics et communications