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Discours/Cérémonie
Discours d'un membre des Etats - E16491115(1)
| Nature |
Discours d'un membre des Etats |
| Code du discours/geste |
E16491115(1) |
| CODE de la session |
16490601 |
| Date |
15/11/1649 |
| Cote de la source |
C 7201 |
| Folio |
100r-100v |
| Espace occupé |
1,33 p. |
Locuteur
| Titre |
Sieur |
| Nom |
Fayn, du |
| Prénom |
np |
| Fonction |
Syndic du Vivarais |
Texte :
Le sieur du Fayn, scindic du Vivarez, a dit :
Messeigneurs, les premiers rayons du soleilh en son orient sont si foibles qu'ilz ne peuvent pas percer les moindres vapeurs en l'horizon, c'est par degrés qu'il monte a son point vertical ou estant arrivé sa chaleur transperce les rochers et penetre les fondemants des plus hautes montaignes pour y produyre les metaux et parcourir ainsin l'univers, les premiers ouvrages de la nature ne sont bonnemant que des essays, l'escriture parlant des opera(ti)ons divines dit que Dieu ne s'occupe sur la terre que pour luy donner une face toutte nouvelle puisque la nouveauté est l'objet de sa complaisance, quand l'arche d'alliance revint de la captivité des Filistins il ordonna que le char de son triomphe fut construit de bois neuf, le bois vieux n'est point propre au feu des sacrifices de Dieu, a sa Majesté adorable, ceux qui sont appellez aux charges publiques au printemps de leur aage ne sont jamais abandonnés dans l'ambarrassemant des affaires, Dieu leur donne le sens a point nommé, les tient par la main, les benit, les conduit a travers les plus grandz difficultez de clarté en clarté jusques a la lumiere de la gloire qui ne recoit point d'accroissemant, eslevée sur [deux lignes en blanc].
Messeigneurs, il est meshuy temps que je panse a faire retraitte, me despouilher du soing des affaires pour me mettre en repos et ne songer qu'au momant duquel depend l'eternité, cette separa(ti)on dure a souffrir se randroit inconsolable si elle n'estoit adoucye par la satisfation qui me reste de vous laisser mon filz pour continuer de servir le public, je l'ay eslevé aux lettres et aux sciances, il a le talent meilheur que moy et s'en aquitera mieux que je n'ay pas fait a l'example de son ayeul qui durant le regne de quatre Roys a randu ses longs et fidelles services a la province, et moy depuis quarante cinq ans, non toûjours comme scindic du Vivarez, mais [ayant] occupé les premieres places parmy les envoyez de la noblesse, et depuis l'an [mil] six cens quinze comme subrogé de feu Monsieur de Fayn, mon pere, par delibera(ti)on et procura(ti)on du dioceze, depuis [mil] six cens vingt un apprès sa mort comme scindic en chef. Je suys marry, Messeigneurs, d'avoir si longuemant ramply la place d'un plus habille homme, mais je n'ay jamais fait faute en la politique. Pourveu que mon successeur regarde Dieu en son ministere, le service du Roy, le bien de la Province et le soulagemant du peuple dont il est procureur, Dieu le benira en sorte que cette grande, auguste et celebre assamblée en demeurera plainemant satisfaite, ce sont mes vœux plus passionnez. Mais comme l'on ne quitte jamais sans regret ce qu'on a possedé avec amour, vous voyez, Messeigneurs, mon cœur brizé d'affliction et desplaisir de m'en separer, puisque vous m'avés fait l'honneur de m'y recevoir par les seulz excès de votre bonté sans aucun merite de ma part et conservé si longuemant par les traitz de voz bontés et singuliere bienveillance, mais ou que je soys je me resouviendray dans ma solitude de vos graces et de vos biensfaitz pour dresser vœux et prieres au ciel continuelles pour l'accroissemant de vos prosperitez et glorieuse subsistance dans l'esclat d'une splandeur et renommée infinie en quallité de vostre très humble, très fidelle et très obeyssant serviteur.
